
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
22 décembre 2011
Tout ce que la mort ôtera est dans la nuit du miroir. Gammes, ornements, accords préférés, répétés à l’envi. Une note en équilibre sur une corde, voilà comment écrit Quignard, travaillée de l’intérieur, à la manière de Sainte-Colombe. Phrase épurée, retenue, apodose vite fermée. Ainsi la mort s’insinue-t-elle dans la cadence, dans le temps. « Tous les matins du monde sont sans retour. » Paroles de vieux, de jeunes vieux, regard tournant orphique qui replonge dans les enfers les tourments amoureux.
Tous les matins du monde est un roman sur l’amour, sur la mort, et leur lien : la musique. La 7ème corde que Monsieur de Sainte-Colombe a ajouté à sa viole, et qu’il fait vibrer avec tant de soin, apporte une teinte plus mélancolique qui la rapproche de la voix humaine. Le quasi janséniste joue pour des fantômes : le fantôme de sa femme bien aimée et disparue. Amour pur, éthéré, au-delà de la mort, Visitation.
Telle est la dernière leçon que Monsieur de Sainte-Colombe donne au jeune Mari Marais : « Que recherchez-vous, Monsieur, dans la musique ? - Je cherche les regrets et les pleurs. » « La musique est simplement là pour parler de ce dont la parole ne peut parler, En ce sens elle n’est pas tout à fait humaine. » Et le Maître va plus loin : « Je crois qu’il faut laisser un verre aux morts... Un petit abreuvoir pour ceux que le langage a désertés. Pour l’ombre des enfants. »
Monsieur de Sainte-Colombe s’est refusé de jouer devant le Roi, de se complaire à la comédie de la Cour. De nos jours, les situations sont inversées : mais le résultat est le même, combien de musiciens sensibles et talentueux se produisent dans l’indifférence quasi générale. Nobody No Name, groupe de banlieue parisienne, autour de son guitariste, un jeune Satriani, avec toute la virtuosité et l’invention mélodique que la comparaison suppose : où est-il passé à présent ? Aucune trace. Pourquoi les pouvoirs publics n’ont-ils pas commande à Eric Ossau, le guitariste au doigt coupé de Biarritz, un enregistrement de reprises, avec Hey Joe en première ligne ?
La fille du Maître, Monsieur de Sainte-Colombe, Tomette est séduite par le jeune élève douée de son père. Elle en tombera enceinte, le jeune homme s’en détourne attiré par les feux du Palais de Versailles, trompée elle en mourra, suicidée. Avant de partir, elle demandera à voir le « musiqueur » du Roi. Elle « tendit l’étoffe de sa chemise de dessous, la lui montra, la lui mit entre les doigts, lui disant : "L’amour que tu me portais n’était pas plus gros que cet ourlet de ma chemise" ».
De part et d’autre dans la famille, que ce soit avec Monsieur de Sainte Colombe ou sa fille : l’amour se prolonge jusque dans la mort, par la déception ou son aboutissement. L’amour dans sa confrontation avec la solitude, inassouvi et orphelin, prend un visage terrible. Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain n’avait rien de fabuleux ; si le film a tant touché les spectateurs en France, c’est parce qu’il décrivait avec une grande intensité le phénomène de société de l’extrême solitude des grandes villes. Il y évoquait ses corollaires : le suicide direct (du haut des tours de Notre-Dame) et indirect (bien plus nombreux) avec la difficulté de se vivre. Aujourd’hui, une étude montre que les femmes pensent plus au suicide, et les hommes le ratent moins. Presque un décès sur 50 en France est un suicide. Il est déclaré « catastrophe quotidienne » par les autorités. A partir de combien de visions de saut dans le vide, finit-on par passer à l’acte : vingt, cent, deux cents fois ? Quand on commence à se voir s’arrêter sur la 4 voies sur le pont de la Grande Ravine, feux de détresse, mimant une panne, sortir de la voiture, enjamber le parapet, regarder devant, regarder derrière, le paysage alentour, pour inspirer une dernière fois et lâcher prise, en fermant les yeux, il vaut mieux ne pas attendre et passer aux cachets.
Dès que votre esprit commence à susciter pareilles histoires : « Il était une fois un roi cruel qui chaque nuit faisait des cauchemars. Un soir, n’en pouvant plus, ii appelle son bourreau qui ne sait dire que Oui, et lui dit : Tue-moi si je me rendors ! », il vaut mieux prendre ses précautions, car vous allez bientôt vous rendre compte avec effarement que le roi et le bourreau, c’est votre image, c’est l’image que vous avez de vous-même !
A La Réunion, 91 suicides ont été recensés en moyenne chaque année entre 2005 et 2007. Suicides d’amour, de solitude, de détresse... Combien à prévoir en cette période qui s’annonce, années de misères ? Combien de détresses psychologiques, financières, familiales se cachent encore derrière une façade de fierté ? Et quand elle se fissure, ça fait comme un miroir qui vole en éclat.
Adolescent, un de mes copains avait tout donné pour une jeune fille belle comme le jour. Une de ces filles qui fait basculer le cœur. Après plusieurs années ensemble, la fille l’a quitté ; il ne lui restait rien qu’une petite formation sans avenir. Alors, il l’a appelée, il lui a dit : « j’ai un cadeau pour toi. » Simplement. Et il a raccroché. Son père l’a retrouvé mort par terre baignant dans son sang. Il s’était tiré une balle dans la tête. Le cadeau d’amour, c’était sa vie. Ou plutôt sa mort. Cadeau empoisonné. Cette histoire pour tous ses proches n’a pas été sans laisser de traces le sifflement de la balle se fait encore entendre de temps à autre dans les couloirs désaffectés de mon être.
Jean-Charles Angrand
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