
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
12 juillet 2012
Le lecteur se montre généralement ravi du tour de force in cauda d’un Hugo : cette façon de clore les phrases, de les ramasser, de terminer les paragraphes par un raccourcis, une formule, une pointe, façon de rajouter du point au point, de glorifier la ponctuation forte. Auguste Rodin a admirablement rendu ces effets de style dans la réalisation de la statue du romancier que l’on voit surplombé par le Rêve, taudis qu’il allonge, tout en muscles, une main protectrice.
Aux antipodes, la manière d’Alain-Fournier. Le romancier de la Sologne cherche la finesse du point, il ose terminer lentement, par une suspension, une expression ouverte. Loin de l’éclat hugolien, sa phrase est toute tournée vers un clair-obscur du sens, ce que théorise un narrateur plus passif qu’actif, il faut le souligner : « Elle [est évoqué le personnage ange du roman] prononçait chaque mot d’un ton uniforme, en appuyant de la même façon sur chacun, mais en disant plus doucement le dernier... » Façon de mettre en valeur la part d’indécision des mots et leur charge de rêve, façon d’être au monde aussi, s’excusant du peu de réalité de soi-même devant un univers qui ne nous ressemble pas.
Fitzgerald, évoquant une conversation avec Hemingway, disait rejoindre son confrère dans une conception de la fin écrite comme « mort lente », préférable à toutes autres. C’est un peu de la vision d’Alain Fournier qu’ils partagent, anti-Alexandre domptant la ligne-Bucéphale en la faisant progresser en direction de l’ombre.
S’il fallait avoir recours à une formule pour dire cette opposition de styles par l’exercice de l’écriture même, je dirais : De temps en temps, il faut aller jusqu’au bout de la ligne, de temps en temps, c’est la ligne qui doit aller jusqu’au bout de vous.
Alain-Fournier est amené à faire preuve, par ce parti-pris esthétique, non d’une imagination de surface, mais d’une imagination profonde, musicale, contrapuntique, emprunte de détails significatifs. Prenons la description du Vieux-Nançais : « Les maisons de ce viIlage où l’on entrait en passant sur un petit pont de bois étaient toutes alignées au bord d’un fossé qui descendait la rue ». En chaque mot de la phrase, qui sert à décrire le village, le romancier fait voir une maison ; et cette phrase, comme la rue qu’elle présente suit la pente, celle de l’intonation, et le point vient symboliser la fin du bourg. En chaque blanc, les jardins mitoyens, et nous aimons en descendre l’unique rue y admirer chaque mot-bâtisse qui la compose...
La lanterne magique que fait tourner Alain-Fournier, et qui fait précisément la dynamique de l’oeuvre, éclaire tour à tour une partie opposite du monde pour l’inscrire dans une sensibilité particulière : aspect merveilleux de l’expérience enfantine, puis l’aspect froid et utilitariste de l’âge adulte. Entre les deux, perdus dans cette ambivalence, des adolescents en déplacement constant. Le critique Daniel Lewers le dit avec une remarquable clarté : « L’adolescence n’est-elle pas, dans l’optique d’Alain-Fournier, ce moment privilégié où, à l’orée de l’âge adulte, il convient de vivre enfin les rêves menacés de l’enfance ? ». Il poursuit, plus loin : « Pour l’auteur, l’enfant est de plain-pied avec la merveille à laquelle il adhère sans discussion. Mais revécue par l’adolescent, l’enfance se pare d’une angoissante précarité et bascule facilement dans la profondeur qui touche les mystères et qui n’est autre que le sentiment de la mort intimement mêlé au sentiment d’amour ».
Si cette lampe de porcelaine ressemble à un visage, c’est bien celui d’Yvonne de Galais. La dynamique du roman tient à ce que cette lanterne tourne d’abord lentement, qu’elle éclaire avec des lumières franches le pensionnat, le Grand Meaulnes, l’étude, la disparition du Grand Meaulnes, l’attente, etc. tour à tour met en lumière le merveilleux de l’existence puis sa version adulte du travail et de l’utilité. Entre les deux, l’amour, et le spectre de la mort qui n’est autre que la perte de l’amour.
À mesure que se poursuit le roman, ce mouvement de rotation va s’accélérant, atténuant les couleurs, et au terme du roman, dans sa dernière partie, les teintes opposées vont finir par se mélanger. Et c’est plus qu’une esthétique de l’entre-deux, c’est une mystique de l’entre-deux, que développe le récit.
La constante qui lie ces deux aspects du monde interrogés par l’adolescence, c’est ce Pierrot qui bondit de chapitres en chapitres, poursuivant les enfants dans une folle poursuite, qui disparaît et réapparaît en fantôme.
Le Grand Meaulnes a ceci d’indispensable pour un adolescent qu’il peut aider à cette prise de conscience de la construction du moi, indispensable en cela qu’il permet de regarder à la fois en arrière, vers l’enfance à quitter ; et devant, vers l’âge adulte, l’espace à se construire, en y intégrant les sentiments de l’amour, et de la solitude (qui n’est autre que le revers de l’amour) qui, aussi, doit être enchantée. Ce grand roman d’initiation montre à travers ses personnages qu’il est nécessaire pour l’adolescent de s’écarter de la tentation de la mort, si présente à cet âge.
L’ennui est que, sous l’impulsion des nouveaux médias, des nouvelles technologies, l’enfance s’est trouvée plus en plus réduite et qu’aujourd’hui les enfants deviennent adultes trop tôt et forcément de manière immature.
Jean-Charles Angrand
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