
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
C’en est trope !
15 décembre 2011
Sachons gré à l’Afrique, à l’Asie et à l’Amérique, à leurs peuples d’avoir su nous décoloniser, c’est-à-dire d’avoir extirpé en nous, par une opération sanglante, le colon tout casqué qui restait en nous-mêmes.
Les Malgaches ont endossé une responsabilité majeure dans ce processus ; l’insurrection du 29 mars 1947, qui dura 21 mois, y tient une grande place. Le tabataba, qu’on peut traduire à la fois par rumeur et révolte, a fait des dizaines de milliers de morts. Un grand nombre de ses combattants massacrés restèrent sans sépulture, jetés dans des fosses communes, abandonnés en forêt, sans être drapés de la toge des ancêtres, faisant pour la pensée malgache d’éternelles âmes errantes, ce qui fit aussi que nombreux seront les descendants qui ne voudront plus quitter ce monde sans au préalable avoir trouvé le corps de leur parent pour les parer du linceul familial. Le manque de transparence et d’information a fait que l’imagination populaire a pris en charge l’événement. On a dit plus tard que c’était ces âmes mortes qui avaient fini par débouter les Français hors de la Grande Île.
Du pillage que dût subir le fonds photographique de Charles Ravoajanahary (car, pour les Malgaches eux-mêmes, cette mémoire a été dépréciée), il ne nous est parvenu que quelques clichés qui sont reproduits dans l’ouvrage et sur la couverture. Regards pénétrants, dignes et misérables, c’est nous qui sommes observés par delà les années, par des êtres aux traits tirés, l’air perdu, vêtus de tissus grossiers, déchirés, taillés dans des gonis. La photographie nous renvoie une image de nous démunis face à des visages tirés hors du temps à la limite de l’insupportable. Voilà l’envers des ors des salons ministériels, de l’emphase du Palais Bourbon, de la phraséologie impeccable des officiels. Sous les dorures et le verbe clair, la sauvagerie. La sauvagerie de la civilisation.
La « pacification » de Madagascar vit débarquer les troupes coloniales, les Tirailleurs sénégalais — comme ceux qui se sont fait massacrer à Thiaroye, la « force noire » qui massacrera à son tour, exécutera sommairement, pratiquera la torture, les regroupements forcés, et les incendies de village. Technique innovante de guerre « psychologique », parce que les Malgaches bien moins armés s’accrochaient à leur foi dans le pouvoir des amulettes, les Français jetaient du haut d’avion les « gardiens d’idoles », au-dessus de leur village. Technique vaine puisque « le gardien des idoles s’écrasait sur le sol comme un vulgaire tas de chair. On ne le reconnaissait plus que par ses boyaux qui, disait-on, se transformaient sur-le-champ en reptiles puissants ».
Il y a aussi ce vieil homme, rescapé du massacre des Français, qui, au milieu d’autres, criaient : « Rano ! » pour que les balles se transformassent en eau. « Les balles coulaient sur sa peau comme de l’eau de pluie, averse si terrible le submergeant que l’ennemi saisi s’enfuyait épouvanté. On ne l’attrapait jamais là où on pensait l’avoir piégé. On ne le trouvait jamais là où on le croyait acculé. Aujourd’hui, les jours de pluie, on dit qu’il reste recroquevillé chez lui, la peau en sueur, hanté par les balles des coloniaux, luttant contre ses amulettes qui réclament leur part de son âme ».
Parce que les données de la rébellion ont été effacées, gommées ou falsifiés, Raharimanana est contraint à l’hypothèse, il est porté à créer de véritables trouées romanesques, comme celle de ce gamin qui, poursuivi par un tirailleur, s’enfuit dans les ruelles à toutes jambes, et qui, par réflexe, se met à courir jusqu’à chez lui, seul endroit où il croit être en sécurité. « Il ne sait pas que les tirailleurs auraient pu l’attraper déjà. Mais ses pieds l’emmènent vers chez lui. Ses pieds l’emmènent vers son père, la véritable cible des tirailleurs. Il monte un escalier et trouve la porte de la maison, il voit le regard de son père, il comprend qu’il vient de le condamner... ».
Beaucoup de flou, une mémoire qui n’a pas été reconnue, ni entretenue, et qui n’est pas acceptée, témoin, rapporte l’auteur, le voyage que fit Jacques Chirac dans la Grande Île, en juillet 2005. Le président français, à l’évocation des massacres de 1947, va de la repentance, il reconnaît des « périodes sombres de l’histoire commune », « le caractère inacceptable des répressions », « le travail de mémoire » à poursuivre. Dès le lendemain, le président malgache, Marc Ravalomanana, interrogé à l’occasion d’une conférence de presse, reconnaît qu’il ne s’y connaît pas beaucoup en Histoire et qu’il préfère regarder vers l’avenir, déclaration qui provoque un tollé. Une grande partie de l’opinion malgache s’insurge : « quand un chef d’État ignore à ce point la mémoire de son propre pays, que reste-t-il comme dignité au peuple ? ».
L’obsession de ne pas se couper les mannes du gouvernement français et des bailleurs de fonds, écrit l’auteur, passe avant la vérité historique... C’est comme cela que se mettent en place la Françafrique et la Mafiafric.
L’écrivain évoque alors la fausse décolonisation et des espoirs qu’elle a suscité parmi les peuples africains : « L’espoir nous a poussés à accepter le discours positif sur la colonisation. L’espoir nous a poussés à accepter que soient portés au pouvoir des hommes choisis par la France. L’Afrique avait-elle vraiment le choix ? La France en a profité pour installer ses réseaux d’influence qui vont engluer la politique africaine jusqu’à aujourd’hui.
Et la honte absolue qui nous a assaillis quand nos propres dirigeants ont pris la place des colons et ont repris subtilement les mêmes mots dans la bouche de ces derniers. Nous devons, paraît-il, nous “développer”, prendre la marche de la “modernité”, abandonner nos pratiques archaïques — sauvages ? Faire décoller notre économie, rattraper notre retard, rejoindre la civilisation, la vraie. Traverser les mêmes étapes que l’Occident afin d’arriver au paradis sur terre. Suivre à la lettre, jusqu’à l’absurde, les recommandations de la Banque mondiale et du FMI. Le mythe du progrès, l’imposture bue jusqu’à la lie ».
Madagascar, bien que délivré du joug colonial, reste malheureusement englué dans le modèle. Tsy mihaino intsony anefa ilay zaza...
Jean-Charles Angrand
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