
Sept prix Nobel d’économie exhortent la France à adopter un impôt sur les ultrariches
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C’en est trope !
11 février 2016, par
Pour toute autre personne, extérieure à la famille, si tentée qu’elle fût un tant soit peu observatrice, physionomiste, la vérité ne tardait pas à émerger avec la force de l’évidence - quand, parmi les proches, l’habitude tenait lieu de lucidité.
C’était une réalité des plus crues que la famille ne voulait pas voir, dont elle se bouchait les yeux, que d’affirmer que l’aîné ne présentait pas les traits communs aux deux autres de ses frères, qu’il ne leur ressemblait pas.
Les parents venaient à peine de se rencontrer qu’ils durent rapidement en rabattre vers la cérémonie de mariage. Déjà les robes serraient. L’union officielle avait pour objectif immédiat de cacher une grossesse qui n’était pas volontaire. De dissimuler aux yeux de la société comme de la famille le fait qu’il s’agissait d’une conception en dehors des liens du mariage. En réalité, cette grossesse était le fruit d’une liaison que la future épouse avait eue avec un médecin marié auquel elle s’était livrée avant de rencontrer l’homme qui deviendrait son époux. C’était une époque qui ne connaissait ni l’IVG ni la pilule contraceptive. Le mari reconnut le nourrisson comme s’il était le sien. Le médecin qu’elle continuait à voir de temps à autre pour son enfant avait finalement initié la jeune épouse aux anti-dépresseurs, pour ne pas dire droguée. Façon de se débarrasser d’elle.
Qu’importe : le temps ferait l’affaire. Un secret parmi d’autres auquel l’anesthésie familiale servait de couvercle. Ses fils firent carrière dans la médecine et la pharmacie, poursuivant ainsi un rêve qui n’était pas le leur et dont ils ignoraient tout de l’objet véritable.
C’était bien entendu une autre époque que cette époque-là : celle où les gamins lançaient des blagues à la récré, de ce tonneau : « Tu sais pourquoi les Noirs ont les paumes des mains blanches et les dessous des pieds blancs ?… Parce que quand Dieu les a peints, ils étaient à quatre pattes ». Sous-entendu comme des animaux. Dans ces établissements scolaires de province, n’étaient inscrits que des petits Blancs, on était dans un entre-soi - école des garçons, école des filles-, où tout était figé et réglé d’avance, dans une réduplication à l’infini.
Ce monde-là s’est effondré. Parfois les masques sont tombés, certains sont restés aux murs, chancelants. Le plus souvent, on a préféré effacer dévotement les visages.
Il reste cependant des traces, dont l’habitude ancestrale de ne pas vouloir savoir. De ne pas s’expliquer.
À cette époque, on ne parlait pas avec ses parents, on obéissait. Eux-mêmes avaient tellement à taire… que leur visage était devenu fermé, que leur vie ressemblait à une tombe. La moindre tentative d’ouverture se soldait par un échec : soit des moqueries, ou par ce qu’on appelait alors « une scène ». Les redites et l’anodin servaient de barricades, on s’y tenait retranché : ne pas parler de soi, ne pas parler des siens. On réinventait le tabou, dans une sacralité laïcarde. S’ignorer faisait office de lien. Il était même le principal lien que la famille entretenait. Duras a restitué ces atmosphères plombées à l’ombre des secrets.
Ces temps de silence, qui correspondaient aux années de la Guerre froide, ne pouvaient qu’aboutir métaphoriquement à ce plan séquence de Sanders où Warlock, espion de la CIA, après un numéro de travesti, enlève dans sa loge sa perruque, ses faux cils, préfigurant ce que sera la fin de l’acteur qui jouait ce rôle, à Mayorque, deux ans plus tard. George Sanders s’enfilait cinq tubes de Nembutal dans une chambre d’hôtel. Un mot pour toute explication : « I am leaving you because I am bored. Je m’en vais parce que je m’ennuie. I feel I have lived long enough. Je sens que j’ai vécu suffisamment longtemps. I am leaving you with your worries in this sweet cesspool. Je vous abandonne à vos soucis dans cette charmante fosse d’aisance. Good luck. Bonne chance ».
Anne Cheynet a cependant trouvé les ressources nécessaires pour réenchanter ce monde-là, un temps qui fleurtait beaucoup plus que la nôtre avec la mort pourtant. Mais Anne Cheynet joue avec la mort, comme on jouait jadis aux osselets. Possédée par les voix d’outre-tombe dont elle se sent dépositrice : celle de son père et de son fils, elle ressuscite au fil des récit le ton des petites gens, dénoue la parole de ceux que l’Histoire a toujours « muselée », aux côtés des rempailleurs et des cordonniers.
« Le bruit rapporte que le jour de la grande avalasse, le vieux Hector qui recherchait son bœuf égaré quelque part sur les pentes de l’îlette, était resté prisonnier de l’éboulis. Les gens prétendent que ce ne sont pas tellement les roches qui l’auraient écrasé, mais le bœuf lui-même, qui aurait déboulé de la falaise. Il paraît qu’il maltraitait trop l’animal et que celui-ci se serait vengé. »
Je regarde par la fenêtre les nuages gris décapiter l’île.
Le lecteur averti comprend comment l’auteure des Muselés est sortie de la zone de Sanders : simplement en cassant la lune.
Jean-Baptiste Kiya
À Romain Sainte-Rose
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