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19 septembre 2013
De vieux contes disent que nous sommes des oiseaux, mais que nous n’avons pas encore trouvé nos ailes. Certains parmi ces récits présentent la variante suivante : oiseaux, nous n’aurions pas encore ouvert nos ailes, n’en ayant pas conscience. Lisant ces histoires, le lecteur comprend qu’il est très possible que la lecture elle-même contribue à nous ouvrir les yeux, et partant, les ailes. Pas n’importe quelle lecture précisément, une lecture profonde, vibrante. Car instrument aux cordes sympathiques, le livre fait résonner en nous à l’unisson d’autres lectures qui viennent se croiser, pour créer des accords nouveaux à notre insu. Ainsi la farce médiévale du “Meunier dont le diable emporte l’âme en enfer” vient éclairer une farce de Gripari dont l’argument, pour autant que je me souvienne, est le suivant :
Lucifer est enrhumé, car l’enfer s’est refroidi d’un coup.
Pour sa guérison, il lui faut humer une âme bien fraîche, une âme de la veille. Il demande à l’un de ses démons d’aller lui en chercher une à peine sortie d’un dernier souffle. Il donne un flacon pour l’opération…
Un meunier, ici-bas, en est à sa dernière extrémité. Il a fort mal au ventre. Sûr qu’il n’a pas toujours été en règle avec le Seigneur : il y a une chose ou deux qui pèsent en sa défaveur sur la balance du Jugement ultime. Mais enfin, ce n’est pas un mauvais bougre. Bref, c’était entre Ange ou Démon à qui viendrait le premier en récolter l’âme.
Au dernier instant, son ange protecteur lui apparaît et lui conseille de se coucher cul par-dessus tête, de s’enfouir le visage dans les draps pour ne laisser dépasser sur l’oreiller que son derrière coiffé d’un bonnet de nuit.
Le démon survient et trouve notre Meunier à l’article de la mort, il guette le dernier sursaut pour recueillir l’âme du pécheur. Le Meunier lâche alors un pet que notre démon s’empresse de recueillir dans la fiole, puis court en Enfer.
Lucifer remercie son émissaire dont il loue la rapidité et l’efficacité. Il ouvre la fiole et aspire avec force l’ « âme » du Meunier et manque de s’étrangler. Colère et coups de bâton pleuvent sur le démon accablé ironiquement par son chef de tous les maux de l’Enfer. Goûte ! Les jeunes spectateurs en ont pour leur soûl.
Ceci étant, comme le remarque à juste titre André Tissier, lire les fabliau, c’est s’affranchir des habitudes de lectures acquises : tourner le dos à Ronsard, Malherbe et Boileau. C’est revenir à la source orale, accueillir la truculence et la fantaisie. Truandaille et mascarade.
Tout comme le fabliau, les farces médiévales tissent une contre-littérature. Voyons “Maître Mimin étudiant”. La farce met en scène Maître Mimin qui a consacré tant de passion à ses études qu’il en a oublié le français et qu’il ne peut que parler le latin, langue morte et savante, un latin de cuisine à la Diafoirus, au grand dam de ses parents et de sa fiancée. Mimin, c’est un peu le Jourdain du latin, victime du savoir, de la vanité du savoir, du savoir décoratif. Une victime de la lecture vaine. Mimin n’est plus dans la langue vivante, il est dans l’écrit congelé, séparé de l’oralité originelle, matricielle. Que dit le texte ?
« Raulet : - C’est assez, il faut en finir. Çà, magister, comment agir pour le remettre en état de parler français ? Le Magister : - Ses lectures l’ont mis au point où il est. Et le laisser là, isolé, ce serait un très grand danger. Qu’il ne soit donc pas éloigné, sans être jour et nuit surveillé. Et s’il dort, qu’il soit réveillé ! Qu’il n’ait plus livre ni livret, car cela l’enivrait tout à fait et lui troublait l’entendement ». La stratégie ? L’enfermer : « Lubine : - Nous allons agir pour lui rapprendre son langage : nous le mettrons dans une cage. On y apprend très bien les oiseaux à parler ! (…) La fiancée : - Dans notre cage à poussins, n’y serait-il pas tout à fait bien ? Raoul Machue : - Je crois qu’il n’y pourrait tenir : il est si grand, si fort d’épaules, si formé et si potelé, qu’à peine il y pourrait entrer ! La fiancée : - Pourvu que sa tête soit dedans, son nez, sa bouche avec ses dents, laissez son cul rester dehors ; cela sera bien suffisant ». Et de fait, le cul, lui, n’a pas besoin d’être éduqué pour savoir ce qu’il a à faire.
C’est une belle critique de l’instruction qui est faite dans cette farce, qui pourtant derrière le rire est plus sombre qu’elle n’y paraît. Mimin, dit le texte, a « la sagesse de se laisser enfermer ». Est-ce donc cela l’instruction : avoir la sagesse de se laisser enfermer ?
On imagine sans peine un Maître Mimin à La Réunion… Et pourquoi l’adaptation n’a-t-elle pas déjà été faite ? Mimin revient dans son cirque natal à l’occasion de ses vacances métropolitaines des grandes écoles. Il ne sait plus parler le créole, au grand dam de sa famille et de sa fiancée, il ne connaît plus que le fransé dentèl … Qu’à cela ne tienne, il va bouffer du cari !
Aujourd’hui, Maître Mimin est vice-recteur fustigeant l’accent des étudiants mahorais, symptôme, selon lui, de leur incapacité à s’adapter à la francité — ou tout au moins à la réussite. Quand la lecture s’attaque à ce que l’on est, la farce continue.
Jean-Charles Angrand
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