
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
24 mai 2018, par
“Voici qu’il sent naître une soif tout autre : saisi par la beauté qui se reflète dans l’onde, il tombe amoureux d’une image sans consistance, et ce qu’il prend pour un corps n’est qu’une ombre” ; “spem sine corpore amat, (renchérit le Poète) corpus putat esse, quod umbra est”. La seule métamorphose d’Ovide qui le soit en fantôme se déroule au chant III : Narcisse et Écho, partent en fantômes avant que d’être en fleur, ou en pierre.
“-Est-ce qu’il y a quelqu’un ?, demandait Narcisse.
L’écho répondit : - il y a quelqu’un.
Narcisse, stupéfait, regarda autour de lui, et cria d’une voix forte :
- Viens !
L’écho lui renvoya le même appel”. Le voilà attiré par le néant de lui-même.
L’écho est le seul son qui survit en la nymphe, comme le reflet est la seule image qui vit en lui.
Par certains aspects, Ovide est aussi sec que le désert qui accueille l’oasis. La source disparaît dans le sable, mais le sable se souvient. Ovide est sec, il ne dit pas le visage qui dérive. Hoffmann qui connaît les eaux d’Ondine, lui, le rappelle :
Que voit Narcisse, “amoureux de l’ombre et du pire” dans “le miroir écorché que le lac reflète” (Julien Doré) ? Ciel contre ciel, la forêt se tord, qu’on en surprend la cime ; les nuages vacillent à s’en fendre l’âme - image séparée de lui-même.
“Maître Abraham (…) disait que le jeu de muscles sur le visage était comparable au remous qui se dessine à la surface des eaux lorsque quelque mouvement menaçant se prépare dans les profondeurs”. Hoffmann dans “Le Chat Murr” entrelace les fils reprenant ceux qu’avaient laissé Ovide qui vont disparaissant dans l’épaisseur des deux trames principales, réapparaissant çà et là, dans la narration qui rapporte les mésaventures de Kreisler et les aventures gouttières du chat de Murr.
Narcisse se penche sur le lac, comme le lecteur sur la page blanche, et contemple son visage d’eau trouble. Eau trouble de laquelle on perçoit remonter des profondeurs l’inavouable. Ce n’était pas tant de sa propre beauté dont Narcisse s’était épris que la fascination qui le tenait enserré de découvrir en lui-même un autre que dessinaient les eaux.
Cette histoire en travers, image dans le tapis, n’est autre que celle d’un Narcisse errant, à la recherche d’une onde pure et parfaite que chante Ovide, de l’originelle “source limpide et brillante, aux eaux argentées : inconnue des bergers, n’ayant jamais été troublée par les chèvres qui paissent sur les montagnes, ni par d’autres troupeaux. Nul oiseau, nulle bête sauvage, nulle feuille tombée des arbres n’avait altéré la pureté de son eau”, l’eau impossible.
Il ne pouvait s’agir d’une confrontation muette, souligne Hoffmann, entre Narcisse et l’image reflétée, mais d’une conversation secrète, intime, et tragique : celle d’un Narcisse qui voit surgir fasciné, bouleversé, des profondeurs de son visage les drames enfouis et ignorés dont il doit déchiffrer l’énigme.
Le visage de Narcisse dérive à la surface, et se perd dans l’aval des choses ; jamais il ne pourrait remonter ni de la surface, ni à la source pour s’enfouir dans le sol. Condamné à errer à la surface, à la superficialité, Narcisse est attaché à la traque.
“Kreisler sortit soudain de sa rêverie et aperçut son reflet dans l’onde obscure. Il lui sembla qu’Ettlinger, le peintre fou, le regardait du fond des eaux. ‘Oho ! Lui cria-t-il, es-tu le double aimé, vaillant compagnon ?… Écoute, digne jeune homme, tu n’as pas mauvaise apparence pour un peintre qui a quelque peu perdu la tête et qui, dans son orgueilleuse arrogance, a voulu prendre pour vernis du sang princier… Je finis par croire, mon cher Ettlinger, que tu as berné d’illustres familles en jouant la folie… Plus je t’observe et plus je remarque en toi des manières fort distinguées ; si tu veux, j’irai dire à la duchesse Marie que, pour le rang et la situation que tu occupes dans les eaux, ils sont d’un homme de très haute naissance ; que donc elle peut t’aimer sans plus de façons…”
Il y a dans la froideur des eaux la froideur de la mort. Et dans un jeu de miroir, à la lueur des références shakespeariennes, Kreisler se double d’Hamlet le fou à peine vivant devisant avec le crâne de Yorick, fou du roi, à peine mort. Le musicien trouve son double mort dans le peintre fou. La musique peint sur l’air, peinture devenue folle. Kreisler contemple son double dans le miroir des eaux, comme Hoffman se voit dans le miroir de la page d’écriture sous la forme de Kreisler et du chat Murr. Et dans ce jeu de reflets, pareil à Narcisse, il s’égare.
“Vous voyez, chers lecteurs, qu’un bon poète n’a pas besoin de se trouver dans la forêt bruissante, au bord de la source qui murmure, pour que les ondes folâtres du pressentiment lui parle ; et pourtant, dans ces ondes, il voit tout ce qu’il veut, il peut les chanter de la manière qui lui plaît”, processus qu’il nomme ‘auto-mystifications’, ce qui tourmentait sans doute le beau Narcisse…
Enfin en toutes ces choses-là, le silence doit nous requérir.
Sortant de voiture pour aller faire une course, une femme que je ne connais pas, la quarantaine, me regarde fixement d’un air qui trahit la peur. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive, je trouve cela passablement désagréable… J’hésite à chaque fois entre demander ce qui ne va pas, et passer mon chemin, sans accorder plus d’importance à ce mauvais spectacle qui m’est donné. Comme à chaque fois, tendu vers mon but, je choisis la seconde option. Je dois avoir - je suppose - une tête d’assassin, ou quelque chose comme ça. Il y a en tout cas quelque chose sur mon visage que j’aimerais arracher - ô Narcisse.
Jean-Baptiste Kiya
Mézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
Au 1er juin, les chiffres du ministère de la Justice ont établi à 84 447 personnes détenues pour 62 566 places. La surpopulation carcérale (…)
Vingt ans après la loi Handicap et au terme de six mois de mission, les rapporteurs Audrey Bélim, (Socialiste, Écologiste et Républicain – La (…)
L’État poursuit les versements d’indemnisations des aides en faveurs des exploitations agricoles sinistrées par le cyclone Garance et la (…)
Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes a assuré que “ceux qui peuvent plus doivent contribuer davantage”, car “nos finances publiques (…)
Les discussions sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, menées sous l’égide du président, sont entrées dans le vif du sujet, le 3 (…)
Les cours du pétrole ont connu une nette hausse à partir de la deuxième quinzaine du mois de juin, portés par l’extrême tension au Moyen-Orient et (…)
La Réunion fait partie des régions françaises les plus touchées par les conséquences sanitaires, sociales et judiciaires de la consommation (…)
Sur proposition de Gérard COTELLON, directeur général de l’ARS La Réunion, Patrice LATRON, préfet de La Réunion, a décidé le retour au niveau 2 du (…)
1993- La disparition de Lucet Langenier. Elle a été brutale, prématurée et a frappé douloureusement non seulement sa famille mais aussi ses (…)
La section PCR du Port apprend avec une profonde tristesse le décès de Nadia PAYET, ancienne déléguée syndicale CGTR. Militante engagée et (…)
C’est dans une ambiance chaleureuse avec un état d’esprit fraternel que les délégués de la Section PCR de Sainte-Suzanne se sont réunis en (…)