
Une nouvelle prison au Port : une hérésie !
3 juillet, parUne information récente communiquée par le ministre de la Justice Gérald Darmanin concerne la création de nouvelles prisons sur l’ensemble du (…)
20 octobre 2016, par
- 1 personnage, 1 chaise, 1 table de camping, 1 radio, 1 livre-
(Dans les coulisses, aboiements d’un chien). « … Les gens disent aimer les animaux, en réalité, elles n’aiment pas être seules. En compensation, c’est le chien qui se retrouve seul, enfermé dans une pièce, dans un appartement, un carré de jardin, toute la sainte journée… On le laisse là. Il attend en gueulant. On préfère laisser seul qu’être seul, voilà la vérité. Le besoin d’être aimé nous pousse aux tortures les plus raffinées…
(Pour couvrir le monologue du chien, il allume la radio).
‘… Vous souffrez du chômage ?… Vous souffrez d’un mal être, d’un mauvais mariage ?… D’un mauvais boulot, de la solitude ?… Votre enfant ne décroche plus le téléphone quand vous appelez ?… Vous êtes victime d’une injustice judiciaire ?… Vous trouvez que la société va mal ?… Vous êtes écœuré par l’atonie, l’impuissance des hommes politiques, par la gabegie ambiante ?… C’est que vous êtes en souffrance ! Votre mal est profond. Avec un Psy, acceptez la vie comme elle va… Soignez-vous : pas de mouron, avec notre cabinet psy, On ne peut pas mieux faire que ce que nous sommes en train de faire…’
(Il coupe la radio)
Je préfère encore les aboiements de chien.
(Il s’assoit) Paranoïaque… asocial… malade mental… à quoi j’ai eu droit encore ? Ah, oui : psychopathe… sociopathe, peut-être… L’intimité des familles exsude de ce genre de gentillesses, dès lors qu’il y a conflit, comme un repoussoir universel, un épluche communicationnel, ça vous ôte tout argumentaire, ça ; polluer le débat : vous vous sentez obligé de démontrer d’abord votre propre normalité : ce qui fait de vous déjà un dingue, n’est-ce pas ? Enfin ça permet de parler d’autre chose que du problème véritable - commode.
Un psy de la Passerelle ne m’a pas donné un an avant de devenir fou. Ça remonte à plus de… 7 ans. Ça fait donc depuis 6 ans que je suis fou… Je n’m’en porte pas plus mal. En cause ? Je n’pouvais plus avoir ma fille que j’avais élevée de 6 mois à un an et demi au téléphone. Le beau-père me disait que je la rendais « langoureuse ». Langoureuse… Je ne pouvais même pas la voir le week-end étant dans un autre département ultramarin. Qu’ont fait les juges ? Rien. La mère ne s’est même pas déplacée quand l’assistante sociale du secteur lui a donné rendez-vous… J’en ai fait des courriers à la justice : ah ! plainte pour obstruction à la communication avec mon enfant. J’ai même enregistré les appels sur MP3 pour faire remonter ça sur CD, ça a duré plusieurs années. Alors ? Alors, rien. Elle en a rien à foutre la justice ! Elle s’assoit dessus !
(Il se rassoit).
J’ai arrêté la pension alimentaire : y a des droits mais aussi des devoirs ! – et là BLAM ! huissier de justice. Ça, pour le fric, y a toujours quelqu’un !
Dans une pièce de Sacha Guitry comme ça, c’est la justice qui donne l’idée du crime. Ça s’appelle « La Poison ». Le titre désigne autant la femme du personnage que la justice elle-même…
Mercredi dernier, j’ai essayé d’appeler ma fille (je l’appelle le mercredi et le dimanche soir). Chuis tombé sur sa messagerie… Elle a 13 ans. J’n’ai pas laissé d’message. J’en laisse plus. Quand elle était à Mayotte, je pouvais l’avoir régulièrement, et depuis août, qu’elle est en métropole, fuuuit ! En plus, c’est compliqué avec le décalage horaire. Je lui ai demandé l’heure qu’elle voulait que je l’appelle. Elle m’a répondu : « Je ne sais pas ».
Avant, quand elle était petite, je ne pouvais pas l’avoir parce que sa mère et son beau père ne le voulaient pas, maintenant, c’est elle qui décroche pas.
Alors quand j’ai vu le bouquin d’Eric-Emmanuel Schmitt, ça m’a fait tilt. « Votre chat vous aime-t-il vraiment ? »… Ça m’a fait tilt parce que j’y ai lu derrière : « Votre fille vous aime-t-elle vraiment ? » (Il prend le livre). C’était là, en page 12 (il lit) : « Les enfants ont-ils fait le choix de vous aimer ? » Moi, j’aurais renversé la question : « Vos enfants ont-ils fait le choix de ne pas vous aimer ? » En miroir. (Il marche de long en large). N’importe quel père l’aurait fait. N’importe lequel, pas moi ! Quand elle est venue cet hiver me voir : me ‘visiter’ comme ils disent, comme on visite une église, un cimetière ou une usine… J’n’aurais pas dû la laisser repartir. Je m’serais occupé d’elle. Elle tremble de partout, comme si un vent continu soufflait en elle, elle ne peut même pas découper un beefsteak haché.
8 bilans : pédiatrie, psychomot, orthoptiste, orthophoniste. Elle aurait dû avoir des séances de rééducation depuis longtemps, le geste graphique, la maîtrise du regard. Lecture de logatome, hypercyphose, somatognosie, tout ça c’est pas moi qui l’ai inventé ! (Il lit un papier) « Son niveau d’écriture ne peut pas lui permettre de répondre aux exigences scolaires en nombre de lettres écrites. Elle devra bénéficier d’un tiers temps au collège et une demande MDPH me paraît nécessaire » : ce n’est pas moi qui l’ai écrit. Mais rien, elle est toujours pas prise en charge. 2 lettres de signalement au procureur. 5 en français, 5 en maths, 7 en histoire-géo. En mai, réponse : « Je vous avise que j’ai saisi les services de la CRIP de l’Aide Sociale à l’Enfance du Conseil départemental de Mayotte afin de procéder à une évaluation sociale de la situation ». Déménagement, trois lignes pour aboutir à rien. Et ça fait des années que ça dure !
Elle aurait dû ne pas prendre l’avion, rester ici. Je ne l’ai pas fait, ils n’attendent que ça pour me couler, ces salauds ! Un lâche parmi les lâches… Dans une « institution de lâches », on ne pouvait pas mieux dire ! Et ils rendent tout le monde lâche. Il y a une épidémie de lâcheté en France… grave ! (En montrant le bouquin) Je comprends pourquoi Eric-Emmanuel Schmitt, il a quitté la France, pourquoi il a pris la nationalité belge : parce que c’est un pays sans panache, un pays de carpettes, déserté par ses Cyrano !
On vit dans une société qui nous apprend la lâcheté, c’est-à-dire à nous taire et à subir.
(Un portrait est projeté derrière l’acteur).
J’ai toujours aimé ce portrait de juge par Bacon de 1949, enfermé dans une cage de verre, dont la partie supérieure s’efface. Il n’a plus d’esprit. Il ouvre la bouche, mais rien n’en sort. Portrait type de la violence administrative, froide, anonyme parce que dissimulée derrière des tours de papier, les vrais Babel d’aujourd’hui. Lâches. Ils sont si lâches qu’ils vous obligent à mettre des avocats entre vous et eux. Le voilà, le juge, censeur suprême, celui qui se prend pour Dieu et qui nous empêche de nous exprimer, d’agir, de dormir même, par son silence alourdissant. Liberté de parole ? De la blague, de la pâté qu’on jette aux chiens ! J’en sais quelque chose : deux mille euros d’amende pour en avoir trop dit ! Je rêve de délibérations suprêmes, d’éclats de voix libérateurs, de déballages intégraux, de désaliénations subtiles ! (Silence).
Tout se passe bien, Monsieur Juppé ? Eh, Monsieur Juppé, vous m’entendez ? Non, il n’entend rien… Eh ho, y a quelqu’un ? (Il regarde autour de lui) Il est trop tard sans doute. J’ai pas de montre. Les huissiers m’l’ont prise. Ils ont tout pris. Remarquez, ils ont été sympas, ils m’ont laissé ce livre ! (En riant) C’est l’histoire d’un type qui divorce – sa femme a mis des années à préparer un divorce pour faute en cachette, bref il perd sa femme, ses enfants, la maison, et même son boulot. Il perd tout. Il se retrouve à la rue. Diogène moderne à vivre dans une voiture-tonneau. Enfin ça se termine bien… Mais j’y crois pas moi à son dénouement ! C’est comme avec Molière : tout le monde se marie à la fin – mais c’est pas vrai : tout le monde divorce pour faute ! La société divorce d’elle-même en permanence. Mais la plus grande faute – quand même !- ça reste la justice qui la commet… Et toi, tu te prends ça dans les dents comme une moralité !
(Noir).
Jean-Baptiste Kiya
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