
Assemblée générale de la section PCR de Sainte Suzanne
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C’en est trope !
25 août 2016, par
Pline l’Ancien se fait l’écho d’une scène emblématique. Emblématique en ce qu’elle évoque la fonction de l’art : la fille de Dibutadès tient une flamme dans sa main gauche, elle éclaire le jeune homme qu’elle aime, qui se tient debout. De sa main droite, elle s’est saisie d’un morceau de charbon. Elle ne regarde pas son amoureux qui s’en va à la guerre, elle se penche au-dessus de sa tête pour inscrire sur le mur la ligne que trace l’ombre de sa chevelure et de son visage. Pline utilise un mot : « desiderium ». Dans le desiderium, commente Pascal Quignard, il y a l’astre absent, le « sous-venir de ce qui est perdu qui vient encore se montrer au-delà de sa perte » et l’analyste de conclure : « L’art cherche quelque chose qui n’est pas là », et nous invite à suivre la trace du « desiderium » sur le mur blanc des siècles.
Car il y a un vide sur le mur, une absence fondamentale.
Cela commence par un rêve : le rêve d’une Maternité dessinée à la pierre noire par le néo-impressionniste Charles Angrand dans son style inimitable, le plus flottant, le plus ouaté. Mais c’est une maternité étrange. Elle est comme absente. Elle est dans une sorte d’interstice qui laisse filtrer une lumière sans couleur de présence absence. Elle tient contre elle quelque chose de blanc, un linge nimbé, dans lequel se trouve emmailloté un nourrisson. La posture du bébé est étrange, elle attire, il a la tête en arrière, il semble s’abandonner. Cela arrête le regard. Et pour cause : l’enfant est mort. Une froideur se dégage de l’œuvre, les noirs sont sans profondeur… Puis, je réalise que cet enfant mort, c’est l’artiste lui-même, c’est Charles Angrand qui s’est représenté en un autoportrait à l’âme fendue comme une pierre.
L’homme descend du songe, dit-on. Il en reste l’anonyme voix des ténèbres. Et pourtant, je la reconnais cette voix, c’est le discours que prononça un roi âgé d’une grande sagesse, jadis, et qui disait : « Moi, Gilgamesh, un pouvoir m’a été donné, mais je l’ai perdu. Il m’en reste pourtant encore l’amère, la terrible réminiscence : celle que me confère le rêve. »
Un vide sur le mur : trace qu’un tableau a laissé quand on l’a décroché, il est comme la tache de sang de Macbeth. On a eu beau frotter, elle réapparaît toujours. Il est toujours là, le tableau manquant, pomme fichée dans la gorge d’Adam, un péché à jamais coincé, qui se désigne à chaque mot prononcé, qui ne se digèrera jamais. « La Couseuse », mère de l’artiste. Ils ont vendu les aïeux à des mains anonymes.
Sans doute est-ce pour cela que je souffre d’irréalité. Il me manque encore quelques clous pour finir mon cercueil.
Il fut enterré deux fois par son neveu, le peintre : le postulat de la comédie de Labiche « L’Affaire de la rue de Lourcine » a été réappliqué : tuer le plus de monde possible pour ne pas être accusé de meurtre.
Le neveu fut pris dans la même équation impossible que le « héros » de Félicité Herzog qui ne voulait pas se transmettre : professeur agrégé d’histoire qui refusait sa propre histoire : aucun de ses enfants ne reprit le flambeau, ne fit carrière dans les lettres. Il ne le fallait pas – paternité, bégaiement de l’histoire.
Collectionneur compulsif (armes de guerre, pipes, timbres, vieilles pièces, coquillages, fossiles, plantes rares, bric à brac), son premier fils tourna autour de la seule collection qu’il ne pouvait faire : celle qui concernait le peintre. Il était resté l’enfant de derrière la porte. Matriochkas, poupées russes : sous toutes ces collections, la seule qui ne pouvait atteindre, à jamais enfouie.
Facebook, portail consacrée à « Charles Angrand », mot du second fils du neveu du peintre : « Hélas mon grand oncle a brûlé beaucoup de ses toiles, car elles ne lui convenaient pas, il en reste heureusement plus de 80. Ses pastels sont nombreux et un peu tristes en couleur, mais ses dessins sont magnifiques et aussi beaux que ceux de Seurat ! » Et c’est tout. C’était suffisant, c’était plié. Plus rien à dire.
Courriel daté du 5 septembre 2007, dernier mot d’un père à un fils. Au fond du désordre psychologique, au-delà de toutes les réponses qu’on pouvait apporter – vainement-, une évidence : c’est tout sauf les mots d’un père à son fils. Testament hideux, rêve d’un enfant mort, aveu d’irréalité. Paternité.
Un jour, son petit frère lui lançant qu’il était un « raté », il ne se faisait que le porte-parole naïf d’une parole plus vaste qui ne pouvait se dire : celle des parents. Il était le seul de la fratrie à avoir fait des études littéraires. Paternité !
Une femme qui a 4 enfants, mais qui n’est mère que d’un seul. Encore que le mot ‘mère’ ne soit pas le mot exact. Disons : ‘amie’. Oui, c’est cela : amie…
Dans le grand bain, je m’échine à suivre mon grand frère qui joue avec son copain Didier, ils me fuient, je m’amuse à les poursuivre, une sorte de chat nautique. Ils veulent se débarrasser de moi, n’y parviennent pas. Le copain nage, s’éloigne, je les rejoins, je crawle tête hors de l’eau, je rigole, je jubile, je gagne. Mon frère m’attend au centre de la piscine, là, il m’enfonce la tête sous l’eau, la maintient, je me débats, je n’en peux plus, j’étouffe, mes poumons vont exploser, j’avale de l’eau chlorée, je me remplis, je coule, je vais au plus profond. J’explore les bas-fonds des choses : Cœlacanthe, quel souvenir de la terre enfouis-tu si profond dans l’ombre des abysses ? Cœlacanthe humain, je découvre l’autre côté des choses, comme Alice qui traverse le miroir : le miroir des eaux mortes, le miroir des eaux tordues.
Là-haut, tout là-haut, un reflet flotte : celui de la paternité. Vu de tout au fond, à inspecter les gouffres.
Si Angrand n’évoque pas Poe dans sa correspondance, il cite à deux reprises Baudelaire qu’il semble bien posséder.
Dans une lettre à Luce du 3 février 1908, il évoque ‘Sur le seuil’, une toile de 40. Exposé à la 24e exposition des Indépendants (20 mars au 2 mai 1908) où il représente un chat – un chat dédoublé- : c’est lui-même ! il cite alors de mémoire un vers de Baudelaire :
« Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères des divans profonds »…
Il s’agit des 1ers vers de « La Mort des Amants », (1 vers et demi en fait), achevons donc cette versification qu’Angrand laisse en suspens :
« Des divans profonds comme des tombeaux ».
Jean-Baptiste Kiya
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