
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
2 février 2012
Ce qui est étonnant dans “La Partie de Cartes” de Georges de La Tour (i635), ce n’est pas tant la présence de l’autre que son refus. La tromperie consiste à faire mine que l’autre est absent (et à veiller à ce qu’il le reste), qu’il n’existe pas, à le rayer de l’existence, ou, pour être plus exact, à ne garder de lui que ce qu’il n’est pas : l’argent chez La Tour, l’illusion de l’amour et l’idiotie pour la tromperie « amoureuse ». La tromperie consiste à faire en sorte de séparer l’autre de lui-même... Mais ce que conserve l’abusé, sa force même, se trouve en sa trop profonde et univoque naïveté. Une naïveté qui peut se transformer en blessure quand elle se découvre et quand elle est trop frottée au monde... Ainsi de l’Afrique qui a été trompée, mais qui tire de sa blessure toute la conviction de sa révolte.
Rien de moins que la parabole de l’histoire contemporaine du continent que nous rapporte ce petit conte philosophique angolais de José Luandino Vieira, “Histoire de la poule et de l’œuf”.
Annonciateur de la tourmente : tout le monde y a un nom, même la poule, à l’exception d’un bel œuf blanc qui, sans dénomination, échappe à tous, jusqu’au bout. Voilà évidemment l’œuf de la tempête.
Cela s’offre comme un problème de casuistique : chacun a raison et tort à la fois, chacun est tour à tour coupable et innocent. La poule, Cabiri, de dame Zefa a pondu dans le jardin de Bina — qui l’attire, c’est sûr, avec du maïs, mais comme elle est enceinte, c’est l’enfant à naître qui le veut, pas elle... Disputatio : À qui revient l’œuf ? Chacune le réclame comme étant le sien, et pas de Salomon pour l’enfant de la poule.
Le conte emprunte alors sa structure et son rythme à la dramaturgie : chaque chapitre correspond à une entrée et sortie de personnages, annoncés au début, rejetés dans les coulisses à la fin, sous l’œil attentif des parties et d’une vieille femme du quartier qui endosse le rôle de juge... Le temps de la comédie, et le bidonville du musseque de Sambizanga, en terre de Luanda, s’ouvre, béant, englobe toute l’Afrique et dépasse même le monde.
C’est d’abord Monsieur Zé, le bazardier, puisqu’il a vendu le grain à crédit, celui-là même qui a nourri la poule qui a pondu l’œuf, qui veut se l’approprier. Mais ces dames ne l’entendent pas de cette oreille : « A-t-on jamais vu ça ? Ce que tu nous voles sur la balance ne te suffit donc pas, minable grippe-sou ? ». C’est ensuite au tour du futur saint et curé du quartier, le jeune Azulinho, de mettre son grain de sel à l’omelette rêvée et qui, en salaire de la leçon, voudra gober l’œuf. « Ni l’image de César, ni l’image de Dieu !, déclare-t-il. Ni la marque de ta poule, Zefa ! Ni la marque de ton maïs, Bina ! ». Jeté sans ménagement, il est aussitôt remplacé par le proprio du bidonville, M. Vitalino. Pris à partie par la foule, sous le prétexte que l’œuf est tombé dans son jardin, il voudra se l’approprier : « Dites-moi, Monsieur Vitalino, n’ai-je pas payé mon loyer ?
- C’est vrai, ma fille, tu as payé. Mais un loyer n’est ni une paillote, ni un jardin. Même si vous payez, la paillote et le jardin m’appartiennent, est-ce que tu comprends ? ».
Puis vient le tour de l’ancien clerc de notaire du coin, dit « 25-lignes », qui incarne la Justice tatillonne et vaine. « Vous dites, madame, que la poule vous appartient ?
- Oui, Monsieur Lemos.
- Avez-vous un titre de propriété ? Comment cet homme ose-t-il me parler d’achat alors que cette poule m’est née d’une autre poule, dans mon jardin. Comment aurais-je un certificat ?
- Et alors ! Comment les gens veulent-ils faire usage de la justice s’ils n’ont même pas les documents nécessaires ? Et vous, madame, pouvez-vous me montrer le reçu pour le maïs ? Non ? Alors, comment puis-je dire qui a raison ? Comment ? Sans reçu, sans preuve, ni rien... Bref... En ce qui concerne dame Bina ici présente, nous déposerons une plainte contre sa voisine pour intromission dans la propriété d’autrui et aliénation du bien de cet autrui... c’est-à-dire le maïs. En ce qui concerne dame Zefa ici présente, nous déposerons une réclamation contre sa voisine pour tentative de vol et d’usufruit du bien volé... Et je demande cinq écus à chacune pour la paperasserie ». Deux dépôts de plaintes, montant de l’opération 10 écus. On l’envoie paître.
Les partisanes de Zefa et les partisanes de Bina finissent par se jeter l’anathème, puis les casseroles et les mains, c’est au tour de l’armée d’intervenir : « Bande de vaches ! Qu’est-ce que c’est que ce fatras ? Que s’est-il passé ?... ». Serait-ce une réunion politique ? Allez, tout le monde au poste. Et la poule, au pot ! Mais le supérieur aime la volaille, il ne l’entend pas de cette oreille, confiscation, qui se clôt en révolte et en putsch. Et dans la confusion, la volaille s’envole... L’Afrique à feu et à sang pour un unique œuf. Décidément, l’Homme est une sale bête, bien inférieur à la poule — et à ce qu’elle pond.
Le vol de l’œuf africain dénoncé par le conte a-t-il encore un bel avenir, quand la francophonie et la mafiafric s’épanouissent toujours ? Un proverbe africain dit : « Si le père et la mère se disputent pour un œuf, l’enfant n’aura jamais de poule ». Et si, tout simplement, l’œuf n’appartenait qu’à la poule ? Mohamad Mahatir, ancien Premier ministre de la Malaisie, qui avait sauvé l’économie de son pays en passant outre les recommandations occidentales faites durant la crise asiatique de 97, déclare : « Les jours de l’eurocentrisme sont comptés ».
Aujourd’hui, le Portugal est racheté par son ancienne colonie, les cerveaux portugais s’installent en Angola. Vieira avait raison. « Le monde change de base », commente Manuel Marchal dans ces colonnes. La littérature suit, bien évidemment, mais les beaux esprits, trop occupés à se regarder eux-mêmes, vont mettre du temps à s’en rendre compte.
... Alors, qui de l’œuf ou de la poule ? Remettons-en-nous, pour une fois, au choix des deux parties.
Jean-Charles Angrand
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