
Turbulence à la Mairie de Saint-André
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31 janvier 2013
Jacques Roumain :
Face à des collégiens qui posaient des questions sur les sources de Quartier 3 Lettres, Axel Gauvin évoqua, comme source d’inspiration , Le Gouverneur de la Rosée de Jacques Roumain. Garant ma voiture derrière l’église du Port, je me suis remémoré les paroles d’un des personnages de l’auteur haïtien. Il dit qu’il y a tellement de prières qui montent aux oreilles de Dieu, que celui-ci, excédé, se plaque les deux mains sur les oreilles pour se plaindre : « Quel bruit épouvantable, ils font ! Qu’est-ce qu’ils m’emmerdent avec leurs petites histoires ! J’aimerais qu’on me foute la paix ! » Mentalement je décline la scène : je vois, affalé sur son bureau de l’Élysée, le président Hollande, disant : « Oh, et puis, qu’est-ce qu’ils m’emmerdent les Français avec leurs petites histoires ! J’aimerais qu’ils me foutent la paix ! Qu’ils me foutent la paix ! » Je souris au vide, un passant me prend pour un cinglé. Ça me donne l’idée, ce lendemain de fête, d’écrire un conte de Noël à la Mendoza qui commencerait dans un asile de fous et qui finirait dans le lagon. Le concierge qui ouvre le barreau à M. Albran et au Censeur du lycée de Saint-Denis, il y a cent ans, c’était moi.
Parolie, piment la vie :
Quartier-3-Lettres est celui de tous les romans d’Axel Gauvin qui joue le plus sur la proximité des langues, qui intègre le plus la langue créole dans la langue française, tant au point de vue du lexique que de la syntaxe. Il en résulte une langue riche en harmonies et en couleurs, un style unique, révolutionnaire qui ressemble à ce qu’avait pu faire Henri Pourrat, mais avec des teintes plus affirmées. Pourtant rien de plaqué à cela, ce n’est ni un exotisme d’apparat, ni même une couleur locale, du fait que le créole jaillit de l’intérieur, à l’intérieur même du français, à l’occasion d’un récit qui se fait depuis l’intérieur de l’île, par un habitant des Bas. « Temps là, Quartier, c’était surtout sa rue se lovant comme un congre en sommeil entre quelques magasins longtemps, des boutiques fanées, des maisons — aujourd’hui— la misère et trois fours à chaux qui enfumaient la saison sèche. Le grand entrepôt du temps de la Compagnie des Indes qui servait de mairie racontait la richesse passée de la petite ville, mais le bazar presque tout le temps vide en disait la misère d’alors » . Aujourd’hui, Axel poursuit son investissement en faveur du créole, à Lofis, dans un billet hebdomadaire dans un quotidien, aux éditions Tikouti, par l’écriture de son dictionnaire.
Quartier-trois-lettres, roman socialiste :
Mais dépassant le simple jeu de langue, c’est au cœur de la réunionité que se situe le roman. « L’anecdote est la parabole des temps modernes », écrivait l’auteure de Mauprat. Dans le même ordre d’idées, Quartier-Trois-Lettres est une parabole de La Réunion. Alcool, élections truquées, pauvreté, il se pose en roman de formation. Avec La Mare au diable, George Sand substituait la récompense à l’appréhension des scènes d’Holbein, Axel Gauvin suit une même dialectique.
Le Réunionnais s’emploie dans son roman à manifester la grandeur et la fierté des humbles, signalant en passant les extrémités de la misère, condamnant les excès et les dérives que le rêve de richesse et l’appât du gain provoquent, il « invite alors à de subtiles compensations » pour reprendre le mot de Pierre Reboul. Selon le point de vue sandien, ce roman de Gauvin se propose bien comme un roman socialiste.
À Lofis, on fait tout :
Autour de nous, puzzle disséminé, l’exposition « les galets ». Au milieu de notre conversation apparaît un couple d’un certain âge. Ils cherchent l’Office du tourisme. Nous sourions : « Vous êtes à Lofis la lang kreol ». Ils se justifient : « Ah, on se disait bien qu’il y avait une faute d’orthographe quelque part ! » Je suis aux anges. Il fallait entendre : ces Réunionnais, ils savent même pas causer correct ! Axel, bon prince, mettant à parti l’outil informatique, cherche l’adresse d’un office de tourisme, tandis qu’ils nous content qu’en retraite ils ont parcouru les sentiers de l’île en tous sens, qu’ils cherchent un pied à terre en bordure de lagon. Ils nous parlent avec des émotions dans la gorge du volcan, de la roche écrite, du sentier des orangers, du piton des neiges, de Mafate. Nous acquiesçons par commodité, une question me brûle les lèvres, mais je me retiens de leur demander ce qu’ils lisent ces vacances, la remarque pourrait paraître saugrenue.
Le rayon des abonnés absents ; île à touristes :
Quelques jours après l’invitation, je fais le tour des librairies du nord, à la recherche de quelques titres dont Axel m’avait parlé : Le Bleu des vitraux, Jean Lods, Sortilèges créoles de Mahé, Le Gouverneur de la rosée, et animé par la curiosité de voir si on pouvait trouver Quartier-3-Lettres. Le résultat m’a laissé pantois : pour trouver de tout, ça oui ! sur tous les sujets, des livres de cuisine aux manuels de bien-être, la littérature métropolitaine au complet, les titres de la rentrée littéraire, mais pour ce qui est des ouvrages mentionnés, ça tient en 4 lettres : RIEN. Néant. Il serait fort à parier qu’il n’y a aucun exemplaire sur l’île de l’ouvrage dont il est question (version française), d’un des plus grands auteurs réunionnais. Ignorance de la part de ceux qui exercent le métier de libraires ? Scandale plutôt. « Une des formes de l’exclusion moderne est l’absence de miroir », écrit le plus réunionnais des écrivains métropolitains, Jean-Claude Carrière.
Alors, je me prends à rêver d’un monde presque parfait : d’une île à touristes où chaque Réunionnais deviendrait serveur, hôtelier, femme de chambre, maître d’hôtel, maître nageur, cuisinier, pâtissier, réparateur de clim, guide de montagne, emploi vert, cantonnier, à latotale disposition du touriste de base, dans une sorte de nouvel esclavage consenti. Ce serait des touristes verts, bien entendu, en masse, bien propres sur eux (et en dehors), touristes labellisés, à faible indice carbone... Entre lagon, sports nautiques, randos, et parapente, sourire obligatoire, petit paradis du tourisme vert, mais sans aucun Réunionnais… On y vient sans doute, peu à peu, on a commencé par enterrer un à un les écrivains — des enterrements discrets, pendant que les jeunes diplômés partent... À l’instar de Paris qui se mue en ville-musée, faire de l’île un paradis pour touristes : ce serait le meilleur moyen de la préserver, n’est-ce pas ? La Réunion n’est pas sur la voie de devenir ce que son nom promet : un grand centre intellectuel de l’Océan indien, au carrefour de l’Asie et de l’Afrique, entre Inde, Chine, Madagascar, les Comores et l’Occident. La France a les moyens ; s’en plaindra-t-on ?
Jean-Charles Angrand
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