
Kèl volonté zénéral ! In pé la boir kossa !
30 juin, parMézami zot i koné lo kozman k’i di konmsa : « la loi sé lékspréssyon la volonté zénéral. ».Poitan défoi ou lé a’dmandé kossa i lé oziss volonté (…)
11 janvier 2018, par
Un coquillage mangé par la mer. La mer, ce mot si court à écrire, si long à décrire… Je reprends ma relecture où je l’avais laissée, chapitre X, « la rectification des noms » :
« « Allons, cette vieillerie des dénominations ? Ming Kia, l’École des Noms. » Le geste emphatique, il cita : « La rectification a pour but l’harmonie… Confucius, n’est-ce pas ?
- La réalité est un tout, et le langage l’instrument qui permet d’en isoler les éléments, c’est-à-dire d’effectuer des distinctions.
- Au moment où nos frères paysans sont écrasés par la fiscalité, au moment où les intellectuels sont méprisés, toi tu poétises ?
- … et ces distinctions doivent être justes. Ce fait de découpage qu’entreprend le langage à une fonction d’analyse et de pesée. Nominaliser, c’est porter un jugement de valeurs ; c’est ça que les Français ne comprennent pas. » L’éditeur regardait son interlocuteur par-dessus sa loupe.
« Tu crois que ça va faire avancer le pays ?
- Il faut commencer par ça. Nous créons notre chemin avec et par le langage. À nommer, nous entrons dans le paysage du monde.
- Nous y sommes déjà.
- De travers. Les mots ne sont pas accordés à la réalité. C’est quoi « colonie », « colonisation », « citoyenneté », « respect », « liberté », « égalité », « révolution » ? C’est quoi ?… Les Français ne le savent même pas… Ils croient « civiliser », et ils oppriment le peuple vietnamien ; ils se croient d’une « race » supérieure à la nôtre : nous avons inventé la poudre pour notre agrément, et eux s’en servent pour écraser… Voilà sur quoi porte cet ouvrage que je prépare. Sur ces notions qui fondent une civilisation.
- Je vais te dire ce que tu es, Trinh cao Dong : un constitutionnaliste. Tu crois pouvoir régler les choses par des bouquins… Réfléchis : tu écris pour qui ?…
- Pour les Vietnamiens, je traduis en quoc ngu des œuvres politiques, pour les former à la démocratie ; et en français pour rééduquer tous les gros blancs grossiers, qui ne sont pas dignes de leur culture.
- Tu n’as pas compris ma question : tu écris pour qui ?
- Je t’ai répondu, Duoc.
- Eh bien, je vais te dire : les paysans vietnamiens sont analphabètes à 80 %, la France les tient dans cette ignorance ; et d’autre part qui sont ces Blancs qui vont te lire ? Tu crois que dans son bureau Monsieur le Banquier va te lire ? Il ne sait que compter.
- J’en ai connu qui lisait.
- Un pour cent de la colonie… Tu perds ton temps.
- Non, je sème des graines. C’est le nouveau Viêt-nam que je fais pousser.
- Combien de temps la graine va-t-elle prendre pour germer ? Et d’ici là, combien de coolies, d’expatriés, de spoliés, de battus, de torturés ? Et toi, qu’est-ce que tu fais ? Tu relis tranquillement tes épreuves, tu annotes, tu documentes. Bien calé à ton bureau. Accroches-y-toi !… (Il tournait dans la pièce, tira sur sa cigarette). Tiens, tu sais à qui tu me fais penser ? À ce fou qui s’accroche au pinceau alors qu’on est en train d’enlever l’échelle.
- La rectification des noms, ça sert à rendre les désignations correctes, Duoc. Tcheng ming : j’occupe ma place de typographe, d’éditeur, d’auteur, en faisant cela je participe à l’histoire de mon pays, j’y contribue. C’est petit, mais c’est utile. »
Nguyen kim Duoc se mit à rire et récita pour la boiserie du plafond : « Quelle que soit la vitesse d’une flèche, il est temps pour elle de ne point bouger et de ne point rester en place… Voilà comment a fini l’École des Noms, que tu sers si bien : la sophistique. Tu vas passer ta vie à te demander si le cheval blanc est un cheval ou pas…
- Kong-Souen Long s’est lancé dans une exploration linguistique spécieuse. Il a dépassé les frontières du bon sens. L’école de Confucius ne cautionne pas cette méthode.
- Confucius, Confucius, Mencius, tu n’as que ces mots-là à la bouche. Nous ne sommes pas chinois. On a été colonisé par eux. L’Inde a aussi créé des modèles. Regarde l’école de Tagore, de Gurukula. L’élève vit avec ses maîtres, maris et femmes se trouvent au même niveau spirituel.
- Oui, bien sûr. Mais nos racines culturelles, qu’on le veuille ou non, sont chinoises. Les Français ont voulu nous en séparer en nous faisant écrire en lettres latines…
- C’est une chance : nous pouvons nous émanciper culturellement de la Chine.
- Moi, j’y vois plus la volonté d’un déracinement qu’une réelle chance de renouveau culturel. Ma conviction est qu’il faut travailler à partir de notre fond chinois, c’est à partir de là qu’on trouvera une voie unique. Nous créerons notre chemin avec le langage qui est le nôtre : une autre voie que celle de la Chine ou de l’URSS.
- Par l’écrit, donc… Tu vois, tu es un constitutionnaliste.
- Le fruit Viêt-am n’est peut-être pas encore prêt à cueillir. »
Nguyen kim Duoc sortit à nouveau une cigarette d’un étui en fer blanc et en offrit à l’éditeur typographe. « Tabac gris ». Il souleva un in-folio écrit en chinois.
L’éditeur fixa le livre et dit : « L’indicible est aussi fragile, aussi léger que du papier de riz. Les porcelaines de Longshan dévoilent leurs motifs par transparence, au gré de la lumière… Y a-t-il une place pour ça dans notre monde ?
- Pour ça ?
- Pour la nuance ?…
- La nuance, c’est les délices de Capoue, Dong.
- Les Anciens parlent de l’erdi, « la double vérité »…
- Mais le temps vise à la simplicité. »
Un silence se fit. Puis Nguyen kim Duoc, faisant mine de lire un manuscrit, reprit : « Tu te souviens de mon jeune cousin ? Le jeune et brillant étudiant… Eh bien, les Français l’ont laissé pour mort sur la berge de la rivière To Lich tant chantée par nos poètes.
- … Et qu’ils ont transformé en égouts. Qu’est-ce qui lui est arrivé ?
- Il m’a raconté que la femme d’un financier bien connu est tombée amoureuse de lui. Elle s’est attachée à lui. Quand il a voulu se séparer d’elle : il n’allait pas faire sa vie avec une femme mariée, elle a essayé de le faire changer d’avis, elle a fait des crises de jalousie. Et comme elle a appris qu’il avait pris un billet, folle de rage, elle a inventé une histoire à son mari, prétendant que l’étudiant l’avait presque forcé. Il a été roué de coups par un contremaître ami du mari et du domestique annamite de ces gens. On l’a retrouvé presque mort… »
Jean-Baptiste Kiya
Mézami zot i koné lo kozman k’i di konmsa : « la loi sé lékspréssyon la volonté zénéral. ».Poitan défoi ou lé a’dmandé kossa i lé oziss volonté (…)
1993- La disparition de Lucet Langenier. Elle a été brutale, prématurée et a frappé douloureusement non seulement sa famille mais aussi ses (…)
10 000 citoyennes et citoyens – paysans, scientifiques, médecins et victimes – se sont mobilisés dans plus de 60 villes en France pour alerter sur (…)
La Réunion fait partie des régions françaises les plus touchées par les conséquences sanitaires, sociales et judiciaires de la consommation (…)
Médam zé Méssyé, la sossyété zot i ansouvien lo tan l’avé lo pou. Sa té in problèm pou zabitan noute péi pars pou-la sa i grate la tète, é i rann (…)
Les députés ont inscrit dans la loi un premier objectif d’atteindre « 87,5% » du Smic dès le 1er janvier 2026, tout en assurant de « prioriser le (…)
Le 16 juin 2025, le Tribunal administratif de Paris a suspendu en référé l’arrêté du 26 février 2025 ordonnant le blocage de 17 sites (…)
Le Président des Etats-Unis, Donald Trump a ordonné le bombardement de trois sites nucléaires en Iran, dans la nuit du 21 juin 2025. Dans une (…)
Les cours du pétrole ont connu une nette hausse à partir de la deuxième quinzaine du mois de juin, portés par l’extrême tension au Moyen-Orient et (…)
Des manifestants, réunis le 23 juin devant les institutions européennes, ont demandé la suspension de l’accord d’association liant l’UE à Israël. (…)
L’État poursuit son engagement en faveur de la transition énergétique et de la décarbonation de l’électricité à La Réunion. À l’issue d’un appel à (…)
Dans les départements d’outre-mer, près d’une femme sur deux qui devient mère ne vit pas en couple, configuration familiale bien plus fréquente (…)