
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
Saint-Denis
31 juillet 2015, par
Mardi 21 : Présence de Marie :
En remontant, ce jour, dans le car Loubadia intrigué par les événements de la veille, j’ai redoublé d’attention.
Je vis à nouveau le contorsionniste accroché à sa barre. Il circulait dans le bus se balançant d’un bras sur l’autre, comme l’animal le Paresseux sur la branche. Dans un tournant un peu sec, après l’arrêt de l’Hôtel des Impôts, il bouscula un usager qui, vindicatif, fit une remarque, l’acrobate rétorqua : « Si ou lé an kolèr kol anlèr, an la pli va tonbé va dékol a ou (Si tu es en colère, colle-toi en l’air, quand la pluie tomberas, tu décolleras) ». Tout le monde applaudit l’artiste qui contorsionnait aussi bien les mots que son corps : colère-colle en l’air, la pluie décolle, décolère. C’était extraordinaire. Et ce double sens du mot décoller, c’était admirable. Le récalcitrant recula devant les huées de la foule.
Puis, il y eut l’arrêt Lacroix, qui se faisait en marche : il fallait sauter jusqu’au trottoir, quelques comédiens avec matelas réceptionnaient les passagers qu’on jetait. Les sacs passaient par les fenêtres. « Rien de précieux ? », et hop ! On s’envoyait les objets et les gens comme de vulgaires sacs à patates, et les gens riaient, tout le monde voulait sauter : « s’envoyer en l’air », comme disait un passager. « L’homme aime être pris pour un sac de patates », me suis-je dit.
Impressionné par la prestation, je ne tardais pas à questionner deux ou trois de mes voisins.
« Moi, je reste toute la journée dans le bus ; ça me coûte cher, mais c’est si drôle ! »
Je tentais de poser une question à quelqu’un d’autre, mais il ne m’entendit pas. En tout cas, il s’éloigna alors que j’étais au milieu de ma phrase !
« On les a pris dans un asile », me fit un voisin. « Ce sont tous des repris de justice… Le chauffeur, on dit qu’il prend le zamal comme aspirine…
- Ouais, il fume le cancer de Bob Marley », observa son dalon. Mais alors, pourquoi ils restaient dans le bus ?
Ils prétendaient même qu’il n’avait pas le permis… « Rendez-vous compte, ils ont même construit le bus eux-mêmes, regardez ! », fit une vieille dame qui ressemblait tant à grand-mère, en montrant l’habitacle. Au moment où la vieille affirmait cela, je vis un des acteurs par la vitre baissée uriner dans une rue passante, aspergeant les piétons qui riaient de surprise : il s’était peint le bout en rouge… Et ce « nez » d’un certain genre était garni d’une paire de lunettes noires.
C’est à partir de ce jour-là que j’ai pris conscience qu’il fallait prendre en notes tout ce que j’allais voir : car personne ne voudrait me croire, ni moi-même : la mémoire est une belle infidèle.
La première chose d’ailleurs que je notais dans le petit carnet noir de moleskine dont je fis acquisition, qui m’accompagnait désormais était le slogan du car qui flottait en banderille dans les courants d’air, à l’arrière :
« Liberté à l’intérieur, normalité à l’extérieur ».
Mercredi 22 : Sainte Cécile :
Roulèr à bloc, les mélopées sulfureuses du maloya avait envahi le car. Les passagers n’hésitaient pas à accompagner le rythme, et à se joindre aux acteurs qui entamaient des danses africaines. Pas de surprise donc en cette sainte Cécile, patronne des musiciens.
Au fond du bus, je remarquai une horloge suspendue. Un des participants m’a renseigné, mais j’avais de la peine à l’entendre, à cause des roulèrs : « Hier encore, criait-il, elle sonnait n’importe quelle heure, de sorte que les usagers regardaient leur montre à tout bout de champ ; aujourd’hui, elle fonctionne à l’envers. » Quand j’en ai demandé la raison : « C’est parce que la musique, elle aussi, fonctionne à l’envers : à mesure qu’elle jaillit, c’est pour revenir sur soi, et remonter au plus profond… »
Je n’ai pas trop compris. Ça m’a même paru fumeux, comme explication. Mais pour passer le temps, j’ai dansé un peu, à la « cassé ko » des Guyanais.
(Suite au numéro de mardi…)
Jean-Charles Angrand
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