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30 août 2017, par
La chose n’est pas nouvelle : quand un nouveau pouvoir, quel qu’il soit, se met en place, un mot vient presque automatiquement dans sa communication, celui de ’ REFORME ’, indiquant par là-même sa volonté de changer, de transformer. C’est bien là que se situe le piège : ce n’est pas tant sa volonté réelle de changer qui est forcément en cause, même s’il est toujours possible qu’ il ne fasse rien de ce qu’ il a pu annoncer. C’est le contenu, l’orientation des changements qui comptent ! Nous retrouvons alors toute l’imposture, sinon toute l’escroquerie, qui réside dans l’utilisation du mot.
En effet, le mot “réforme” a un sens positif : changer pour améliorer. L’utiliser d’emblée à propos de ce qui se prépare pour le Code du Travail revient à un prise de position sans équivoque : ce qui nous est proposé ne peut être que bénéfique. Les journalistes qui l’utilisent sans hésiter, sans même réfléchir, se font ainsi immédiatement complices des intentions du gouvernement actuel, alors que, justement, l’idée même d’une amélioration dans les projets actuels du pouvoir relève de la tromperie et du mensonge pur et simple.
Qu’est-ce que c’est, en effet, que le Code du Travail : il n’est pas tombé comme cela du ciel ou de la bienveillance du patronat de l’époque, ni des gouvernants de la IIIe République. Il est né en 1906, en même temps que le Ministère du Travail,
dans des circonstances qu’il ne faudrait surtout pas oublier, à la suite de l’épouvantable catastrophe minière de Courrières, près de Lens, qui avait fait plus de 1000 morts parmi les mineurs de fond. La protestation qui avait suivi, en particulier contre l’attitude innommable de la compagnie minière, avait donné lieu à une grande grève des mineurs, sauvagement réprimée par le gouvernement de Clémenceau, comme il le fit d’ailleurs contre le grand mouvement de grèves en 1906 et 1907. C’est ainsi que furent arrachées de premières mesures sociales, contre le patronat et un gouvernement obligés de reculer, malgré la violence de la répression.
Ce qui vint s’ajouter ensuite résulte exclusivement de luttes sociales et politiques, comme en 1936 avec le Front Populaire, en 1945-1946 à la Libération, avec des ministres communistes dans le gouvernement, ou encore, lors des grandes grèves de 1968. Depuis, le patronat et les gouvernements successifs à son service, n’ont eu de cesse d’encadrer strictement, de limiter, de rogner, de faire reculer ce qui a toujours été arraché de haute lutte par les travailleurs, comme on a pu le voir sous le pouvoir de Hollande que, sans rire, certains prétendent encore pouvoir qualifier de “Gauche” ! Alors, prétendre que les Ordonnances concoctées par Macron viendraient améliorer le contenu d’un Code du Travail issu de plus d’un siècle de luttes ouvrières, relève d’une malhonnêteté et d’une escroquerie intellectuelles inacceptables.
Jean-Paul Ciret
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