
Turbulence à la Mairie de Saint-André
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22 février 2011
Disons-le et répétons-le, car la chose est grave : l’école républicaine est scandaleusement taillée en pièces par le pouvoir sarkozien, qui entend non plus seulement « dégraisser le mammouth » comme s’y essaya en son temps le sinistre Claude Allègre, mais carrément fermer boutique partout où ce sera possible, en ne laissant subsister — à l’image de ce qu’il a fait pour le secteur hospitalier — qu’une carte territoriale allégée d’établissements peu coûteux, destinée à scolariser à peu de frais le tout-venant de la jeunesse populaire. Sarkozy est en passe de s’inscrire dans notre histoire comme le président qui aura imposé à l’Éducation nationale le système “leader price”.
Si cette forfaiture historique est déjà particulièrement grave au plan national, elle entraîne pour La Réunion des conséquences catastrophiques, puisqu’elle stoppe en plein vol l’essor d’un système éducatif très jeune (notre académie n’a même pas trente ans d’existence), en pleine croissance au niveau des différentes filières, et devant faire face dans les 20 ans qui viennent à une vague démographique considérable : 25% de la population actuelle, ce qui équivaudrait pour le pays à une déferlante d’une quinzaine de millions d’habitants !
Pour cette raison, la mobilisation exemplaire des personnels enseignants et administratifs, des lycéens et des associations de parents d’élèves apparaît comme parfaitement justifiée, et doit non seulement être soutenue activement par l’ensemble des forces démocratiques, mais relayée et amplifiée dans toute la mesure du possible. Entendons-nous bien : il ne s’agit ni de prendre une posture pour les Cantonales, ni même de mettre en difficulté le gouvernement. L’enjeu est bien plus crucial : il s’agit d’assurer la sauvegarde d’une institution qui — seule, absolument seule — peut permettre à chaque enfant, à chaque adolescent d’accéder aux savoirs, à la formation, à l’insertion sociale et citoyenne. Disons-le clairement : ni l’ordinateur, si réels que soient ses avantages, ni la presse, ni la télévision, ni la publicité, ni le téléphone portable, ni le smartphone, et toute la camelote électronique qui les accompagne, ne pourront jamais remplacer l’École dans cette haute mission : transmettre à tous les jeunes (je dis bien “tous”) les savoirs et les savoir-faire fondamentaux, les aider dans leur compréhension du monde dans lequel ils vivent, leur apporter en toute impartialité (donc en toute laïcité) les éléments qui leur permettront de faire leurs choix d’adultes, de s’insérer professionnellement, de devenir des citoyens libres et responsables.
C’est la stratégie inverse qu’a choisie le gouvernement. En cassant le système, il casse le modèle social français, occulte les voies de promotion, ou plutôt les restreint à quelques privilégiés. En concentrant les moyens sur quelques filières d’excellence, il balise dès le plus jeune âge deux itinéraires bien distincts : celui des élites et celui des autres, qu’on appellera selon le cas le peuple, les exécutants, les consommateurs, souvent les chômeurs et parfois la racaille.
Pour ceux qui en doutent, les chiffres parlent d’eux-mêmes : ainsi, d’après une enquête de l’Observatoire de la Vie étudiante, l’accès à l’enseignement supérieur des enfants des classes populaires a chuté de 35% à 31% entre 2006 et 2010. Et la dégringolade continue...
Pour se justifier, on réduit les moyens, en alléguant bien sûr la crise et le respect des équilibres budgétaires. Le cas des lycées professionnels est particulièrement parlant. A l’origine, les élèves préparaient en deux années le BEP dans ces établissements. A partir de 1985 (J.P. Chevènement était ministre de l’Éducation nationale, et le regretté Roland Carraz secrétaire d’État aux Enseignements techniques et technologiques), fut offerte aux élèves de BEP la possibilité de poursuivre leur formation en préparant, en deux ans, un Baccalauréat professionnel : le cursus total durait donc 4 ans. La formule remporta un succès réel, tant dans les filières de la production que des services, et à La Réunion, les lauréats au Bac pro représentèrent rapidement chaque année environ 18% des nouveaux bacheliers (tous Bacs confondus). Mais la droite revenue au pouvoir décida de ramener ce parcours de 4 ans à 3 ans, au prétexte que pour les deux autres séries, le Bac se préparait en trois ans. L’argutie ne trompa que ceux qui voulurent bien l’être. Ce ne fut le cas ni de la FSU, ni de son syndicat concerné, le SNUEP, qui refusèrent de signer, en décembre 2007, le protocole que leur proposait le ministère. Celui-ci imposa unilatéralement sa réforme, et depuis 2009 n’existent plus que les formations de Bac pro en trois ans. Et que fait le ministre en reniement de tous les engagements pris ? Il taille dans le vif en supprimant massivement les postes. La boucle est bouclée, et c’est autant de récupéré pour financer le bouclier fiscal ou les voyages « diplomatiques » des Fillon, Alliot-Marie et consorts !...
L’exemple des lycées professionnels est caractéristique, mais est loin d’être unique. Prenons les lycées d’enseignement général et technologique. Ils sont frappés par une réforme tout aussi régressive. Le ministre Chatel l’a déjà imposée en Seconde, et elle touchera la Première dès la rentrée 2011. En gros, l’instauration d’un “tronc commun” d’enseignements généraux (qui a déjà sinistré les collèges !) et l’uniformisation des séries technologiques aboutissent là aussi à des suppressions de postes, à l’augmentation des effectifs des classes, à l’appauvrissement des contenus d’enseignement (nombre d’heures disparaissent, comme l’histoire-géographie en série S). Sans compter que la filière technologique dans son ensemble est remise en question, alors qu’elle constitue une voie de valorisation et de réussite évidente pour nombre d’élèves.
Autre exemple : la formation des maîtres. Elle a été brutalement tronquée, avec la mise à l’écart des IUFM et l’affectation directe des lauréats aux concours devant des élèves, sans formation : le lycée “leader price” s’accompagne ainsi de formations “low coast”, qui conduiront le système tout entier vers le crash pur et simple.
L’enseignement supérieur n’est pas mieux loti. Valérie Pécresse s’y emploie à généraliser une pratique qui plaît fort à son patron : celle du « fundraising », c’est-à-dire du mécénat. Mais si les grandes universités peuvent obtenir quelques subsides de la SNCF, d’Alstom, d’AREVA, ou même... des laboratoires Servier (!), que peuvent espérer glaner les petites universités de province, et a fortiori celles de l’Outre-mer, dans le contexte de chômage massif et de récession économique que nous connaissons ? Là encore, le pouvoir sarkozien se pare des plumes du paon en prétendant ouvrir la voie à des financements nouveaux, mais dans la réalité, c’est à un véritable désengagement financier que devront faire face la majorité des universités et de leurs étudiants. Voie royale pour les uns, vaches maigres pour les autres : la philosophie libérale est en train de remodeler notre école, à la vitesse de croisière du bulldozer sarkozien. On voit clairement où elle veut nous conduire. Reste à savoir si nous la laisserons faire...
Un mot pour conclure. Invité dimanche soir au Journal de France 2, Dominique Strauss-Kahn, s’exprimant en qualité de Directeur général du FMI, a rappelé que dans un discours au Maroc, l’an passé, il avait déclaré : « La bombe à retardement, dans le Maghreb, c’est la démographie et le chômage des jeunes ». Qui ne voit qu’à La Réunion, les mêmes causes entraîneront les mêmes effets ? Qui ne voit que la casse de l’École ne peut qu’amplifier la déflagration sociale ?
Raymond Mollard
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