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Chronique de Raymond Mollard
7 décembre 2010
Comme tous les délégués et les invités (dont j’étais) du 7ème Congrès du PCR, j’ai été profondément touché — le mot n’est pas trop fort — par l’intervention de Julien Ramin vendredi soir. Car au-delà de l’analyse politique et de la rétrospective historique, certes remarquables, qu’il nous a présentées, c’est la mémoire vivante de tout un peuple que, par la magie des mots, le pittoresque des détails, la précision du souvenir, il a fait surgir aux yeux de tous. Ce voyage dans le passé, vibrant encore des batailles menées, a illustré sur une durée de plus d’un demi-siècle l’engagement de générations de militants, et remis ces luttes en perspective avec l’action des jeunes générations d’aujourd’hui, fortement présentes elles aussi dans l’assistance.
Il évoqua en mots simples et forts l’état sanitaire catastrophique de la population avant la départementalisation, l’habitat insalubre, l’incroyable misère où était plongée l’immense majorité des habitants de l’île sous le régime colonial. Puis la loi Vergès-Lépervanche du 19 mars 1946, la montée en puissance de la classe ouvrière (planteurs, ouvriers agricoles, dockers, employés du chemin de fer...), la longue marche vers des acquis qui nous sont tellement familiers aujourd’hui qu’on en oublie ce qu’il fallut d’efforts, de sueur et parfois de sang pour les arracher : l’accès aux soins grâce à l’obtention de l’AMG, le paiement accéléré des cannes aux planteurs par les usiniers, le salaire minimum (même inférieur à celui de métropole), le versement des prestations familiales (même amputées par le FASSO), puis l’indemnisation du chômage, l’enseignement primaire mis en place progressivement, malgré l’insuffisance du nombre d’instituteurs.
Il évoqua l’information confisquée, le maloya interdit, le 20 Décembre célébré en secret, l’emploi du créole banni, l’Histoire trafiquée, la Culture bâillonnée. On vit défiler la légion noire des fraudeurs, les élections truquées, les nervis impunis, les militants blessés ou assassinés, le ballet des matraques et des gardes mobiles, l’ordonnance scélérate du 15 octobre 1960, les délégués violemment exclus des bureaux de vote (parfois carrément défenestrés). On revit les urnes bourrées avec la bénédiction (ou à l’initiative) de l’administration coloniale, les résultats inversés, les sept ans de malheurs (1956-1963) endurés sous l’immonde figure du Préfet Perreau-Pradier (envoyé à La Réunion par un ministre de l’Intérieur nommé François Mitterrand !), le refus de Paul Vergès de céder à la répression, son départ en clandestinité.
Au diapason de cette symphonie de souffrances, d’avanies, de trahisons, de bruits de geôles, de coups de matraques, de réunions secrètes, de courses nocturnes au milieu des cannes, par laquelle Julien Ramin ressuscita ces années brûlantes, on aurait pu attendre une rhétorique sombre ou des incantations vengeresses. Il n’en fut rien : ni haine, ni vindicte. Et ce ne fut pas le moindre mérite de son discours que cette vision lucide, ce rythme posé, ce registre où la gravité n’excluait jamais la finesse, où le dramatique était souvent sublimé par l’humour : ainsi lorsqu’il évoqua l’affolement du procureur voyant le clandestin Paul Vergès entrer dans son bureau, ou le sermon “électoral” des prêtres qui se faisaient les croisés de l’anticommuniste les dimanches de scrutin, ou encore les fausses pistes vers lesquelles on lançait les gendarmes pendant que la réunion politique était organisée à l’autre bout de l’île...
Du même coup, cette épopée du fénoir prit la dimension d’un itinéraire initiatique, d’une quête humaniste, débouchant sur la lumière et sur l’espoir. Elle montrait que les humiliés et offensés, les sans voix, les gens de peu (Sarkozy dirait « la racaille », RFO les « cagnards »… et l’IRT « les Cafres du Port et du Chaudron »), bref, tous ceux que le pouvoir colonial voulut faire passer aux profits et pertes de son Histoire officielle, toute cette piétaille d’ignorance, de pauvreté et de misère, loin de rendre les armes, a constamment et admirablement résisté. Et de les avoir accompagnés dans cet impossible combat est tout à l’honneur de ceux qui, venus parfois d’un milieu social favorisé, ont fait le choix solidaire de la lutte politique, du militantisme syndical, de la bataille pour l’emploi, du droit au savoir pour tous, de la revendication culturelle et identitaire. D’où les conquêtes successives, les avancées opiniâtrement obtenues comme autant d’étapes sur cette longue marche : la création du CRADS, du PCR, de l’ADENOE, les élections gagnées malgré la fraude. Et bien sûr la création de “Témoignages”, « organe de défense des sans défense », dont les rédacteurs, un peu comme les héros de “La guerre du feu”, entretinrent la flamme contre vents, tempêtes, saisies et condamnations.
« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent », a écrit Victor Hugo.
Que Julien Ramin, porté par la fraîcheur pugnace qui sied à un militant de soixante-dix-huit ans, trouve ici le témoignage de notre admirative gratitude : il a su montrer qu’il n’est pas à La Réunion un homme, une femme, un jeune d’aujourd’hui, si démuni soit-il, qui ne soit, d’une manière ou d’une autre, héritier de ces victoires et dépositaire du devoir qu’elles impliquent : celui de reprendre le flambeau, d’éclairer le chemin, de continuer résolument à inventer l’avenir.
Raymond Mollard
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