
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
9 novembre 2010
La France célèbrera après-demain le quatre-vingt-douzième anniversaire de l’armistice de 1918. Je pense que le devoir de mémoire est un devoir sacré, et pour ce qui me concerne, chaque commémoration du 11 novembre m’est l’occasion de penser particulièrement à mon propre père, qui fit cette guerre dans l’artillerie lourde, et combattit notamment à Verdun et sur la Somme. Encore faut-il savoir de quelle mémoire on parle. Et, surtout, faire l’effort d’entendre, derrière les sonneries de clairons ou les claquements de drapeaux, le vrai message qu’ont voulu transmettre aux générations du futur ces générations englouties : c’est, tout compte fait, le plus bel hommage qu’on puisse leur rendre.
J’ai, pour cette raison, trouvé particulièrement opportune et émouvante la rediffusion sur la chaîne “Planète”, le 31 octobre dernier, du film de Jean-François Delassus : “14-18 : Le bruit et la fureur”, que France 2 avait diffusé (à la grande indignation de quelques-uns) après son journal de 20h le 11 novembre 2008. A partir d’un montage d’images d’archives colorisées et d’extraits de films de fiction, l’auteur nous fait revivre de l’intérieur, par la voix d’un soldat inconnu (âgé de 24 ans au printemps 1914), l’effroyable épopée que ce jeune “poilu” a vécue au côté de son ami Léon, qui n’en reviendra pas. Ce qu’il veut, en nous invitant dans les tranchées, c’est « dire la puanteur des débris humains mêlés à la boue, dans ce terreau de mort ».
Il le fait sans misérabilisme, ni patriotisme de pacotille, en nous guidant, comme Dante dans son Enfer, au long d’un voyage halluciné au fond des tranchées, au cœur des assauts, sous le déluge des tirs d’artillerie lourde, dans les corps à corps à la baïonnette ou parmi les blessés et agonisants, opérés à vif dans des conditions épouvantables, brisés, amputés, gazés, monstrueusement défigurés comme ces « gueules cassées » qui défilent à l’écran, et pour qui la survie sera parfois pire que la mort. On y voit s’édifier, bien loin des flonflons de l’historiographie officielle, un gigantesque monument de monstruosité humaine, où plus rien ne conserve de sens pour ces combattants de l’absurde, ni les valeurs morales, ni la conscience humaniste, ni la simple logique militaire.
On y voit la science, la technologie et l’appareil économique mis au service de ce qu’on baptisera désormais « l’industrie de guerre », où Joffre exige que la production d’obus, qui était de 10.000 par jour au début des hostilités, passe à 275.000 !
On y voit le recours aux gaz asphyxiants, aux lance-flammes, aux mines souterraines, aux attaques aériennes, par avions ou par dirigeables, la destruction des villes, des villages, des fermes, le bombardement des populations civiles, la guerre sous-marine totale sans distinction des cibles.
On y voit les autorités politiques s’en remettre lâchement aux états-majors, et quelques ganaches galonnées jouer au yoyo avec des centaines de milliers de vies humaines. On y voit Joffre et Haig déclenchant le 1er juillet 1916, parallèlement au brasier de Verdun, l’offensive sur la Somme ; puis Nivelle remplaçant Joffre, et s’obstinant sur le Chemin des Dames à envoyer des dizaines de milliers de soldats à la boucherie contre le mur du feu allemand ; puis Nivelle écarté au profit de Pétain, lequel commence par mater les mutineries à grand renfort de pelotons d’exécution.
On y voit les tentatives désespérées d’auto-mutilation de ceux qui, cherchant à échapper à l’horreur, se retrouvent le plus souvent liés au poteau et exécutés par leurs propres compagnons de misère.
Paul Valéry lancera en 1919 son fameux cri d’alarme : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Certes, mais la véritable et terrible nouveauté tenait au fait que la destruction venait de l’intérieur même de ladite « civilisation », qu’elle était le pur produit des progrès scientifiques et technologiques, face auxquels l’héritage culturel n’avait pas pesé lourd. Qui aurait pu penser que des peuples qui avaient vu naître Gutenberg, Goethe, Kant, Beethoven, Hegel, d’une part, et Pascal, Descartes, Berlioz, Victor Hugo, Pasteur, d’autre part, se rueraient l’un sur l’autre avec une sauvagerie de hyènes se disputant une charogne ? Nos romantiques du XIXème avaient inventé l’expression imagée de « mal du siècle » pour évoquer leur tourment intérieur. Qui aurait pu penser qu’à l’aube du siècle suivant, le « mal » prendrait soudain la forme, immédiate et bien réelle celle-là, d’une hécatombe de 19 millions de morts, dont 1 million 700.000 pour la France, et parmi eux 1.700 Réunionnais (*) ? Qui aurait pu croire, surtout, que ce massacre n’était que le premier élément d’un triptyque d’horreur, et qu’au mépris de toute leçon, de toute sagesse, Verdun serait complété bientôt par Auschwitz et Hiroshima ? Voilà pourquoi, quelque respect qu’on doive à nos anciens, il nous faut être prudents avant de parler de victoire ou de défaite, de bien ou de mal, de coupables ou de victimes.
Revenons à La Réunion en 2010 : tout au long des manifestations de lycéens et d’étudiants que nous venons de connaître, nos esprits forts (il y en a tant !) ont fait assaut de sarcasmes envers cette jeunesse écervelée qui, pour eux, manifestait sans raison, sinon pour échapper à l’ennui des cours. Que leur répondre, sinon que la tragédie de 14-18 est l’exemple historique parfait de ce qui attend une société quand sa jeunesse ne se révolte pas face à l’alliance objective d’une aristocratie en fin de vie, d’une armée revancharde et d’une bourgeoisie repue ?
A propos de la guerre d’Espagne, Bernanos écrira plus tard devant la barbarie franquiste : « J’ai été frappé par cette impossibilité qu’ont les pauvres gens de comprendre le jeu affreux où leur vie est engagée ».
C’est à cette compréhension que s’est attaché Jean-François Delassus, et son film aurait mérité à mon sens une rediffusion sur les chaînes publiques. On pourra en tout état de cause le retrouver sur Google, et peut-être mieux comprendre, ce faisant, le cri de Prévert dans son immortel « Barbara » : le ver qui sert de titre à la présente chronique me semble davantage porteur d’espoir que les millions de croix qui peuplent “Les Grands Cimetières sous la lune”.
Raymond Mollard
(*) Voir la thèse de Rachel Mnémosyne “Soldats réunionnais dans la guerre de 1914-1918”, qu’avait présentée “Témoignages” dans son édition du 10 novembre 2006.
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11 novembre 2010, 17:36, par Didier Lombard
Neuf millions de morts, voilà le bilan de la Première Guerre mondiale commémorée le 11 novembre.
Les dirigeants disaient à l’époque aux ouvriers, aux paysans envoyés dans les tranchées qu’ils allaient défendre la patrie. En réalité, ils allaient mourir pour les grands groupes capitalistes qui se disputaient des zones d’influence et le droit de piller les peuples des colonies.
Cette guerre devait être la « der des der », la dernière des dernières.
Elle aurait pu l’être, car la guerre n’était pas encore finie que le pouvoir de la bourgeoisie, responsable de la guerre, le pouvoir des maréchaux genre Pétain, étaient contestés par des mutineries, des grèves, des insurrections. En Russie, la révolte s’est transformée en révolution. Un peu partout dans cet immense pays les ouvriers, les soldats, les paysans, élirent dans les usines, dans les casernes, dans les villages, des conseils – soviets en russe – qui les représentaient vraiment. Et le 7 novembre 1917, une insurrection écarta le gouvernement bourgeois en place, pour donner le pouvoir aux soviets.
Le nouveau pouvoir proclama sa volonté d’arrêter immédiatement la guerre et se mit à transformer la société en expropriant les grands propriétaires terriens et les capitalistes. Il appela les autres travailleurs à fraterniser et à mettre fin à la domination capitaliste.
Cela n’était pas un vœu pieux. Dans les mois qui suivirent, la moitié de l’Europe se couvrait de conseils ouvriers. Le renversement du capitalisme n’avait jamais paru aussi proche.
Mais la classe ouvrière allemande a été vaincue, surtout parce que la bourgeoisie allemande a trouvé dans la social-démocratie, un allié décisif d’autant plus efficace contre les travailleurs qu’elle avait leur confiance.
Le capitalisme a survécu. Les bourgeoisies anglaise et française ont consacré leur victoire sur leur rivale allemande par le traité de Versailles qui morcela l’Europe, établit des dictatures un peu partout en Europe de l’Est, puis le fascisme en Italie et consolida l’oppression dans les colonies d’Afrique ou d’Asie.
Et onze ans après la Première Guerre mondiale, ce fut le krach à la Bourse de New York et l’effondrement de l’économie américaine.
Puis, la crise s’est étendue partout dans le monde capitaliste. L’économie allemande s’est effondrée à son tour. Des millions de travailleurs se sont retrouvés brutalement au chômage, les artisans ruinés. Les bases objectives du nazisme étaient là.
Lorsqu’en 1933, la bourgeoisie allemande confia le pouvoir à Hitler, c’était pour briser la classe ouvrière, mais aussi pour pouvoir la mobiliser dans une nouvelle guerre pour repartager le monde qui allait faire cent millions de morts.
Alors, si les travailleurs ont à se souvenir de quelque chose en ce 11 novembre, c’est des crimes du capitalisme et de la nécessité d’y mettre fin.
de la part des militants de Lutte ouvrière