Depuis la loi du 21 mai 2001, la traite négrière et l’esclavage ont été reconnus « crime contre l’humanité ». Cette loi a été l’aboutissement d’années de mobilisation pour inscrire dans l’Histoire nationale plus de deux siècles qui ont profondément transformé la France et le monde. Cette loi fait également du 10 mai la date de la commémoration nationale de l’abolition de l’esclavage. Alors qu’il a été attribué à chacun des Départements d’Outre-mer, depuis 1983, un jour férié en mémoire de l’abolition de l’esclavage (le “20 Désanm” à La Réunion), le 10 mai revêt une importance particulière : désormais, l’esclavage n’est plus seulement l’affaire des Ultramarins, mais aussi celle de tous les Français, sans distinction de race et d’origine. Le racisme — et toute organisation de société qui en découle — doit être condamné universellement. A travers cette reconnaissance nationale, c’est la responsabilité de la France dans cette période sombre de l’Histoire qui est reconnue, mais aussi son devoir de mémoire vis-à-vis des descendants d’esclaves, notamment dans les programmes d’Histoire, qui consacrent encore trop peu de place à l’enseignement de l’histoire de la traite négrière dans l’océan Indien.
Un regroupement d’associations, le Kolektif Lané Eli, a décidé de faire de 2011 “l’année d’Elie”. Cet esclave reconnu (et malheureusement pas assez connu) pour avoir mené la révolte de Saint-Leu en 1811, révolte qui a marqué l’histoire de l’esclavage à La Réunion, puisqu’au lieu de « marronner », prendre la fuite pour les cirques, ces esclaves se sont organisés pour aller arracher leur liberté. Ils refusaient d’attendre d’être affranchis : conscients de leur égalité, le traitement injuste et inégalitaire dont ils faisaient l’objet devait cesser. Ces esclaves réunionnais n’étaient pas dans la résignation de leur condition : ils ont cherché à comprendre, puis se sont indignés. De l’indignation est née la révolte.
La lutte incessante des esclaves pour leur liberté a contribué à l’extension des idéaux de la démocratie, et le mouvement abolitionniste fut l’un des premiers grands mouvements internationaux pour les droits humains. Ce pan de notre histoire mérite d’être plus massivement connu !
On a brisé les vieilles chaînes, mais l’Homme est prisonnier de nouvelles chaînes. A La Réunion, dont l’histoire est marquée par deux siècles d’esclavage — soit la moitié de notre histoire —, il convient de s’interroger sur la manière dont ce passé influe sur notre présent et comment les inégalités nées de cette période ont pu se perpétuer à travers l’Histoire. Il convient de se demander : qui se retrouve au bas de l’échelle sociale aujourd’hui à La Réunion ? Qui est davantage frappé par le chômage, la délinquance, l’exclusion ?
Je ne peux m’empêcher de penser à un autre grand combattant de la liberté, un certain Martin Luther King, qui avait un jour proclamé dans son célèbre discours “I have a dream” de 1963 : « Cent ans plus tard, le Noir vit à l’écart sur son îlot de pauvreté au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. Cent ans plus tard, le Noir languit encore dans les coins de la société américaine et se trouve exilé dans son propre pays. (…) Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que la liberté de mouvement du Noir ne lui permettra guère que d’aller d’un petit ghetto à un ghetto plus grand ».
La véritable libération serait aujourd’hui de mettre fin à l’apartheid social et aux discriminations nés du passé esclavagiste, pour que les idéaux de liberté et d’égalité ne soient plus des vains mots. Que « l’homme Noir se libère de lui-même », comme disait Frantz Fanon. Le 10 mai, rappelons-nous que tout combat se gagne dans la lutte.
Emilie Assati
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