
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
18 mai 2020, par
« Nous savons aujourd’hui que l’activité d’un système biologique, au niveau de l’organisme comme au niveau moléculaire, dépend de ses mouvements et non de sa seule structure ou de sa seule séquence. Autrement dit, au cœur de la matière vivante, une dynamique - c’est-à-dire forces et mouvements - est à l’œuvre à une température donnée, à telle pression, dans tel environnement, etc., à toutes les échelles. La dynamique est en effet quantifiable par une constante de force, la “résilience” qui informe sur la flexibilité, la rigidité du système, et donc sur ses mouvements et sur l’ensemble des interactions qui en découle. L’hypothèse de travail à partir de laquelle nous pouvons travailler, biologistes et physiciens, est qu’au cours des milliards d’années passées, l’évolution a sélectionné des structures dynamiques capables de maintenir le vivant dans les limites étroites requises pour l’activité biologique ». Marie-Christine Maurel, in (1), De l’inertie au vivant, 2013-2018.
Cette réflexion ci-dessus annonce d’inévitables réformes qui renouvelleront les pratiques médicales hospitalières et en médecine de ville. Celles-ci sont mises à l’épreuve conjoncturellement avec la pandémie du coronavirus (2), alors que notre attention épidémiologique devra porter, structurellement, sur le risque émergeant de nouveaux cancers (3) pouvant être liés au confinement qui, lui, engendre une inhibition comportementale dans un contexte anxiogène différemment vécu.
De toute façon et sans diagnostic d’état des lieux préalables de la santé de la population, nous prévoyons, dans la décennie à venir, que les pratiques médicales seront bousculées frontalement, ou, d’une manière plus douce, déductivement. Elles devront être en outre accompagnées politiquement du fait de récentes découvertes en génétique et de sa face demeurée trop longtemps dissimulée, l’EPIGENETIQUE. De surcroît, après plusieurs siècles de dualisme, corps et esprit sont rassemblés en 2030 selon une vision unitaire, moniste, quand des certitudes dissociant corps et esprit sont encore plus qu’encombrantes.
Ainsi, auparavant, l’étude des émotions était reléguée et enseignée, comme sous-spécialité, en faculté des lettres et sciences humaines. La biologie des émotions, enfin considérée comme une dimension essentielle de la biologie - avec cependant des difficultés à appréhender l’émotion au niveau d’une cellule - peut, de nos jours, s’évaluer par son comportement pulsatile et motile avec les technologies d’explorations visuelles. Celles-ci pénètrent l’intimité de ce qu’il est toujours convenu d’appeler l’unité fonctionnelle de base de tout organisme vivant : la cellule.
Concernant l’étude des émotions, on citera l’incontournable chercheur Antonio Damasio, (4), qui, neurologue initialement, se qualifie de nos jours à la fois de neuroscientifique, philosophe et psychologue. Nous y associerons le Professeur neurologue français Lionel Naccache qui, sortant de sa spécialité, s’est différencié des chercheurs en neurosciences en ayant consacré un temps, certainement important, à l’exploration de l’intelligence des découvertes freudiennes pour essayer d’extraire le bon grain de l’ivraie (5). Notre société a besoin de chercheurs particulièrement indisciplinés, c’est-à-dire dont la posture peut les conduire à sortir de leur discipline. Nous souffrons en France d’une pensée hégémonique freudo-lacanienne qui aura contribué à occulter les travaux du psychanalyste suisse Carl Gustav Jung. Le parcours de Jung aura été plus qu’indiscipliné puisqu’il rencontra tant des physiciens que des anthropologues ou des chercheurs quant à l’exploration exégétique et anthropologique des religions…
Edgar Morin, lui, nous aura mis en garde en évoquant les dérives obscurantistes liées à la dissociation des sciences de la vie et humaines. Les étudiants en médecine considéraient trop souvent l’enseignement de la psychologie comme une matière facultative. Et que penser alors de la sociologie qui explore les conditions et le mode de vie ?
1979 fut l’année de publication de l’ouvrage « L’inhibition de l’action », (6), synthétisant les travaux d’Henri Laborit. Je me permets de renvoyer le lecteur vers ce lien, (7). Le Professeur déduisait que chez l’homme, une inhibition de son action prolongée qui se répercuterait aussi bien sur le corps que sur les projections imaginaires mènerait, tôt ou tard, à la pathologie d’ulcères, d’hypertension artérielle, d’AVC, etc., même peut-être au cancer et jusqu’aux maladies psychiatriques. Une sorte de déni que de telles conséquences pathologiques puissent s’établir chez l’humain du fait d’une inhibition de ses capacités d’agir fut « institutionnalisée », dirait Cornélius Castoriadis, (8). Les travaux de Laborit furent discrédités par une frange conservatrice de médecins parisiens et occultés au sein des amphithéâtres d’enseignement des jeunes médecins, tant ses travaux dérangeaient. Il faut bien reconnaître que les habitudes des pratiques médicales abordaient le corps souffrant sans trop se pencher sur l’histoire du malade et sa subjectivité. Le malade face à son médecin devenait ainsi extrait de son contexte historique, le corps soigné indépendamment de l’histoire du sujet qui l’incarnait. Cette dimension occultée en 1979 devint hérésie en 2020 et nous en payons le prix avec l’augmentation exponentielle des dépenses de « santé », en fait de maladie.
L’année 2020, mars 2020 précisément, Alain Berthoz, neurophysiologiste, Professeur au Collège de France, publie un ouvrage de synthèse sur la biologie de « L’inhibition créatrice » (9). Il lui consacre 382 pages qui viennent étayer les découvertes irréfutables, désorganisantes physiologiquement, démontrées par Laborit (6) sur des mammifères de laboratoire, rats ou souris.
Dans cet ouvrage l’auteur scrute les moindres espaces où s’exercent l’inhibition et sa désinhibition. Cela révèle en pleine conscience au médecin qu’il ne peut plus exercer la médecine en continuant d’occulter la mémoire autobiographique du corps du patient sujet à des inhibitions pathologiques qu’il est supposé soigner.
Sans boule de cristal nous avançons la date de 2030, en l’espérant comme date butoir pour voir les pratiques médicales commencer à se métamorphoser.
L’expérimentation auprès d’animaux consistait à les soumettre à une palette de stress ou d’incitations assimilés à des punitions ou des récompenses. Laborit en explorait scrupuleusement la traduction somatique, jugée comme non transposable chez l’humain par ses détracteurs parisiens. L’« humanisation » en quelque sorte des animaux, confirmée avec la découverte des « neurones miroirs » - un mouvement de rapprochement empathique qu’Alain Berthoz contribua à amplifier avec son ouvrage sur « L’empathie » en 2004 – nous toucha, nous humains. Cela nous amena à ressentir-comprendre le sort de ces animaux par un « renversement empathique » à notre égard. Nous nous ouvrions à une autre réalité en nous-mêmes. Les investigations sur l’animal et l’humain d’Alain Berthoz parurent pour beaucoup dans ce changement qui s’opéra intuitivement en nous.
Énumérons quelques points de repère éclairants sur son œuvre éditoriale. En 1997, le Professeur publie « Le sens du mouvement » dans lequel il soutient que « le cerveau n’est pas un calculateur prudent qui nous adapte au monde ; c’est un simulateur prodige qui invente des hypothèses, modélise et trouve des solutions qu’il projette dehors ». Cette intuition digne d’un philosophe se présenterait, selon Berthoz, « comme une propriété physiologique ». En 2003, Berthoz publie « La décision ». Il y soulève la question : « Comment prend-on une décision ? ». En 2004, avant la découverte des neurones miroir chez les grands singes et la transposition de cette découverte chez nous humains, il ne se prononçait pas pour envisager les conséquences sur l’humain de l’empathie. Ce pas est désormais franchi. En 2009, il publie « La simplexité » qu’il qualifie d’ensemble des solutions trouvées par les organismes vivants pour que, malgré la complexité des processus naturels, le cerveau puisse préparer l’acte et en projeter les conséquences. Nous confirmons que pour Berthoz l’action occupe une place centrale. En 2013, il publie « La vicariance » avec comme sous-titre « Le cerveau créateur de mondes ». Il qualifie par-là cette capacité qu’ont nos sens d’en remplacer un autre qui fait défaut : lorsque nous tâtonnons dans le noir, ou lorsque nous devons, suite à un accident, suppléer un organe défaillant ; lorsque nous utilisons plusieurs stratégies pour parvenir à un même but ; lorsque nous multiplions nos identités pour naviguer dans le monde virtuel d’Internet ou de jeux vidéo. Chaque fois nous nous en remettons à des processus vicariants mis en place au cours de l’évolution. Cette vicariance, possibilité de remplacer une fonction par une autre, ou de déléguer une fonction ou une action à un avatar virtuel, est bien une stratégie essentielle. Elle permet à notre cerveau d’appréhender le monde extérieur et de nous y adapter en permanence ». On remarque que l’étude de l’action comme fil conducteur de ces recherches en fait une valeur existentielle et fondatrice du vivant.
Enfin en 2020, avec la publication de l’ouvrage « L’inhibition créatrice », (9), Berthoz considère que l’inhibition est une des plus importantes découvertes de l’évolution. « Elle est présente avec sa compagne la désinhibition à tous les niveaux du vivant - moléculaire, cellulaire, social, culturel. Sans l’inhibition, nous ne pourrions ni agir, choisir, décider, apprendre, mémoriser ni oublier pour laisser la place à des mémoires nouvelles. Sans les multiples formes d’inhibition que notre cerveau utilise, nous ne pourrions pas être empathiques, tolérants, innovants ou créateurs. De même, la méditation est impossible sans l’inhibition. Les perturbations du délicat équilibre entre excitation et inhibition sont à l’origine de maladies comme Parkinson, l’épilepsie, les troubles de l’attention, l’impulsivité, etc. »
On retrouve la personnalité enthousiaste de ce chercheur neurophysiologiste en évoquant la positivité de l’inhibition, bien qu’il n’évoque que quelques pathologies, sans exploration clinique. Cette retenue, nous l’interpréterons du fait de ses qualités de chercheur non médecin contrairement au chirurgien Laborit qui se lassa « d’agresser des estomacs » pour chercher les causes des ulcères en abandonnant son bistouri… C’est la seule critique mineure que je formulerai à cet ouvrage qui cherche à révéler la face positive de l’inhibition alors que Laborit aura relevé une multitude de pathologies liées à l’inhibition de l’action lorsque celle-ci est prolongée, pire lorsqu’elle se chronicise en se banalisant.
Voici donc deux ouvrages complémentaires, celui de Laborit et ce dernier de Berthoz, dont il est impensable qu’ils ne figurent pas en tête de liste de ceux que les étudiants en médecine devront explorer. Inéluctablement la pratique de la médecine s’en trouvera renouvelée au plus grand profit des patients.
Lionel Naccache qui se dit « intermédiaire » entre le chercheur qui explore des années une même question et celui qui « papillonne » (selon l’expression du médecin - chercheur) « en recherchant le changement qui permet de garder une fraîcheur, une capacité à se surprendre, à faire un pas de côté pour aborder une question différemment », in (10) pourrait-il nous aider à promouvoir une nouvelle médecine ? Ce pas de côté, le Professeur, en s’extrayant quelque peu des pathologies neurologiques lésionnelles explorées dans son laboratoire à la Salpêtrière - qui l’aident à découvrir fondamentalement les arcanes du cerveau « normal » - semble l’avoir réalisé. Il élargit, en effet, ses investigations dans la sphère des traumatismes psychologiques sans lésions organiques. Il cite par exemple une psychologue des USA (11), Naomi Eisenberger, Professeur en psychologie sociale à l’université de Californie, quand elle aborde le ressenti subjectif d’une « humiliation sociale » (non liée à une lésion somatique). L’humiliation sociale, on la retrouve entravant le développement des enfants dans les familles qui dysfonctionnent, à l’école qui récompense les bons élèves et stigmatise les « mauvais » avec des notes, chez l’employé qui ne peut se résoudre à agresser son patron en réponse aux agressions qu’il subit lui-même, de peur d’être licencié…
La subjectivité rentrerait-elle dans l’univers des sciences médicales ? L’ouvrage de Berthoz souligne les prodigieuses prouesses du vivant sélectionnées par l’évolution, alors que l’ouvrage de Laborit est opérant pour comprendre qu’une multitude de stress qui peuvent passer inaperçus se traduise en physiopathologies dont les symptômes ne sont que la face visible cachant un mal existentiel diffus. Edgar Morin a bien raison de dire (12) que « cette crise (du coronavirus) devrait ouvrir nos esprits depuis longtemps confinés sur l’immédiat ».
Réf :
1) Marie-Christine Maurel, De l’inertie au vivant, avec Patrick Forterre, Louis d’Hendecourt, et Christophe Malaterre, La ville brûle, 2018.
2) Frédéric Paulus, « Il va nous falloir du temps pour comprendre ce cataclysme planétaire », 07/mai/20020 : https://www.temoignages.re/chroniques/di-sak-na-pou-di/covid-19-il-va-nous-falloir-prendre-du-recul-pour-tenter-de-comprendre-ce-cataclysme-planetaire, 97982
3) Frédéric Paulus, « Nouveaux regards sur le cancer », 06/03/2018 :
https://fr.slideshare.net/FarzadFelezzi/nouveaux-regards-sur-le-cancer
4) Antonio Damasio, L’Ordre étrange des choses, O. Jacob, 2017.
5) Lionel Naccache, Le nouvel inconscient : Freud, Christophe Colomb des neurosciences, O. Jacob, 2006.
6) Henri Laborit, L’inhibition de l’action, biologie, psychologie et sociologie des comportements humains, Masson, 1979.
7) Frédéric Paulus, « La seule raison d’être d’un être, c’est d’être, c’est de maintenir sa structure… » selon le Professeur Henri Laborit et l’énigme du cancer, 12/11/2019 : https://www.temoignages.re/chroniques/di-sak-na-pou-di/la-seule-raison-d-être-d-un-être-c-est-d-être-c-est-de-maintenir-sa-structure-selon-le-professeur-henri-laborit-et-l-enigme-du-cancer, 96604
8) Cornélius Castoriadis, L’institution imaginaire de la société, Seuil, 1975.
9) Alain Berthoz, L’inhibition créatrice, O. Jacob, 2020.
10) Lionel Naccache, « Exercer sa lucidité », pp. 239-263, in Savoir, penser, rêver, Flammarion, 2018.
11) Lionel Naccache, « Des limites à la connaissance ? », pp. 42-47, in L’homme peut-il s’adapter à lui-même, sous la dir de Jean-François Toussaint, Bernard Swynghedauw et Gilles Bœuf, Ed Quae, 2012.
12) Edgar Morin, « Le Monde » du 19-20 avril 2020
Frédéric Paulus, CEVOI, (Centre d’Etudes du Vivant de l’Océan Indien)
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