49 ans et pas toutes mes dents

16 mai 2006

Condamnée au chômage éternel depuis mon licenciement pour motif économique (tu parles ! à cause de ripoux qui ont coulé la boîte avec ses employés et qui n’ont jamais été sanctionnés par la justice. Le droit des mairies doit être à part...).
C’est très dur d’être licencié à 40 ans, c’est rentrer dans la catégorie des "séniors" avant l’heure.
Bientôt 50 ans et aucune éclaircie malgré tous les efforts de formation, toutes les candidatures, toutes les démarches auprès des organismes de l’insertion et de la réinsertion. Déprimant.
Les jours passent, me lassent et je trépasse, tel devient le refrain du chômeur de base.
Il faut une sacrée dose d’énergie quand on cherche du travail à cet âge, pour croire malgré tous les signes émis que c’est encore possible.
Que l’on ne mourra pas avec la CMU, les alloc logement et le RMI dans un cercueil payé par la mairie (dans le meilleur des cas).
Pour cacher à ses amis et même aux autres la honte d’en être là. Pour ne pas les ennuyer, il vaut mieux se taire.
Certes on peut sauver les apparences et se fondre dans la masse des gens normaux, garder des signes extérieurs de richesse (intérieure), avoir des conversations légères sur des sujets plaisants, se laisser inviter à des spectacles, au cinéma sans trop se culpabiliser. Mais au fond, on se sent toujours étranger à cette vie et l’on finit par élaguer beaucoup autour de soi.
On n’a pas plus envie de rencontrer des gens comme soi. Quoi de plus pénible en rentrant dans des locaux ASSEDIC ou ANPE que de croiser le regard d’autres chômeurs ? Miroir ô dis-moi que ce n’est pas moi.
Et pourtant ça dure. Alors on finit par ne plus supporter personne et se convaincre que la solitude est la meilleure des compagnies.
Il faudrait qu’on cesse d’achever les chômeurs avec des commentaires, des attitudes de mépris, de rejet et de condescendance. C’est déjà assez dur à vivre.
Stop au massacre des érémistes et des autres qui ne trouvent pas leur place dans la société et qui font ce qu’ils peuvent pour survivre et avoir le sentiment de vivre.
Quel sentiment croyez-vous que j’ai en présentant ma carte de CMU chez le docteur ou à la pharmacie ? Est-ce enviable ? Est-ce condamnable ? C’est humiliant voilà tout.
Mais je n’ai pas le choix... pour l’instant.

Malou Désabu


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