Communiqué de Solidarité Internationale

A Gaza, comme ailleurs, l’aide ne doit jamais être instrumentalisée

9 mai, par Rédaction Témoignages

Depuis le 2 mars 2025, l’aide humanitaire n’entre plus dans la bande de Gaza. L’annonce d’une extension des opérations militaires sur le territoire risque d’aggraver une situation déjà alarmante. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL condamne fermement l’usage de l’aide à des fins politiques ou militaires et appelle à un accès immédiat et inconditionnel aux biens et aux services essentiels.

Cela fait plus de deux mois que les habitants de Gaza vivent sous un blocus total imposé par les autorités israéliennes qui interdisent l’entrée dans la bande de Gaza de tout produit commercial et de toute aide humanitaire.  

Alors que les autorités israéliennes envisagent de mettre en place un nouveau système de distribution de l’aide humanitaire qui ne serait pas accessible pour une partie de la population, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL réitère son attachement à une assistance qui respecte les principes humanitaires d’impartialité et de neutralité. L’ONG dénonce l’instrumentalisation de l’aide par les belligérants à des fins politiques ou militaires qui ne pourrait qu’aggraver une situation déjà catastrophique après 19 mois de guerre. 

La reprise des frappes aériennes israéliennes et les ordres d’évacuation fréquents depuis la fin du cessez-le feu ont rendu la situation humanitaire encore plus critique. Épuisés par un cycle incessant de destruction, de violence et de déplacements forcés, les Gazaouis se voient limiter leur accès, déjà restreint, aux services et biens de base comme la santé, l’approvisionnement en eau potable, l’éducation et l’alimentation. 

“L’extension annoncée des opérations militaires dans ce territoire dévasté engendrerait une “sur-crise” humanitaire tandis que nos capacités d’intervention humanitaires se trouvent déjà fortement compromises”, déplore Philippe Bonnet, directeur des Urgences chez SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.

Faute de carburant et d’équipements opérationnels, nos unités de dessalement et nos camions de distribution d’eau pour les camps de déplacés seront bientôt à l’arrêt, au moment même où les réserves d’eau potable en bouteille s’épuisent et deviennent inabordables en raison de la hausse des prix. Un pack d’eau coûte actuellement l’équivalent de 15 euros, une augmentation de 800 % du prix en l’espace de quelques semaines.

Nous, organisations humanitaires, tirons la sonnette d’alarme depuis des semaines face à la pénurie imminente de stocks et de ressources alimentaires, en vain, poursuit Philippe Bonnet. Les bombardements qui ont repris après la fin du cessez-le-feu le 18 mars rendent également les déplacements des populations, et de nos collègues sur place, extrêmement périlleux.”

L’ONG le réaffirme avec force : l’aide humanitaire ne doit pas être instrumentalisée par les belligérants pour servir des objectifs politiques ou militaires. Quand une partie au conflit contrôle l’aide, en décidant la manière dont les biens sont reçus et distribués, ou en en tirant un bénéfice réputationnel, le risque est immense que l’aide ne soit plus fournie en fonction des besoins réels mais en fonction de critères ethniques, religieux ou politiques, privant ainsi les personnes qui en ont le plus besoin.  

Face à la souffrance et aux dangers quotidiens endurés par les populations civiles, y compris leurs collègues humanitaires qui, même pris dans la guerre, accomplissent inlassablement leur mandat, nous appelons avec fermeté : 

  • A un arrêt des hostilités et à la reprise des négociations permettant la libération des otages et une résolution du conflit. 
  • A la réouverture des points de passage à l’aide humanitaire et aux échanges commerciaux, à la libre circulation de l’aide et la facilitation de l’accès humanitaire. 
  • A respecter, et à faire respecter le droit international humanitaire pour la protection des civils, dont les travailleurs humanitaires, et des infrastructures civiles. 
  • Au respect des principes fondamentaux de l’action humanitaire : humanité, impartialité, neutralité et indépendance pour assurer une distribution de l’aide humanitaire et un accès aux services de base de manière neutre et impartiale.  

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