À propos du ’p’tit train’

4 août 2003

La Réunion est bien un étrange pays : on y célèbre le seul train qui reste comme un outil de promotion touristique. Il a été la vedette de festivités organisées ce week-end à la Grande Chaloupe. On lui accolle régulièrement les qualificatifs de "p’tit" et de "lontan" pour souligner une sorte de tare rédhibitoire attribuée aux Réunionnais : leur incapacité à grandir ; et pour cultiver le souvenir et la nostalgie. Dans le registre, même "Témoignages" s’y est mis.
Mais le train à La Réunion ce n’est pas que du passé. Sous une forme différente de celle qu’il a connue jusqu’ici, en devenant un tram-train, il est appelé à répondre à un besoin essentiel qui devient de plus en plus pressant : le déplacement des femmes et des hommes de ce pays.
Puisque on continue à parler de lui au passé, rappelons que le train, plus exactement le chemin de fer a été le lieu de luttes sociales et politiques intenses (une pièce de Vollard "Lepervanche" le rappelle) et qu’il a aidé à unifier les travailleurs de La Réunion en étant un moyen de liaison entre les uns et les autres, en servant de trait d’union entre le souvriers des usines sucrières et les dockers. Qu’aurait été le mot d’ordre de "La Réunion département français" sans l’apport des cheminots réunionnais ?
C’est aussi un étrange paradoxe que de voir le village situé à mi-chemin de Saint-Denis et de La Possession célébrer le 40ème anniversaire de la création de la route littorale, comme si les deux villes que relie cette voie n’y auraient eu rien à gagner.
C’est un autre paradoxe que de célébrer une route en faisant la promotion du "p’tit train lontan". Est-ce une revanche de l’Histoire ? Ou est-ce une manière de rappeler l’erreur qu’a constitué la disparation du train et son remplacement entre Saint-Denis et La Possession par la route littorale ?


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