À Vincent Donadieu

17 juillet 2004

Salut Vincent ! C’est bien dans tes habitudes, de t’éclipser comme ça, en douce, sans prévenir. Il est vrai que tu nous as habitués depuis belle lurette à ne rien faire comme tout le monde, mais ça, c’est trop pour tes amis, je te le dis tout net. Mais comme on t’aime, on ne t’en voudra pas.
On s’est connu alors que tu chroniquais les assises pour “Témoignages”, et moi pour “le Quotidien”. Nos différends politiques n’ont jamais pris le pas sur une forte estime que je crois réciproque, parce que nos deux parcours, à bien y prendre garde, ont plus d’un point commun. Tous les deux, nous avons refusé les certitudes lénifiantes d’une situation bien assise, pour nous lancer dans l’aventure journalistique.
Faire carrière n’a jamais été notre propos. Hantise de la monotonie ? Certainement, mais aussi l’envie de connaître d’autres choses, d’autres mondes, d’autres aventures intellectuelles. Ça ne rapporte pas beaucoup, ça galère énormément, mais en revanche, qu’est-ce qu’on existe !
Nos routes se sont croisées plus souvent vers les années 80 : je me passionnais pour l’histoire locale, tu te passionnais pour les bateaux de l’ancien temps, c’était un autre point commun. Artiste dans les moindres fibres de ton âme, tu t’es jeté à corps perdu dans tes bouts de bois, tes colles et tes pinceaux, avec un talent que nous ne soupçonnions pas.
C’est pourquoi, sans nul doute, ton dernier véhicule, celui qui te conduit au paradis des rêveurs, prendra la forme d’une douce frégate aux voiles roulant gentiment dans l’alizé des humanistes. C’est un des plus beaux navires ; mais aussi un oiseau splendide qui se joue des grands vents, et se promène, majestueux, dans les courants chauds des vents tropicaux. À la saison des amours, son jabot se pare d’un rouge inimitable. Toi, tu es simplement paré des couleurs d’une chaude amitié et c’est pour ça que je t’en veux un (tout) petit peu : tu nous en prives.
Ah ! encore une chose que j’ai découverte avec toi : tu corresponds parfaitement à l’archétype du fumeur de bouffarde, sensible, généreux, rêveur, malicieux. Il y a quelqu’un, là-haut, qui fait un “strike” dans la génération des 50 ans et des poussières. Ça commence à devenir inquiétant, non ? Si tu as le temps, construis-moi donc une pirogue à balancier, c’est ce que je préfère quand le lagon est calme.
Amitiés, vieux frère.

Jules Bénard,
Saint-Pierre


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