Accession au trône de Charles III : quelle souveraineté pour l’archipel des Chagos ?

27 septembre 2022, par Kevin Lognoné

« Malgré la résolution de l’Assemblée Générale de l’ONU qui exigeait de l’administration coloniale de se retirer dans les six mois suivant la date de son adoption, cette partie de notre territoire reste occupée aujourd’hui. », a déclaré le Premier ministre de Maurice à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, le 23 septembre dernier.

L’archipel des Chagos est administré par le Royaume-Uni (Territoire britannique de l’océan Indien) mais revendiqué par Maurice, position soutenue par l’Assemblée générale des Nations unies. En ne faisant plus partie du Common Wealth, Maurice a rompu ses liens avec la Couronne britannique. A l’occasion de la 77e assemblée de l’ONU, le Premier ministre de Maurice, Pravind Kumar Jugnauth, a rappelé que plus de 2000 Chagossiens vivent loin de leur terre depuis la décision britannique de séparer cet archipel de l’île Maurice en 1965.

L’archipel des Chagos repose sur un plateau constitué d’une une chaîne de montagnes sous-marines de l’océan Indien. Cette chaîne de montagnes s’est formée par le point chaud de La Réunion lors de la remontée du sous-continent indien en direction de l’Asie à travers l’océan Indien. Outre les Maldives, les Chagos étaient une escale probable sur la route empruntée par les Austronésiens vers Madagascar, aussi bien depuis Sumatra que depuis le sud de l’Inde et Sri Lanka. En 1784, l’archipel a connu une présence française, avec l’installation permanente de Pierre Marie Le Normand, un planteur spécialisé dans le sucre et la noix de coco basé en Île-de-France (aujourd’hui île Maurice).

Dans les années 1960, les États-Unis s’intéressent à l’île de Diego Garcia, dans le sud de l’archipel, dont la position stratégique permet d’intervenir militairement partout dans la région et de contrôler les grandes voies maritimes par lesquelles passent les hydrocarbures et les matières premières.

A la tribune de la 77e Assemblée générale des Nations Unies le 23 septembre dernier, Pravind Kumar a fustigé l’occupation de la région de Chagos par les Britanniques : « Malgré la résolution de l’Assemblée Générale de l’ONU qui exigeait de l’administration coloniale de se retirer dans les six mois suivant la date de son adoption, cette partie de notre territoire reste occupée aujourd’hui. ». Le Premier ministre de Maurice a demandé instamment à la nouvelle Première ministre britannique Liz Truss de soutenir l’achèvement de la décolonisation. Un mouvement qui n’est pas en reste avec le processus de changement et d’articulation avec la politique étrangère des nations anglophones du Common Wealth.

Antigua-et-Barbuda organisera un référendum pour destituer le roi Charles III de la tête de l’État. Le Premier ministre de la nation des Caraïbes a déclaré que le vote aura lieu dans les trois prochaines années. En effet, le Premier ministre de la nation caribéenne d’Antigua-et-Barbuda, Gaston Browne, a promis d’organiser un référendum sur l’opportunité de destituer le roi Charles III à la tête de l’État dans les trois prochaines années, selon ITV News. La décision de se débarrasser des vestiges de son lien avec la monarchie britannique et de laisser le peuple voter pour devenir une république, a-t-il dit, n’était pas censée « représenter une forme quelconque de manque de respect envers le monarque. Ce n’est pas un acte d’hostilité, ni aucune différence entre Antigua-et-Barbuda et la monarchie ». Bien qu’elle ait obtenu son indépendance du Royaume-Uni en 1981, la nation fait toujours partie du Commonwealth, une organisation de 56 membres composée principalement d’anciens territoires britanniques. Le roi Charles III a été confirmé le 10 septembre dernier comme roi d’Antigua-et — Barbuda. Browne a déclaré que cela marquerait « une dernière étape pour boucler le cercle de l’indépendance afin de devenir une nation véritablement souveraine ».

Le plus jeune fils de la reine Elizabeth, Edward, et sa femme Sophie ont visité l’île en avril. Selon la salle de presse d’Antigua, Browne a parlé avec la famille royale du paiement des réparations à l’ancienne colonie et a clairement indiqué que la nation envisagerait de couper les liens avec la monarchie une fois que Charles deviendrait roi.

Il existe un précédent pour une telle démarche. En novembre 2021, la Barbade est devenue le premier pays à laisser tomber la reine à la tête de l’État en une trentaine d’années. Aucun autre pays ne l’a fait depuis que Maurice a rompu ses liens avec la Couronne en 1992. La mort de la reine a conduit à un débat accru sur le rôle de la monarchie à l’époque moderne. Le roi détient un rôle symbolique en tant que chef de l’État, mais le fonctionnement du gouvernement est dirigé par les nations du Commonwealth elles-mêmes.

Kevin Lognoné

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