Aérien : Sarko dit non au prix-plafond

29 juin 2006

Coll’air milite pour un prix-plafond sur le billet avion la Réunion-Paris. Il propose de "réguler sur toute l’année le prix du billet d’avion" autour de 690 euros. Cette proposition rappelle une pratique de l’ex-URSS. Le régime soviétique pratiquait une système de prix unique sur tout le territoire de l’empire et ce à un montant ne devant pas bouger dans le temps. Pour éviter toute modification de prix, ce dernier était gravé directement sur le produit.
En mars dernier, lors d’un séjour aux Antilles, Nicolas Sarkozy s’était déclaré favorable à un prix-plafond.
Depuis, il a changé son fusil d’épaule.
Le 5 juin, "France AntiIles" détaillant plusieurs propositions pour l’Outre-mer de Sarkozy candidat à la présidentielle, note ses réticences sur le prix-plafond. Le président de I’UMP ne peut adopter une solution qui va à l’encontre de son idéologie libérale. Il argue de l’existence de textes français et européens qui condamnent cette pratique. Il concède cependant que des révisions sont possibles.
Il explique que la pratique du prix-plafond pousserait les compagnies à relever leurs prix les plus bas afin de réduire d’éventuelles pertes. Il dit craindre une réduction de l’offre de sièges voire même un désistement de la part de certaines compagnies.
Le président de l’UMP avance ses solutions dont une révision du système de congé bonifié appliqué notamment aux domiens travaillant dans le secteur public ou parapublic en métropole. Il propose l’instauration d’un chèque-voyage de 1.200 euros quel que soit le coût du voyage.
Le candidat à l’Élysée veut remettre en cause la notion de service public liée à la liaison aérienne entre l’Outre-mer et la métropole. Il envisage la suppression de l’obligation d’une desserte régulière toute l’année. Il proposerait aux compagnies de n’assurer en période creuse que le quart des vols pratiqués en haute saison. Libéralisme oblige, Nicolas Sarkozy souhaite développer la concurrence et faire appel à des compagnes charters.
La question du désenclavement aérien de l’Outre-mer avait été une question clef de la présidentielle de 2002. Jacques Chirac avait fait de la réalisation de la continuité territoriale son objectif numéro un pour l’Outre-mer. Il avait été question d’élargir la concurrence. Le RPR avait prospecté auprès de financeurs pour mettre sur pied une compagnie ultra-marine. Cette solution ne pouvant se faire, Mme Girardin avait prospecté auprès de compagnies reliant un territoire ou un département d’Outre-mer à la Métropole. Il leur était demandé d’étendre à tout ou partie de l’Outre-mer leurs services. Mais ces compagnies - dont Air Austral - avaient fait savoir qu’elles ne pouvaient assumer une telle mission.
La question de la relation aérienne entre l’Outre-mer et Paris sera encore au centre des campagnes électorales de 2007. Le positionnement de Nicolas Sarkozy, s’il était confirmé, entraînera débat. Il vise à remettre en cause de manière définitive le principe du congé bonifié et les obligations de service public en matière de liaison aérienne outre-mer/métropole. La régularité des vols sur toute l’année n’est qu’un point parmi d’autres en termes d’obligations de service public. Il faut y ajouter d’autres aspects : le transport du fret, celui du courrier, celui des fruits et légumes expédiés en France, les tarifs dits sociaux (enfants en bas âge, personnes malades, etc.) À travers ses solutions, Nicolas Sarkozy cherche à dégager de manière institutionnelle autant que financière l’État de l’obligation de continuité territoriale. C’est sans doute sa manière d’aller dans le domaine concerné à la "rupture".

Jean-Max Samelor


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