Appel du collectif pour la défense de l’unité et de l’intégrité territoriale des Comores

27 septembre 2005

Les propos tenus par Monsieur François Baroin, ministre des DOM-TOM, remettant en cause la notion du “droit du sol” dans certaines collectivités d’Outre-mer - Guyane, Guadeloupe, Martinique, Mayotte et La Réunion ont suscité un véritable tollé en France métropolitaine et à La Réunion. Depuis 1804, le Code Civil, consacrant la force du droit du sol, a institué la possibilité pour tout étranger né en France d’obtenir la nationalité française à sa majorité. À travers l’Histoire de la République, le droit du sol a maintes fois été confirmé comme constituant l’un des piliers essentiels de la République française. Remettre en cause ce principe en instituant une exception pour certaines collectivités de l’Outre-mer est une dérive dangereuse. En effet, si le droit du sol n’avait pas été la règle, seule une minorité de Réunionnais dont les ancêtres sont originaires de l’Hexagone pourrait se prévaloir aujourd’hui de la qualité de citoyen de la République. L’égalité devant la loi est inscrite dans la Constitution, elle s’applique donc sur tout le territoire de la République.
Nous tenons, par ailleurs, à relever que le problème dit de l’ “immigration comorienne” à Mayotte est une conséquence directe de la décolonisation bâclée et inachevée des Comores. Si la France n’avait pas en 1975 détaché Mayotte de son ensemble géographique et historique, ce problème n’aurait jamais existé. Ce problème des flux migratoires entre Mayotte et ses îles sœurs est une question complexe qui ne peut pas être réglée par des mesures arbitraires, démagogiques et populistes. À l’instar du MRAP, de la Ligue des Droits de l’Homme, de SOS RACISME et de la LICRA, le Collectif désapprouve totalement les propos de M. Baroin qui cherche manifestement pour des raisons électoralistes à marcher sur les plates bandes du Front National.
Le Collectif tient à remercier chaleureusement les élus et organisations démocratiques de La Réunion qui ont désapprouvé publiquement les propos de M. Baroin. Nous tenons cependant à condamner de la manière la plus sévère les prises de positions de certains élus réunionnais et notamment celles de M. Ibrahim Dindar publiées par “le Quotidien de la Réunion” dans son édition du 23 septembre 2005. Reprenant la rhétorique du Front National, M.Ibrahim Dindar pousse le ridicule jusqu’à proposer la mise en place des tests ADN avant l’octroi de la nationalité française pour les enfants nés à Mayotte. Si c’est le droit du sang qui prévalait en France, M. Dindar n’aurait pas aujourd’hui la nationalité française car il est le fils de parents immigrés ; ce qui prouve l’absurdité de ses propos.
La communauté comorienne de La Réunion a été profondément blessée par les propos haineux et scandaleux de M. Ibrahim Dindar qui vise à rendre les Comoriens responsables de tous les maux dont souffre La Réunion et notamment en matière de logement. Compte tenu de cette agression gratuite et injustifiée, le Collectif lance un vibrant et solennel appel à tous les français originaires de l’archipel des Comores (Grande Comore, Anjouan, Mayotte et Mohéli) ainsi que tous les démocrates de La Réunion qui ont été touchés par ces propos irresponsables à se mobiliser afin de sanctionner M. Ibrahim Dindar lors du renouvellement de ses mandats politiques.
Le Collectif appelle tous les hommes éprix de paix, de liberté et de justice à se rassembler afin de rejeter le racisme et la xénophobie ainsi que toutes les thèses extrémistes consistant à pointer du doigt une des communautés vivant à la Réunion et à préserver le respect et la tolérance entre toutes les communautés vivant dans l’île ainsi que la cohésion de la société réunionnaise.

Le Bureau du Collectif


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