Apprentissage à 14 ans : une dichotomie sélective à bannir !

24 avril 2006

Le CPE laissera dans nos mémoires, dans les mémoires des jeunes lycéens et étudiants le projet symbolisant l’échec d’un gouvernement à résoudre les problèmes sociaux de notre pays.
Mais s’il y a un autre texte qui doit nous interpeller également, c’est bien celui de l’apprentissage à 14 ans. Il doit nous interpeller car il constitue un recul et une grave menace du droit au savoir pour nos jeunes et surtout nos jeunes en difficulté, notamment ceux issus de milieux défavorisés. Nous savons qu’en majorité, ce sont ces jeunes qui choisissent le plus souvent la voie professionnelle publique. Donc les orienter dès 14 ans vers la voie de l’apprentissage c’est accentuer un tri discriminatoire.
Le texte sur l’apprentissage constitue une remise en cause de l’accès à la connaissance. Faire un tri dès le collège, c’est limiter la généralisation de ce droit.
Il est certain que cela satisfasse ceux qui remettent en cause le collège à tronc unique (un sénateur de La Réunion s’est souvent prononcé pour cette remise en cause) justifiant leur choix par l’échec scolaire et à La Réunion, et par un fort taux d’illettrisme. Précisons quand-même que le problème de l’illettrisme trouve sa souche justement dans les inégalités existantes dès le plus jeune âge. L’idée de l’égalité des chances dans l’éducation n’est que pure utopie. Dans notre département, ces inégalités sont accentuées par le manque de moyens de l’école (faible taux de scolarisation à 2 ans, déficit de structures d’accueil pour la petite enfance, faible taux d’encadrement en personnels, nombre élevé du rapport élève par classe...).
À La Réunion, le manque de moyens est un des éléments expliquant entre autres l’échec scolaire et le fort taux d’illettrisme. Ces carences sont difficiles à surmonter dans un département à si forte poussée démographique et cela demanderait une mobilisation générale et une prise de conscience unitaire des acteurs et partenaires du monde éducatif.
Alors permettre l’apprentissage à 14 ans sans au préalable résoudre les problèmes à la source, serait une grave erreur pour notre jeunesse ! Cela serait un pas supplémentaire vers une dichotomie sélective du système éducatif : la connaissance à ceux qui ont les moyens et l’apprentissage pour les enfants des couches les plus défavorisées.

Éric Fruteau


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