Après la décolonisation politique, il reste la décolonisation spirituelle

30 janvier 2006

En ce moment, la presse réunionnaise parle beaucoup de l’esclavage et de colonisation, soit sous forme de courrier des lecteurs, soit sous forme d’articles, et une majorité de Français approuvent l’article de loi controversé demandant aux programmes scolaires de reconnaître "le rôle positif de la présence française outre-mer". Il serait peut-être intéressant d’interroger les descendants d’esclaves pour connaître leur opinion.
Les lecteurs qui ont visité les Musées de l’esclavage à La Réunion, sont choqués par les images qu’ils ont vues devant tant de souffrance infligée à des innocents.
Mais je suis surpris qu’on ne parle pas de la religion des colonisateurs, qui a fait tant de mal, notamment en Afrique et qui avait proclamé officiellement que les Noirs n’avaient pas d’âme !
Après 5 siècles de barbarie, les évêques catholiques africains ont demandé pardon pour les responsabilités de l’Église dans cette Traite négrière.
Le 8 janvier 1454, cette Église bénissait, le Pape en tête, l’esclavagisme, autorisant les pays colonisateurs à soumettre en esclavage les nègres et les païens. Les meilleurs esclaves étant offerts au Pape de l’époque. Ainsi, l’Église catholique a joué un rôle important en légitimant la Traite et l’Esclavage des Africains, en s’impliquant directement dans le partage des prédations négrières. Les abbayes, les monastères et autres lieux de résidence des religieux employaient les esclaves soumis à toutes servitudes et convertibles à souhaits au christianisme. Sans oublier le Code Noir qui régissait, dans les colonies françaises, l’ensemble des soumissions et tortures légales envers les esclaves. Ce Code faisait référence à l’Église catholique, seule religion autorisée dans les colonies françaises. On a même voulu présenter certains pays africains comme des collaborateurs volontaires à la démolition négrière. Quelle honte !
Le richissime Vatican, qui a accumulé une partie de sa fortune grâce à l’esclavage, ne devrait-il pas, pour prouver sa sincérité, payer des dommages financiers aux descendants des esclaves et aux pays auxquels ils ont été arrachés, privant ces nations de leurs forces vives et freinant gravement et pour des siècles, leur développement ? Ces pays, actuellement démunis, défavorisés que l’on dit avoir une dette envers les pays riches, ne devraient-ils pas être dédommagés pour atteindre un niveau social et économique plus décent ?
Après la décolonisation politique, il reste la décolonisation spirituelle. Et celle-là est beaucoup plus facile car aucune armée n’est là pour empêcher que cela se produise. Les illustres ancêtres noirs ne sont-ils pas des modèles bien plus sains que les dieux blancs judéo-chrétiens ? N’a-t-on pas lu dernièrement dans certaines presses africaines que Adam et Eve étaient noirs ?
Comment un Noir peut-il être fidèle de la religion qui a été complice de l’esclavagisme ? N’est-ce pas trahir et offenser la mémoire de ses ancêtres - convertis par la violence - et manquer de respect à leurs souffrances passées ? N’est-il pas temps de se faire débaptiser, de quitter cette religion qui a déraciné, enchaîné et vendu les ancêtres comme du bétail et de retourner au culte des ancêtres, afin de retrouver sa dignité ?
En même temps que la décolonisation spirituelle, il faut recommander aux Africains de susciter l’organisation d’une rencontre continentale des rois et chefs traditionnels africains pour créer les États-unis d’Afrique. L’actuel président du Congo, qui vient d’être élu président de l’Union africaine, pourrait en être le premier président, et ce pays, le siège de ces États.
Tous les Africaniens devraient se rassembler, c’est-à-dire tous ceux, qu’ils soient Africains ou non, qui veulent contribuer à ce que ce continent devienne le plus riche de tous les continents. C’est possible, grâce à la richesse des êtres qui peuplent l’Afrique et à celle sous sol africain.
Les Africains et leurs dirigeants ne devraient plus utiliser les noms chrétiens-colinisateurs et non-africains, de personnes, de villes, de pays. Il devraient les remplacer totalement par des noms d’origine africaine.
Le développement de l’Afrique doit passer par les sciences et technologies du futur, dont l’Internet, les nanotechnologies, les cellules souches, les OGM, etc... seul moyen d’endiguer complètement la famine sur ce continent. Il faudrait encourager les relations de coopération Afrique avec les pays non-colonisateurs comme la Chine, l’Inde, le Brésil, le Japon et la formation des Africains en Afrique, sinon dans ces pays. Il faudrait également inciter les jeunes africains à étudier les sciences et nouvelles technologies. Les Noirs sont les plus grands inventeurs du monde.
Enfin, un retour aux traditions culturelles, vêtements africains, coutumes ancestrales et à la culture de la féminité et de la non-violence, tout en appliquant les sciences et techniques nouvelles, serait tout à leur honneur.

Désiré Brémont


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