ARCELOR... Et maintenant que vont-ils faire ?

6 février 2006

Les rois de la privatisation se croyaient dans le train de la modernité, roulant vers l’avenir radieux du libéralisme et les voilà en pleine féodalité, à genoux devant le seigneur de l’acier...

Pourtant, de prestigieux universitaires, chercheurs, professeurs d’économie, les avaient mis garde sur le fait que chaque privatisation est une perte de souveraineté, doublée d’un transfert des moyens financiers de l’État, vers les casinos boursiers... Malheureusement, ils ont préféré écouter les moulins à prière du MEDEF : "Il faut libérer le marché, donnez-nous s’il vous plaît le contrôle des pôles stratégiques de l’économie (l’acier, l’énergie, l’eau, les télécoms, la poste, les transports, etc.,) et n’oubliez surtout pas de nous céder les milliards qui vont avec !? Faites en sorte que les gains de productivités restent dans notre poche, et celles de nos actionnaires en nous dispensant de payer des impôts... Ainsi soit-il !"

Endoctrinés par ce discours, les membres des gouvernements de toute l’Europe, ont privatisé à tout va, diminué impôts et charges, sans exiger de contreparties. Résultat, ils se retrouvent comme des Don Quichotte, sur les places publiques, à brasser du vent sous les moulins. Ils sont impuissants, démunis, de tous les leviers pour orienter une politique au profit de la population, dans des domaines aussi décisifs que les stratégies industrielles et donc la politique salariale, l’eau, l’énergie, les télécoms, les transports, les autoroutes en prime ! Reste encore l’électricité, mais jusqu’à quand ?
Questions : à quoi sert de voter pour des hommes politiques privés des pouvoirs économiques aussi essentiels ? Quel espace reste-t-il aux choix démocratiques des citoyens ?

Dans l’émission de Christine Ockrent du 1er février, Madame Parisot présidente du MEDEF, persiste et signe en prétendant que les États n’ont pas les compétences pour s’occuper de la gestion des entreprises, qu’il convient de laisser cette tâche aux actionnaires... Si comme le dit cette dame, les élus qui dirigent notre pays, étaient incompétents à ce point, nous aurions alors beaucoup de souci à nous faire pour la gestion de l’entreprise France !
Qui peut croire encore que les hommes politiques au pouvoir sont incapables de se rendre maître des secteurs clés de l’économie européenne, pour satisfaire les besoins de la population ? Auraient-ils moins de moyens et de compétences qu’un autodidacte indien, qui contrôle 12% de la production mondiale de l’acier ?

C’est invraisemblable ! Et toute notre histoire le démontre. Madame Parisot oublie par exemple que EDF, entreprise d’État, où la concertation avec les salariés était effective, n’avait rien à envier à ses concurrentes du secteur privé. Qu’il s’agisse de ses performances, ou du niveau de vie de ses employés ! Imaginez la puissance d’un service public de l’énergie à la dimension européenne, qui regrouperait dans son sein les entreprises d’électricité de toute l’Europe !
Face à cette perspective fondée sur la coopération, le projet des ayatollahs du libéralisme, qui organise la concurrence guerrière entre les entreprises d’électricité de notre continent, apparaît bien archaïque. De plus, c’est la porte ouverte à toutes les OPA hostiles, et à l’affaiblissement de l’Europe !
Il faut dire aussi, que si le développement de l’économie Française d’après-guerre avait été confié à des actionnaires, exigeant une rentabilité à court terme, le TGV, airbus, Ariane Espace n’existeraient pas et l’Europe dans ces domaines serait dépendante des USA... C’est clair, dans la configuration crée par les idéologues du libéralisme, la loi du plus fort s’impose contre la démocratie, MITAL gagnera contre ARCELOR...
Heureusement, d’autres alternatives peuvent demain voir le jour. Il existe dans notre pays, et en Europe, des hommes et des femmes politiques élus ou non, capables de gérer notre économie. Des associations, des syndicats, qui se battent, pour un meilleur partage des richesses, en veillant à la préservation la planète. Des militants alter mondialistes, qui agissent pour la reprise de contrôle à l’échelle de l’Europe et du monde, des leviers économiques, par les citoyens et leurs représentants. Ce projet de société qui s’élabore peu à peu, passe par un développement de la démocratie, dans tous les domaines : politique, social, et surtout économique... Peu à peu, les choses avancent, reste à mettre ces forces sociales en synergie, mais c’est un autre train !

Didier Le Strat


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