Arrêter le ’fait du prince’ dans la Fonction publique territoriale

30 juin 2006

Malgré le faible nombre de titulaires dans les effectifs des Collectivités territoriales, peu de responsables d’exécutif s’empressent de combler le retard. Pire, ils s’exécutent avec délectation pour assurer les missions d’État, moyennant Contrats aidés (les variables d’ajustement, discours alter-mondialistes, dans la bouche des élus, peuvent en étonner plus d’un...). Les arrières pensées clientélistes sont à peine voilées dans ces desseins.
La dégressivité des aides de l’État dans les Contrats d’avenir ne leur fera guère changer le fusil d’épaule, ils feront, sans scrupule aucun, porter la charge sur les jeunes pour leur octroyer des contrats de 2 ans au lieu de 5 voire des 8 ans récemment obtenus.
Et il y a pire, les projets pharaoniques montés dans les communes, médiathèques, pistes régionales d’athlétisme... avec les fonds européens ne sont pas pensés pour "fonctionner", si bien que les festivités d’inauguration passées, ils doivent se rendre à l’évidence que les moyens de fonctionnement ne sont pas prévus. Deux alternatives s’offrent alors à eux :

- les confier aux Communautés de communes dans lesquelles ils siègent avec de grasses indemnités,

- poursuivre la gestion communale avec de nouveaux précaires.

Le Conseil général ne fait guère mieux : pour alléger les dépenses des communes, non seulement il y a les CAC (Contrats d’Aide aux Communes et non un gag), mais il y a aussi le déclassement de certaines voiries au profit du Département, le tout à la tête du client, vous l’aurez compris. Pour le personnel, avec ou sans concours, les anciens élus deviennent agents.
En dépit des parcours de formation initiale et professionnelle des jeunes plus performants, les mêmes solutions, sinon les pires, leur sont encore
offertes. Le CDI reste la dernière trouvaille, condamnant ainsi “l’heureux” bénéficiaire à une carrière au SMIC.
Il va de soi que, lorsqu’il s’agit de rejetons d’élus ou encore de jeunes "indiqués" par la sphère politique, des postes sont ouverts dans les collectivités les plus proches pour les intégrer. L’échelle 3 sans concours fera dans un premier temps l’affaire, il sera fait remarquer à ce “pistonné” qu’avec 53%, il sera bien doté. Si d’aventure le CV du jeune est de bonne tenue, le concours sera envisagé, l’attache du Centre de gestion sera prise jusqu’à état de siège pour arriver aux meilleurs résultats escomptés. L’échec du rejeton offre encore l’alternative de faire voter en catimini la fermeture du poste. Les oppositions sont peu averties de ces questions, et le public déserte généralement ces assemblées de notables.

Une autre solution s’offre encore à ces fils de notables, c’est le statut de contractuel, chargé de mission, chef de projet ou tout autre vocable susceptible d’anesthésier le contrôle de la légalité pendant 3, 4 voire 5 ans, en attendant les prochains dispositifs de résorption de l’emploi précaire dans les Fonctions publiques.
Le chômage endémique sévissant dans le département donne tout le relief nécessaire au "fait du prince", responsable de tant d’égarements dans les Collectivités territoriales.
Les budgets des Associations para-municipales excédentaires jusqu’aux échéances électorales sont abondés d’une année sur l’autre sans retenue aucune. Les postes vacants reconduits d’une année sur l’autre gonflent artificiellement les investissements et permettent ainsi de nouvelles constructions renforçant l’image des grands bâtisseurs.

Mais les problèmes des "reçus collés" n’a rien à voir avec tout ça, me direz-vous ? Eh bien non ! La CFDT fait ce constat quotidiennement et n’hésite pas à saisir le contentieux pour obliger ces responsables d’exécutifs au respect des listes d’aptitude.
Au-delà, il y a, il est vrai, la lourdeur de la facture titularisation proche du milliard de francs, cotisations CNACRL incorporées. La CFDT et l’Intersyndicale avaient proposé aux Maires, comme pour l’intégration, de faire un pas supplémentaire vers la titularisation avec une augmentation de 0 à 35% à planifier dans le temps. Ces propositions ont été rejetées pour la fumisterie du CDI montrée comme la dernière trouvaille par l’actuel Préfet et ses exécuteurs de basse besogne que sont les Maires de Saint-André et de Sainte-Rose. À ce jour, tout est au point mort, et la colère gronde. Les élus et les futurs élus ne peuvent se terrer longtemps sur ces questions (est-ce un hasard que dans ce monde-là, plus de 60% d’entre eux relèvent de la Fonction publique d’État ?).
Le contribuable est sans contexte interpellé par ces questions. Mais l’État qui reste malgré tout seul responsable des salaires dans les Fonctions publiques, notamment à La Réunion, doit prendre toutes ses responsabilités au côté des Maires dans le traitement de cet épineux dossier dans lequel les “reçus collés" ne sont que l’une des facettes.

Le Secrétaire général du syndicat INTERCO CFDT,
Alain Many


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