Dimanche, j’irai voter mais sans illusion

4 juillet, par Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

La Réunion était à la pointe des débats d’idées qui animent le monde entier : réchauffement climatique, évolution démographique, mondialisation des échanges et révolution technologique. Les politiques publiques découlent de la manière d’apprécier la gravité de ces changements permanents. Plus personne ne rigole sur le réchauffement climatique quand les inondations emportent tout sur leur passage. C’est une victoire idéologique sans précédent et une contribution politique majeure qui vise l’union populaire sur l’essentiel.

Paul Vergès, au Sénat, et Elie Hoarau, à l’Assemblée Nationale ont arraché un vote à l’unanimité d’une loi portant création d’un Observatoire qui avait pour but d’approfondir les connaissances et d’anticiper sur les politiques publiques du 21e siècle. La loi Vergès-Hoarau a été votée, le 19 février 2001. Ainsi, grâce, en particulier, à 2 Réunionnais, la France dispose d’un outil efficace qui a conduit à la tenue de la COP21, en décembre 2015, et à l’adoption du Traité de Paris sur le Climat. L’année suivante, le 4 novembre 2016, le Traité est entré en vigueur. Le 12 novembre 2016, Paul Vergès s’est retiré définitivement ; peut-être a-t-il considéré que sa contribution au monde était suffisante et qu’ainsi, celle-ci allait inspirer ceux et celles qui l’ont combattu. La Réunion n’a toujours pas publié ses instruments de ratification du Traité universel d’essence réunionnaise.

Depuis 2010, le rempart idéologique et politique patiemment construit a été renversé. Tous les projets concrets qui visent à l’union des Réunionnais ont été détruits. Le Front National, jusque-là marginal, s’est engouffré dans le vide idéologique. Les faiseurs d’opinion ont considéré que Mme Le Pen était une citoyenne ordinaire. Elle devenait plus que fréquentable. Quelles illusions ! Les adversaires du PCR et de l’Alliance ont laissé faire. Ils-elles n’ont rien fait pour éclairer le peuple et l’entraîner à affronter l’intru.

La transformation est apparue lorsque l’organisation de Le Pen était en tête dans les 24 communes réunionnaises, aux Européennes de 2019. Le peuple, sans défense, a été soumis aux idées dominantes de Le Pen et du Front National. En 2024 aux Européennes, le peuple exprime le ras-le-bol par une abstention record de 76,63%. Au lieu de retenir ce signe exceptionnel de résistance populaire, c’est la thèse d’une infime minorité qui est balancée comme vérité.

On aurait pu croire qu’après un tel séisme électoral, la sagesse républicaine aurait été la norme dans des relations publiques rénovées. En dehors des Institutions, le peuple désespéré attend un nouveau contrat social qui règle ses problèmes. C’est en 2013 que l’INSEE déclare : « La Réunion, un département socialement hors norme ». Il faut donc de nouvelles normes. Assurément consensuelles. Dans la confrontation idéologique, l’union la plus large est un mot d’ordre qui convient face aux thèses d’une minorité agissante.

Au premier tour des Législatives, malgré le battage médiatique qui accrédite l’arrivée du RN au pouvoir, la majorité des électeurs Réunionnais ont boudé les urnes (près de 55%). Reste quand même une progression électorale du RN. Dimanche, j’irai voter mais je n’ai aucune illusion sur l’efficacité collective des 7 élu-es. En 1945, Vergès et Lépervanche ont tracé l’Histoire. Les fascistes avaient été battus. A Paris, ils ont parlé d’une même voix. Ils n’étaient que 2. Il n’y avait pas le confort des voyages, en direct, en 1ère classe.

Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

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