Le plein emploi, à l’échelle locale, n’est qu’une pure question de volontarisme
25 avril, par
A La Réunion, presqu’une personne sur 2 est au chômage alors qu’elle est en situation d’occuper un poste ou de s’adonner à une activité. Les autres, dont je fais partie, à l’approche de ce 1er Mai, nous remercions le Bon Dieu de nous avoir gratifiés d’un emploi ou d’une entreprise, et, respectivement de nous faire bénéficier d’un employeur bienveillant ou de salariés agiles et consciencieux à même de faire réussir le projet, le dessein et la stratégie définie par les actionnaires et/ou les élus (ou les pouvoirs publics).
Force est de constater cependant que, rien ni personne, n’ose s’attaquer au tabou du chômage si ce n’est par la stigmatisation de celles et ceux qui n’arrivent pas à s’en sortir. Si donc, au lieu d’adopter ce comportement de dénigrement, délétère, puérile, arrogant et stérile, nous apprenions à nous entraider localement. Vous me direz comment ? Surtout à l’heure où petites comme grosses structures vacillent sous le poids de leurs charges et de leur niveau d’endettement record.
Bien entendu, il n’y a pas une seule voie à emprunter, ni une seule vision des choses, pas plus qu’il n’y a qu’une seule méthode d’action. En ce moment, beaucoup crient d’effroi quant au développement de l’intelligence artificielle et à ses potentielles menaces sur les emplois. En réalité, ce qui est menacé, ce sont les agents non formés à l’utilisation de l’intelligence artificielle et de ses ressources incommensurables en termes de disponibilité et de pouvoir de synthèse des connaissances, en termes de résolution ultra-rapide des tâches, en termes de pouvoir de rendre caduques les sites web eux-mêmes et plein d’autres dégâts collatéraux tout comme autant d’opportunités envisageables, mais non encore exploitées. Il nous faut mettre l’argent comme la technique au service de l’Homme et non pas de son asservissement.
Aujourd’hui, il nous faut penser pour panser la plaie du chômage et/ou de l’inactivité.
Il nous faut d’abord continuer à nous battre pour nous former gratuitement au travers des ressources disponibles sur le Net ou au travers des livres ou encore au travers des sessions de formation auprès des boîtes de formation « nouvelle génération » qui forment autour de l’entreprenariat, du « mindset », de le psychologie, de la rhétorique, de la théâtralisation ainsi que de la motivation, en bref, sur toutes les thématiques qui renforcent notre « pouvoir d’agir » autour des « soft skills » (management, communication, développement personnel).
Ensuite, il nous faut apprendre à raisonner en termes de gestion de projet, de modèle d’affaires (business plan), de remplacer les discours soporifiques ou les entretiens insipides par des pitchs (argumentation condensée, captivante et concise) et former nos enfants, dès le plus jeune âge, dans les cours classiques, à se comporter en véritables entrepreneurs de leur future vie.
De même, il nous faut nous préparer à occuper plusieurs postes en même temps, soit monétiser nos passions pour en faire un complément de revenus, soit se former entre 2 emplois, à occuper le futur job qui nous permettra de mieux rebondir. Dans cette perspective, qu’une agence RH puisse voir le jour spécialement dédiée à la reconversion professionnelle serait une idée à creuser. Pour compléter ce volet, que tous les bénévoles puissent produire à l’Association, auprès de laquelle ils consacrent de leur temps et de leur énergie, un C.V dynamique décrivant l’étendue de leurs compétences, talents et dons (gastronomie, petites réparations d’urgence, bricolage, sport, jeux de société, informatique, réparation, renforcement scolaire, entretien des jardins…) afin que la structure associative puisse publier un recueil des CV de ses bénévoles en format pdf et/ou en version papier. Ce qui permettra de développer l’économie du troc et de l’échange de services.
De la même façon, à l’échelle du voisinage et/ou d’un quartier, en plus de faire de plus amples connaissances avec ses voisins, nous devrions pouvoir favoriser le tissage de ce genre de relations qui ne peuvent qu’êtres positives et qui fait circuler l’argent dans le cadre de circuits ultra-courts et de proximité immédiate, car ce concept n’est pas l’apanage de l’agriculture bien qu’il en soit issu. Il peut s’étendre à tous les types de services rendus et de biens et marchandises vendues à condition qu’elles aient été réalisées par soi-même et non pas issues de l’achat-revente sur des sites internet dont on taira le nom en raison de leur irrespect manifeste des conditions de dignité de leurs travailleurs, le plus souvent, des femmes et des enfants dans des contrées lointaines que le village mondial a faussement rapproché les uns des autres. A contrario d’un commerce de proximité devenu moribond, faute d’avoir su ou pu se réinventer, en fidélisant davantage la clientèle, et, en misant sur le « phygital » et des services complémentaires offerts. Et puis, un peu de croissance verte et vertueuse ne peut faire que du bien à nos portes-monnaie tant individuellement que collectivement, parce que si mes voisins s’en sortent et que je m’en sors aussi, on guérirait bien des plaies en replaçant les solidarités croisées au centre de nos relations pour plus de dignité, plus de respect, plus de succès, plus de bienveillance.
Youssouf Omarjee