Avec Clearstream, le débat institutionnel ouvert

23 mai 2006

La 5ème République, même sous De Gaule (dossier du SAC) a connu son lot de scandales. L’affaire Clearstream est différente et reste la manifestation d’un règlement de compte interne à l’UMP et impliquant des hauts personnages de l’État. Au-delà, l’affaire pose un problème autrement plus important : elle est une crise politique et remet sur le tapis la question du fonctionnement des institutions de la République. Le débat était déjà ouvert avec le dossier du CPE, tout y était passé : la décision personnelle du Premier ministre, l’absence de concertation, le recours au 49-3 : la gestion par I’UMP de la crise avant que ce mandat lui soit retiré et la promulgation d’une loi dont le Président de la République appelle à ne pas appliquer un dispositif essentiel - L’image du Chef de l’État s’est considérablement dégradée. Elle était déjà passablement abîmée. En référence à De Gaulle et au gaullisme, on estime qu’il manque du sens de la légitimité démocratique et qu’il met à genou les institutions. On lui reproche, tour à tour, de s’être fait élire par près de 70% de l’électorat mais de se comporter en chef de parti, de ne pas s’être démis de son mandat après le résultat du référendum, exercice dont De Gaulle avait fait un pilier essentiel du pouvoir. Chacun imagine des solutions pour sortir de la crise. Difficile pour les non-avertis de distinguer entre ceux qui estiment qu’un simple toilettage voire un changement d’hommes suffiraient et ceux qui préconisent l’avènement d’une nouvelle République. Mais, Français Bayrou et le PS considèrent que le moment est venu de changer les règles. Il est plus ou moins question : du rôle du président de la République, de la durée de ses mandats - un renouvellement ou deux - utilisation du 49-3, des conditions du dialogue social et, voire, du mode de l’élection des députés...). Même Nicolas Sarkozy émet quelques propositions. En ce sens, l’analyse qui a conduit François Bayrou à voter la censure a été mal appréciée, Le Président de l’UDF estime que la crise actuelle peut profiter aux extrêmes. 2007 verra-t-il une réédition de 2002 sinon son contraire, c’est à -dire, un duel au second tour entre Le Pen et un candidat de gauche ? Il faut se préparer au débat institutionnel : il sera présent dans ta campagne électorale.

Jean-Luc Brézé


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