
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
7 janvier 2010
Moi je cherche les sépultures de mes ancêtres, je ne trouve pas. Grâce à mes recherches en généalogie, je sais qu’ils étaient esclaves à Saint-Paul, sur les propriétés Desjardins, Etan, la Perrière. Ou à La Possession, sur la propriété Texera, puis Técher… Peut-être ils sont dans les cimetières, mais je ne vois pas, même mes parents n’ont pas pu me montrer où ils sont enterrés. Je connais les tombes de mes grands-parents que j’honore le 1er novembre. Mais où sont les restes de mes ancêtres Irana, Danama, Andour, Soubadou, Faru… ? Je sais, pour certains, d’où ils viennent : Inde, Malaisie, Madagascar, côte Est d’Afrique. C’est tout, mais sinon pas plus.
Je ne suis pas historienne, comme certains (mais il faut de tout pour faire un monde !), et je pense que la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise est la bienvenue. Cela donnera une place à nos ancêtres esclaves.
Une anecdote : en 1996, j’ai fait une formation d’agent de développement dans une commune de l’Est. J’étais dans un quartier où le terrain appartient à un gros propriétaire terrien, qui cultivait la canne. Les habitants travaillaient pour ce propriétaire de génération en génération. Ils ne parlaient pas. J’ai pris le temps, j’ai parlé de moi. Ils ont alors parlé avec moi. Ils n’habitaient plus dans les “calbanons” — j’étais arrivée trop tard, car ils étaient rasés —, le propriétaire avait vendu une partie des terrains à un promoteur social qui avait construit immeubles et cases à terre, parce qu’il n’y avait plus de sécurité chez lui. Ils étaient maintenant logés dans ces immeubles ou ces cases à terre. Mais les travailleurs continuaient à partir travailler chaque matin en camion chez le propriétaire.
J’ai fait mon travail de terrain, j’ai discuté avec les uns et les autres, j’ai fait des photos, j’ai eu la confiance des gens. J’ai été même bien accueillie par la propriétaire, bien gentille, à qui j’ai expliqué mon projet d’expo sur la mémoire du quartier. Elle m’a prêté des photos. J’ai pensé que les temps ont changé…
Mais j’ai quand même bien vu par la suite que celles et ceux qui sont dominés depuis longtemps par le maître, en qui sont gravés les “oui monsieur”, qui en sont imprégnés, n’ont pas pu effacer l’obéissance. Une mamie de 75 ans, qui avait travaillé dès l’âge de sept ans sur cette propriété, était marquée à vie et cela je l’ai compris le jour de l’expo.
Ce jour-là, j’ai invité la madame propriétaire, elle est venue à mon expo avec ses deux petites-filles. Elle l’a trouvée très intéressante. Elle est alors partie voir la mamie, qui était son ancienne nénène, pour lui dire d’aller voir l’expo si elle ne l’avait pas encore vue.
Soudain j’ai vu arriver deux dames, la vieille mamie et une jeune mère dont le mari travaille sur la propriété de madame. Très émotionnée suite à la visite de son ancienne maîtresse, la mamie tremblait de peur.
− Ou la di madame in afèr si moin…
Je lui ai dit que non.
− Mé ou la di madame ke moin la pa vni war lexpo
− Non, moin la ryin di !
− Elle a di amoin : « alé war ! » Moin lé vni tout’suite
Elle a ajouté :
− Si talèr li arpasse, di byin a elle moin lé vni war !
J’étais hébétée de voir comment la vieille nénène “la gingn kapkap”. J’ai cherché à la rassurer, elle a regardé l’expo puis elle est repartie.
Les travailleurs qui vivaient sur la terre des gros propriétaires étaient vraiment bien dressés…
Un monsieur — dont les ancêtres étaient des “Antandroy” venant de Madagascar, comme beaucoup d’habitants de ce quartier — m’a raconté que le soir, un gardien faisait le tour des calbanons pour écouter ce qui se disait à l’intérieur, des fois que les travailleurs maniganceraient quelque chose contre le gros propriétaire. Ce qui fait que dans les familles, on ne racontait rien à la jeune génération, on ne disait pas comment c’était l’esclavage et sa suite. Les jeunes ne connaissaient pas l’histoire de leurs ancêtres. Comme dit le maloya de Firmin Viry, « Li parle pas… li balance la tête seulement… ».
C’est vrai ! Où allons-nous connaître notre Histoire ? Où, sinon dans un espace comme la MCUR ? Ma maman elle-même ne pouvait pas nous raconter l’histoire de ses ancêtres, du fait de cet interdit. Si bien que nos ancêtres sont partis avec leur secret. J’imagine combien ils ont souffert.
Nous non plus, souvent, nous ne parlons pas, nous avons suivi la pente. Nous restons dans le silence. Travailler sur le passé, avec les Réunionnais attachés à ce passé, cela aidera à rendre enfin visibles tous ceux qui sont restés symboliquement invisibles jusqu’à aujourd’hui, y compris leur descendance.
Ninine Michaud, Le Port
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