"Dans le manifeste pour un dialogue spirituel", les membres du groupe de dialogue inter religieux ont écrit en janvier 2000 : « Nous croyons que tous les hommes et toutes les femmes sont habités par la Lumière de Dieu. Par delà nos voies spirituelles différentes, nous sommes appelés à nous rencontrer, nous comprendre et nous aimer pour bâtir une société et un monde fraternels ». Les chrétiens, quant à nous, nous croyons que Dieu est Lumière révélée par Jésus "Lumière née de la Lumière", Lui, le frère universel qui permet de considérer tous les êtres humains comme les enfants d’un même Père. Ces convictions fondamentales nous montrent que la Lumière n’a pas de frontières. Aussi, c’est de tout coeur que nous souhaitons un joyeux Dipâvali à tous les Réunionnais d’ascendance indienne tamoule et plus particulièrement aux hindous.
Cette année, Mgr Michael Fitzgerald, président du Conseil pontifical pour le dialogue entre les religions, nous invite, chrétiens et hindous, à réfléchir sur le sens de nos fêtes religieuses et à voir ce que nous pourrions faire ensemble, dans le respect des uns et des autres.
Il écrit notamment : « Les fêtes religieuses nous invitent, non seulement à renouveler, à renforcer notre croyance en Dieu, le Bien Suprême de chaque être humain, et à raffermir nos relations les uns avec les autres, mais elles nous invitent aussi à redécouvrir, à réaffirmer respectueusement et à défendre courageusement notre propre dignité et celle de toute personne en tant qu’êtres humains créés par Dieu. J’ai toujours été impressionné par le fait qu’à l’occasion du Dipâvali, des hindous s’efforcent par tous les moyens, de promouvoir la réconciliation à l’intérieur des familles et entre voisins, amis et connaissances. Catholiques et hindous ne pourraient-ils pas étendre ces efforts pour accomplir une plus large réconciliation, une paix plus durable dans nos villes et villages, et même d’un bout à l’autre de nos pays, et dans le monde entier ?
"L’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain" se trouvent au cœur de la foi chrétienne. Comme responsable religieux, je perdrais la crédibilité si je permettais à cette vérité fondamentale d’être obscurcie. Vos différentes traditions hindoues (sampradaya) ne parlent-elles pas, d’une manière éloquente, non seulement de l’amour de Dieu pour nous et de notre amour pour Dieu, mais aussi de l’amour que les êtres humains doivent avoir les uns pour les autres ? La dignité de chaque personne a son origine en Dieu, le Créateur de tous, et la promotion, la protection et la défense de cette dignité forment une partie essentielle de la vie de chaque croyant. L’occasion de la fête du Dipâvali nous fournit une abondante matière à réflexion, quand la tradition hindoue nous informe comment la lumière l’emporte sur les ténèbres, comment la victoire du bien s’accomplit sur le mal et comment la haine cède la place à l’amour, à travers le pardon.
Que pouvons-nous, chrétiens et hindous, faire ensemble pour promouvoir et protéger la dignité de chaque personne humaine ? Une offense à une seule personne, commise au nom de la religion, n’est-elle pas une offense contre toute une tradition religieuse ? Rien dans le dharma hindou, ni dans la foi chrétienne n’enseigne la haine, le mépris ou le manque de respect pour les autres. La haine et le manque de respect d’une partie des croyants entraînent seulement un discrédit de la religion et de son rôle dans la société. Mais plus nous nous engageons à promouvoir la dignité de chaque personne humaine, plus nos traditions religieuses deviendront crédibles aux yeux des autres ».
Il est évident que ce message prend des accents particuliers dans le contexte réunionnais où il nous faut, encore et toujours plus, devenir des artisans de paix. Je profite donc de cette circonstance pour souhaiter aux Réunionnais les plus concernés par la fête du Dipâvali, la joie, la paix, la sérénité et la Lumière intérieure symbolisées par les innombrables flammes des petites lampes à huile. Partageons nos préoccupations communes en nous écoutant attentivement les uns les autres, conscients de notre responsabilité dans notre monde d’aujourd’hui pour bâtir notre unique communauté de destin sur cette île que nous aimons tous.