C.E.S. - C.E.C. : une prise de conscience s’impose

16 août 2003

Disons-le tout net : il est inadmissible que l’on puisse, de Paris, envisager une quelconque diminution des crédits affectés aux contrats emploi-solidarité (CES) et aux contrats emploi-consolidé (CEC) pour le deuxième semestre de cette année. Et ce, pour quelle que raison que ce soit, quand bien même les chiffres officiels feraient apparaître une certaine baisse du taux de chômage. D’ailleurs, à la lueur de la déclaration de la ministre de l’Outre-mer, Paris semble l’avoir compris.
Cela est impensable, d’abord, parce que le poids du chômage est tel à La Réunion que la moindre diminution des crédits affectés à ces contrats précaires n’est pas humainement acceptable. Et ensuite, il faut le dire, parce que depuis le début de cette année, on a procédé, en douceur, à une diminution drastique du nombre de contrats et donc du nombre de "bénéficiaires" de ces contrats.
En effet, entre 2002 et cette année, il s’est passé un événement qui est venu tout bouleverser pour l’ensemble des travailleurs privés d’emploi, mais également pour les titulaires de CES : c’est l’allongement de la durée préalable de travail ouvrant droit à l’indemnisation ASSEDIC.

Jusqu’au mois de décembre 2002, il fallait avoir travaillé quatre mois durant les douze mois écoulés pour pouvoir avoir droit à l’indemnisation ASSEDIC ; à partir du 1er janvier de cette année, cette durée a été portée à six mois durant les vingt mois écoulés.
La durée des contrats CES étant de quatre mois, les salariés qui arrivaient au terme de leurs contrats, jusqu’au mois de décembre 2002 justifiaient des conditions requises pour pouvoir avoir droit aux indemnisations ASSEDIC.
Les "employeurs" l’avaient d’ailleurs très bien compris et depuis longtemps, eux qui ont usé de ce système, organisant un véritable "roulement" de CES : quatre mois de CES, une période de quatre mois d’indemnisation ASSEDIC, plus, un peu d’allocation spécifique de solidarité (ASS), voire un peu de RMI et au bout du cycle, on revenait au contrat CES et ainsi de suite. Avec la prolongation à six mois de la durée d’activité préalable, la donne a changé. Après consultation des ASSEDIC, les "employeurs" ont décidé, comme ils en ont la possibilité, de prolonger les contrats CES de deux mois supplémentaires afin que les salariés concernés puissent avoir droit aux ASSEDIC.
Belle intention, s’il en est ; cependant, le résultat - cela se comprend aisément - a été une diminution importante du nombre de contrats et par conséquent du nombre de personnes concernées.
Très concrètement, à partir du chiffre de 73.000 mois de CES attribués à La Réunion pour les six premiers mois de l’année 2003 (équivalent à l’attribution des six premiers mois de l’année 2002), fourni par l’Association des Maires et par la Direction du Travail, on peut mesurer les conséquences :
• 73.000 mois de CES en 2002 correspondaient à 18.250 contrats de quatre mois et par conséquent à autant de salariés pouvant être employés.
• 73.000 mois de CES en 2003 ne correspondent plus qu’à 12.200 contrats de six mois et par conséquent à autant de personnes pouvant être employées.
La diminution est considérable : 6.050 contrats de moins (33% de diminution) et autant de personnes qui sont restées sur le carreau.
Si les 161.000 mois de CES attribués à la Réunion pour l’année 2002 étaient reconduits pour l’année 2003, il n’y aurait plus alors que 26.850 contrats de six mois au lieu de 40.250 contrats de quatre mois ; la diminution serait de l’ordre de 13.400 contrats. C’est là - qu’on le veuille ou non - une coupe sombre, effectuée en "douceur" certes mais qui n’est pas moins importante.

Dans de telles conditions, vouloir pour quelle que raison que ce soit diminuer le nombre de mois/CES attribué à La Réunion pour le second semestre 2003 est tout à fait inacceptable. Non pas pour des raisons de bon ou de mauvais fonctionnement des services : ce n’est pas là le problème principal de ces travailleurs, mais bien de ceux et celles qui ont la charge de ces services.
Non pas non plus parce que cela risque de créer quelques éclats ici ou là : ce serait le moindre mal, autrement cela voudrait dire que l’on est plus préoccupé par sa propre sécurité que par celle des travailleurs qui eux vont se retrouver sans emploi et sans aucune indemnité ASSEDIC.
Mais tout simplement par humanité, parce qu’il s’agit là d’un drame humain d’une grande ampleur et devant lequel personne ne peut rester insensible.
Ce serait là en tout cas une lourde responsabilité que prendrait l’actuel gouvernement, lequel semble l’avoir enfin compris.
Cela étant, ce système des contrats précaires dits "aidés" - parce que payés par l’État - a montré ses limites : il est grand temps d’en prendre conscience et de songer à le rénover pour répondre au besoin et à la demande de travail qui s’expriment de plus en plus fort. Cela a d’ailleurs été la proposition du président du Conseil régional il y a un peu plus d’un an, lorsqu’il avait saisi le CESR.


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