Comment sortir nos jeunes de la précarité ?

20 août 2008

En matière d’obtention d’un travail, les responsabilités sont partagées, et cela dès l’enfance. En commençant par les parents : certains s’occupent de leurs enfants, les accompagnent et les contrôlent dans leur travail scolaire, les encouragent ou les grondent selon les cas. On peut parier que cette marque d’intérêt portera immanquablement ses fruits à terme.

L’orientation scolaire et professionnelle représente le 2e cap à franchir : celui-là dépend des professionnels - hélas surchargés par manque de postes - mais aussi des parents. Pourquoi ne pas profiter de toutes les occasions offertes tout au long de l’adolescence pour faire découvrir à ses jeunes enfants et ados, les filières et les métiers ? Forums de métiers, brochures ONISEP etc... sont là pour informer et aider au choix d’orientation. Gageons que les parents qui conduisent cet accompagnement faciliteront le bon choix professionnel de leur enfant, d’autant que chacun sait qu’un jeune motivé par la branche choisie travaillera avec conviction et aura ainsi plus de chance de réussir.

Obtenir son premier emploi a toujours été la tâche la plus difficile, même si on est doté d’un diplôme. Encore d’avantage aujourd’hui à l’heure de la mondialisation vue la concurrence internationale acharnée avec les pays émergents qui peuvent produire à moindres coûts, mais aussi en raison de l’automatisation des postes de travail et de l’informatisation (progrès technique) qui font de plus en plus remplacer les salariés par des machines... Il faut être un employeur courageux pour s’acharner à produire en Europe au lieu de se décentraliser ailleurs. Nous sommes dans une île isolée de l’Océan Indien ce qui nous empêche de chercher dans les départements voisins ce qui n’arrange pas les choses...

Aussi conseillerai-je aux jeunes de se poser les bonnes questions suivantes : ai-je choisi le métier qui m’intéresse ? Ai-je un diplôme ? Pourquoi les employeurs me reprochent-ils un manque de qualification ? Est-ce que j’arrive à trouver un emploi localement ?
Pour choisir un métier, on peut se rendre au CIDJ, dans les CIO, Missions locales et ANPE (conseillers professionnels) et participer aux forums de Métiers organisés ici et là. Tout le monde sait cela, mais le faisons-nous systématiquement et hebdomadairement ?
Pour acquérir un diplôme si on n’en a pas à l’issue de la scolarité, il n’y a pas mal de solutions : les contrats d’apprentissage, de professionnalisation,
les formations AFPA etc...
Concernant ce reproche de "manque de qualification", il faut savoir que celle-ci consiste en un diplôme d’une part, une expérience professionnelle
en entreprise réussie d’au moins 2 ans d’autre part. Sinon on n’est pas qualifié.

Par défaut d’expérience, bon nombre de nos jeunes ne trouvent aujourd’hui pas d’emploi localement. Au lieu d’être jaloux des gens qui font le sacrifice de se déplacer de loin dotés, eux, d’une bonne expérience, pourquoi ne pas faire comme les 250.000 (soit tout de même 1/4 de la population de l’île) qui ont tenté leur chance en métropole et ailleurs (Angleterre, Canada, etc..). Ceux-là s’en sont sortis pour la plupart en acceptant de "sauter la mer".
Aujourd’hui, on est même aidé pour le faire par diverses institutions (ANT, CNARM etc...). Nos voisins mauriciens et malgaches n’ont pas cette chance
et seuls les plus riches peuvent tenter leur chance ailleurs. N’est-il pas plus cohérent de profiter de cette opportunité offerte plutôt que de rester "assise" sans ambition et sans espoir autre que le RMI à 25 ans alors qu’on sait pertinemment qu’on ne trouvera jamais un emploi fixe localement sans qualification ? À moins que l’on entre dans un schéma infernal : jalousie de ceux qui réussissent qu’ils soient d’ailleurs ou d’ici, récriminations contre
l’État qui "ne fait rien" ou les"centres de formation" sans débouchés, recherche d’emploi "aidés" qui ne vous donneront jamais un emploi durable.

Or c’est bien d’un emploi durable que le jeune voudrait se doter pour assurer ses ambitions et ses objectifs de vie. Mon expérience de 25 ans d’accompagnement à l’orientation et à l’emploi de jeunes Réunionnais m’a largement démontré que seuls ceux qui se formaient (ici ou ailleurs) et travaillaient au moins 2 ans ailleurs sur un emploi assez long avaient des chances d’intéresser les employeurs locaux. Ceux-ci n’ont pas vocation d’être des philanthropes ni des "mères Teresa", ils exigent très logiquement un minimum de compétences. On ne pourra jamais exiger d’eux
d’embaucher quelqu’un d’insuffisamment qualifié. Tout au plus pourrait-on exiger d’eux la "préférence régionale" mais seulement à compétence égale.

Alors, arrêtons de faire de la démagogie avec les "emplois aidés" qui constituent trop souvent une forme de clientélisme sans aucun espoir d’insertion surtout quand ils se terminent lors des échéances électorales suivantes. Arrêtons de parler de licenciement alors qu’on a juste été embauché en CDD et que l’on savait pertinemment que l’emploi ne durerait qu’un temps. Battons-nous plutôt pour réduire la précarité en exigeant du gouvernement de revenir à la situation d’avant 1986, où la loi ne permettait de prendre en CDD que dans 3 cas : "remplacement de congé maladie, de congé maternité ou surcroit exceptionnel d’activité" avec un sévère contrôle des employeurs par l’Inspection du Travail.

Un conseiller professionnel

Luttes pour l’emploi

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