Compassion et justice

7 février 2006

"Le Monde" a eu raison d’afficher en première page le témoignage du Père Dominique Wiel et laisser la parole à ce prêtre ouvrier qui a été l’un des “accusés innocentés” du procès d’Outreau.
Ce témoignage est un témoignage de compassion et d’apaisement et prend de la distance avec la mise en scène médiatique celles les mises à mort fussent-elles du juge Burgaud, en grand inquisiteur.
Il y a dans ce propos serein et retenu d’un homme et d’un prêtre qui a connu les ténèbres de l’incarcération abusive, un message de compassion et de charité, conforme au message de l’Evangile "Aimer ceux qui vous haïssent".
Cette attitude est et restera la plus significative et la plus symbolique de ce procès qui a tant remué de passions négatives.
Il est vrai que nous sommes tous tributaires de pulsions archaïques face à toute atteinte, toute violence exercée contre un enfant. Je partage sans doute moi-même la réaction viscérale de bien de mes concitoyens en pensant qu’il faudrait pour ceux là faire rétablir la peine de mort. Ces crimes méritent la peine capitale. Ils nécessiteraient même de rétablir cet "éclat de supplices" dont parle Michel Foucault : les bûchers , la roue et le reste...
Le sort qui est réservé à de tels crimes dans toutes les sociétés traditionnelles du monde ne s’embarrasse ni de procès, ni d’experts mais traite ces criminels comme le peuple souhaite qu’ils soient traités.
Face à de telles réactions émotionnelles élémentaires, le témoignage de cet accusé innocenté sur le juge qui l’a mis dans cette situation, nous rappelle et nous restitue, à un ordre plus élevé, notre part d’humanité : dépassons les passions. Partageons et transcendons la souffrance. Pensons autrement la peine et le pardon...

Jean-François Reverzy


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