Conscience - Liberté - Tolérance

17 octobre 2005

Encore Monsieur Baroin... pardon, Monsieur le ministre !
Les querelles sur le droit du sol ne sont pas terminées que Monsieur le ministre en remet une couche ? Après les déclarations de Monsieur le ministre de l’Outre-mer à Mayotte sur l’immigration clandestine, voici Mme Bardot au Ministère avec un sujet de princesse : Les chiens et leurs appâts.
Mme Bardot, M. Baroin, encore lui, montrent La Réunion du doigt ? Quel impact auront les propos du ministre et ceux de l’Association de défense des animaux de Mme Bardot ?
Comme certains lecteurs, je n’ai pas été surpris, récemment, d’entendre le président d’un parti politique à La Réunion s’excuser publiquement sur ce qu’il a lui-même considéré comme étant une maladresse de sa part...

Au-delà du sensationnel et sauf à vouloir ignorer que certaines personnalités acceptent de confondre dilapidation scandaleuse et utilisation de l’électorat du “Front national”, il est temps de cesser de mélanger les genres, de confondre la question de l’immigration et droit à l’incurie. Auparavant, je souhaiterais demander à Monsieur le ministre et à la présidente de la S.P.A. s’il vous plaît, la chose suivante :
En Métropole, chaque année, on déplore plus de 4.000 crimes et délits, peut-on pour cela déduire que tous les Métropolitains sont des meurtriers ? Des assassins ? Des criminels ? Des barbares ? Et pendant que l’on parle des chiens et des appâts, que se passe-t-il ? Est-ce bien sérieux Monsieur le ministre ?
Derrière votre gros argument sur l’immigration à Mayotte, argument peu digne d’un ministre à mon humble avis, oui, peu digne car vous possédez, Monsieur le ministre, contrairement à beaucoup d’autres, un niveau de pensée et de compétence au-dessus de la moyenne, et vous devriez, Monsieur le ministre, avoir un autre niveau de sincérité me semble-t-il non ? Plus loin, je souhaite vous interroger sur cette fameuse opération “Négros contre Comoriens”. Est-elle la confirmation officielle, cette fois que quelque chose est entrain de changer à La Réunion Monsieur le ministre ?

Par ces faits, veut-on faire comprendre aux uns qu’ils ne sont pas chez eux ici, sur cette terre réunionnaise ? Qu’ils soient Français de nationalité ne change-t-il rien pour vous Monsieur le ministre ? Non ? Pas vraiment ? Et bien, ouvrez les yeux Monsieur le ministre, durant votre visite. Vous pourriez apercevoir des affiches de l’Union centriste et libérale placardées sur le territoire de Saint-Denis, la ville principale qui vous accueille, avec une habile invitation à la haine, à l’intolérance. Face à cela, il serait intéressant de vous entendre... Probablement, allez-vous donner quelques instructions à Monsieur le préfet ?
Ou bien dire amicalement un mot à l’autre compagnon (le maire de Saint-Denis) ? Monsieur le ministre, quel souvenir vous reste-t-il de la période de 1942 à 1945, lorsque certaines populations sacrifiaient leurs enfants qui sont tombés au nom d’une certaine idée de la France ? Que reste-t-il de la devise de la République : Liberté, Égalité, Fraternité Monsieur le ministre ? Peut-on encore parler du pouvoir fondé sur le courage de la France, son habileté ou sa sagesse légitimés par ses valeurs républicaines telle que la laïcité dont nous venons de célébrer le centenaire ? Ou alors, Monsieur le ministre, devons-nous considérer que les structures et les mécanismes qui harmonisaient l’organisation sociale en France ne sont plus encadrés par des hommes ayant une conscience ?

Car Monsieur le ministre, parmi les éléments essentiels qui constituaient le fondement de la dignité humaine, la liberté, la laïcité et la conscience étaient les compartiments qui reconnaissaient à l’individu le droit à l’existence véritable ; ce que vous semblez contester aujourd’hui, ou remettre en cause.
Qu’en est-il Monsieur le ministre de la “chasse aux sorcières” sous prétexte de la lutte contre l’immigration clandestine ? De quel côté est l’État impartial ? Dans le “camp” des vendeurs d’illusions ou celui des “hommes” ? Des Droits de l’Homme pour résumer ma pensée. Enfin, Monsieur le ministre, il semble que vous avez l’intention de remettre en cause les “Droits de la défense” en matière de reconduite à la frontière. Ici, Monsieur le ministre, je limiterai mon propos à un simple survol de la question, en situant mon observation dans le cadre du droit, et très précisément du “recours administratif” : qu’en pensez-vous ? Ce que je retiens de votre intention, Monsieur le ministre , est particulièrement inquiétant, car je considère que la France reste un État de droit... non ? Or, l’analyse des principes qui caractérisent les arguments que vous avancez Monsieur le ministre, n’apporte aucun éclairage, ni aucune avancée sur la question que vous tenez tant à régler...

On peut souhaiter que la raison, dans ces conditions, l’emporte. Dans cette affaire, Monsieur le ministre, il serait intéressant de tenir compte des réalités humaines sensibles, à la fois individuelles, comme le respect de la dignité de chaque individu, la reconnaissance de sa personne et de sa conscience et, Monsieur le ministre, les réalités collectives, comme la valeur de la vie en société et l’importance qu’il y a à reconnaître l’égalité des hommes entre eux dans l’exercice de leur liberté.
À ce propos, ni les propos du sénateur-maire de Saint-André, ni ceux du président de l’U.C.L. à La Réunion, ont été de nature à valoriser la République et encore moins la semaine de la laïcité. Au contraire ! Ils ont montré en même temps, Monsieur le ministre, que les problèmes liés aux questions que vous soulevez mettent à mal, en pratique, les fondements de la République, et localement, le socle du peuplement de l’île. Cela devrait vous rappeler, Monsieur le ministre, qu’il y a des limites à ne pas dépasser dans certains cas me semble-t-il. Allez-vous, dans ces conditions, poursuivre dans cette voie, ou alors, rechercher à rassurer et à calmer les esprits ? Je souhaite pour ma part que la seconde voie soit retenue et vous amène à dépasser l’observation des situations particulières que vous combattez à juste titre, mais qui ne suffisent pas à justifier l’insoutenable.
Vous avez les moyens, Monsieur le ministre, de tracer la question de l’“immigration clandestine” en rapport avec les réalités des pays d’origine et non contre les immigrés. La Réunion et les Réunionnais comptent sur vous pour ne pas les livrer à une nomenclature des situations qui ne laissent aucune place à la liberté, à la laïcité et à la conscience. Pouvez-vous nous rassurer Monsieur le ministre ? Merci à vous, et très respectueusement,

Samuel Mouen


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