Contre les marchands d’illusions

22 mai 2006

La grande force des voyantes et des voyants, de toutes celles et de tous ceux qui prétendent voir l’avenir, c’est d’arriver subtilement, insensiblement à entrer dans la vie des gens, jusqu’à les mettre dans un état de dépendance tel qui leur fait perdre tout libre-arbitre. Vous dites que j’exagère ? Mais combien de personnes, dans notre île “terre de croyances” ou “terre de magies”, pour reprendre les titres de dossiers publiés dans la presse locale, se sont laissées avoir un jour ou l’autre. Surtout dans les moments difficiles de leur existence, au cours des épreuves qu’elles ont traversées, des échecs qu’elles ont subis, lors des deuils, des maladies, des séparations...
Si encore ces prétendus mages se contentaient de donner des conseils, d’apporter à leurs patients le réconfort dont ils auraient besoin... Mais la plupart du temps, ils se font payer pour ce qu’ils appellent eux-mêmes un « travail » qui, remarquez-le, dure longtemps trop souvent ou ne se termine jamais. Alors, c’est l’engrenage dans lequel tombent, par imprudence, les personnes fragiles ou fragilisées, celles qui sont en situation de précarité, celles qui sont noyées dans les dettes, les sans travail ou celles qui en cherchent un désespérément, les personnes malades, celles qui souffrent de solitude... Et pour les plus malchanceuses, c’est - je pèse mes mots - la descente aux enfers ! Vous me direz là encore que je grossis le trait ou que j’invente. Mais non ; les témoignages qui m’arrivent, de cas désespérés, sont trop criants, pour me laisser indifférent.

Georges Benne


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