Convention sur la diversité culturelle adoptée : un plus pour La Réunion ?

17 juin 2006

L’Assemblée nationale s’est prononcée jeudi dernier à l’unanimité en faveur de l’adhésion de la France à la convention sur "la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles". L’ensemble des groupes politiques de l’Assemblée nationale - UMP, UDF, PS et PCF - ont soutenu l’adhésion française à cette convention, adoptée par l’UNESCO lors de sa 33ème session le 20 octobre 2005 à Paris. "Ce texte constitue une avancée majeure, dans la mesure où il garantit le droit souverain des États à décider de leurs politiques culturelles" et "consacre la valeur spécifique des biens et des services culturels", a déclaré la ministre déléguée la Coopération, au Développement et à la Francophonie, Brigitte Girardin.
L’UNESCO a inscrit dans le droit international, la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles en adoptant la convention que la France et ses partenaires francophones appelaient.
C’est la place dominante de l’anglais qui a déterminé les prises de position. Michel Herbillon (UMP), François Loncle (PS), Pierre-Christophe Baguet (UDF) et Jean-Claude Lefort (PCF) se sont succédé à la tribune pour souligner la nécessité de défendre la diversité culturelle dans le monde. "Cette convention est une chance pour la diversité culturelle, une chance pour l’UNESCO. Le dialogue culturel est indispensable et la France doit continuer à jouer un rôle moteur", a plaidé le rapporteur Philippe Cochet (UMP). Certes, tout en plaçant leur vote unanime sous l’égide d’orientations voulues par l’UNESCO, les députés ont essentiellement et légitiment en tête la défense de la langue française face au rouleau compresseur anglo-saxon. Mais, ils ne peuvent s’arrêter en si bon chemin. Dans la logique qui est désormais la sienne, la représentation nationale ne peut que reconnaître la diversité culturelle à l’extérieur comme à l’intérieur des frontières de la République. C’est l’invitation implicite qui était faite par l’Appel de Nouméa, co-signée en novembre 1999 par Paul Vergés et Marie-Claude Tjibaou.
"Les cultures dites minoritaires, égales aux autres et toujours vivantes, ne doivent pas être oubliées. Leurs peuples proclament le droit de partager avec le monde une expression originale constitutive du patrimoine commun de l’humanité. Nous lançons donc un appel : pour la sauvegarde de la diversité culturelle et contre l’uniformité appauvrissante, pour la reconnaissance et l’expression des cultures dites minoritaires, pour que la mondialisation du marché n’étouffe pas la dimension universelle de toute culture humaine. La culture unique est la mort de toute culture. Oui à l’universel, non à l’uniformité", écrivaient en conclusion les deux auteurs.
Le 25 juin 1992, le Comité des ministres du Conseil de l’Europe a adopté une Charte des langues régionales ou minoritaires ouverte à la signature des États-membres. Par deux fois, dont la dernière en 1999, la France refusa de ratifier cette Charte, jugée, a deux reprises, incompatible avec la Constitution par le Conseil d’État. Le refus exprimé le 23 juin 1999 du chef de l’Etat de procéder à une révision constitutionnelle qui aurait permis la ratification, a rendu la Charte définitivement inapplicable. La Convention sur la diversité culturelle est d’une toute autre nature : elle dépasse le seul cadre de la langue. Pourra-t-elle offrir des possibilités de reconnaissance et de sauvegarde des cultures minoritaires françaises depuis le basque jusqu’au breton en passant par les apports antillais, guyanais, mélanésiens ou réunionnais ?

Jacques Mélade


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