Courrier des lecteurs du 9 avril 2004

9 avril 2004


Bravo aux électeurs

Les élections se terminent avec les résultats que l’on connaît, la claque est magistrale, seule l’Alliance a gagné et certains aspects méritent que l’on s’attarde quelque peu.
“On ne m’y reprendra plus”, a déclaré la tête d’une petite liste déjà présente en 1998. Gageons qu’il y ait encore des listes hors appareils en 2010 pour que respire la démocratie, pour un débat enrichi. Pour le folklore aussi, diront certains, et pour permettre l’expression de la mégalomanie de quelques citoyens, avec ou sans chapeau.
Le premier tour a sorti du lot deux partis politiques et une alliance de forces et de personnalités de progrès.
Combien a été choquant le comportement identique voire solidaire de Messieurs Vergoz et Bénard vis-à-vis des composantes de cette troisième liste. Ils n’ont eu de cesse de les nier, de les occulter, les mépriser et les insulter pour mieux personnaliser le débat en le centrant sur et contre Paul Vergès.
Les socialistes structurés hors la Fédération du PS et les autres composantes de l’Alliance doivent remercier le secrétaire fédéral du PS et la tête de liste de l’UMP pour leur attitude, qui a eu le don d’irriter à l’évidence l’électorat et d’éclairer l’opinion.
À voir Monsieur Vergoz s’écouter parler et se trouver beau, à le voir s’enfler tel la grenouille de la fable, éructer, postillonner, cannibaliser à ce point l’espace visuel et sonore, cracher son venin sur sa famille politique, se renier et se contredire, l’électeur moyen avait de quoi être inquiet.
Devant tant de démagogie et de cinéma, l’électorat aurait eu des raisons de désespérer de la politique si le personnage n’avait pas déjà sévi sur le même registre, n’avait pas déjà discrédité et fait du tort à la gauche réunionnaise.
Voir Monsieur Bénard se lancer sur le terrain de l’autonomie, du créole à l’école, de la faucille et du marteau, des thèmes non assumés, travestis, éculés, vieillis, démodés et sur des arguments auxquels ils ne semblait pas vraiment croire lui-même... ne constituait pas, il est vrai, un gage de sérieux.
À les entendre tous les deux snober, dénigrer voire agresser les pays de la zone par leurs propos sur la coopération régionale, on se serait cru revenu trente ans en arrière.
Les électeurs n’ont pas suivi Monsieur Vergoz sur le terrain de l’anathème et de la haine, tout comme ils n’ont pas suivi Monsieur Bénard sur celui de la peur et des fantasmes.
On ne saura par contre jamais à qui ont profité l’incendie de la permanence de Monsieur Hamilcaro à Saint-Louis et les pierres lancées sur la route à Saint-Paul, et c’est bien dommage...
Il est heureux malgré tout de constater que c’est sur le terrain de l’authenticité et de la sincérité que se sont gagnées globalement ces élections, démontrant ainsi - s’il en était besoin - la maturité enfin acquise du corps électoral réunionnais.
C’est également sur le terrain de la responsabilité, du respect et de la loyauté que se sont situés les électeurs qui ont rejeté la suffisance, la prétention, le mensonge, les coups-bas, les revirements et l’orgueil, érigés au rang d’aveuglement au service de la seule ambition.
Ce sont là des leçons à méditer pour les deux perdants de ces consultations, clones de circonstance, le temps d’une élection, et pour leurs complices parfois inattendus.
Revenez à présent sur terre Monsieur Vergoz, la campagne est terminée et vous restez à 6 élus régionaux comme avant !! Pas de quoi pavoiser... Une élue verte vous apporte votre septième siège...
Réveillez-vous pour voir enfin les socialistes élus sur la liste de l’Alliance, ce mouvement que vous continuez de qualifier si affectueusement de zambrokal, un plat que les Réunionnais ont une nouvelle fois apprécié à sa juste valeur... Cela mérite réflexion...
Ouvrez vos yeux Monsieur Vergoz et respectez ces socialistes élus du peuple, pas de la rose comme vous vous plaisez à le répéter mais du cœur, qui s’assument hors parisianisme freudien, qui n’ont pas cautionné vos méthodes, que vous avez jugés quantité électorale négligeable, qui ont contrairement à vous l’intelligence du contexte et avec lesquels vous devrez composer, que vous le vouliez ou non, dans l’avenir.
La leçon ne vaut pas un fromage mais obligera le politicien que vous êtes à avaler son chapeau, éventuellement le couvre-chef qui l’a rejoint au second tour.
Monsieur Bénard quant à lui regagne sa commune plutôt préservée après une mission impossible qu’il a assumée plus par devoir que par conviction. Il a récité la leçon apprise par cœur, il repart comme il était venu, ne réalisant pas vraiment ce qui vient de se passer... à La Réunion, dans les autres D.O.M et en France Métropolitaine.
Félicitations à Monsieur Vergès pour la leçon magistrale donnée en toute sérénité à la classe politique locale à l’aube sans doute de son dernier mandat et bon courage à tous les élus, anciens et nouveaux de ces dernières consultations, desquels la population attend à présent de la modestie, du sens, des actes et non plus des effets de manche.

Daniel Cadet,
Saint-Denis


Lettre ouverte au Préfet, à la Présidente du Conseil Général, au Président du Conseil Régional

Voici exactement un an, durant le mouvement du printemps 2003, particulièrement mémorable à La Réunion quant à son importance et quant à sa longévité, la protestation massive des personnels du système éducatif, mouvement sans équivalent dans l’Histoire de la Vème République, au-delà de la question de la réforme des retraites, concernait essentiellement notre refus déterminé du transfert des personnels TOS aux collectivités territoriales.
Le gouvernement qui avait, par souci d’apaisement, annoncé le report de cette mesure dans l’attente des conclusions du grand débat sur l’école, n’a pas tenu ses engagements.
Nous vous le rappelons, ni les citoyens, ni les personnels, par principe, ni pour une bonne part les collectivités territoriales, et parmi elles désormais de nombreux Départements et la quasi totalité des Régions françaises, ne souhaitent ce transfert, qui se traduira de fait par un accroissement de la fiscalité locale ou, à terme, par la privatisation inacceptable des missions éducatives assurées par ces personnels .
Aujourd’hui, en dépit du report “technique” de l’approbation de son texte à l’Assemblée nationale, en dépit surtout d’une déroute de grande ampleur à l’occasion de la dernière consultation électorale, et sachant que sa démarche entraînera inéluctablement la destruction de l’unité de la communauté éducative dans les établissements, et la négation du rôle éducatif de ces personnels, le gouvernement veut une nouvelle fois passer en force, et s’apprête à faire voter cette loi sur les responsabilités locales, rejetée, en particulier en son titre IV relatif à l’éducation et à la culture, par les citoyens et les personnels.
Ces derniers se mobilisent donc à nouveau pour s’opposer au transfert des personnels TOS aux collectivités territoriales, et pour dénoncer la surdité du gouvernement, surdité dont les conséquences touchent maintenant les élus qui le soutenaient, et qui n’ont pas non plus souhaité entendre en temps opportun la grande protestation des acteurs du service public d’enseignement (Éducation nationale et Enseignement Agricole Public).
Nous tenons à vous faire savoir que nous ne nous satisferons pas de l’inéluctable, et que nous ne renoncerons pas dans notre action.
À Saint-Denis de La Réunion, le 7 avril 2004

Pour l’UNATOS- FSU,
Christian Picard
Pour la FSU,
Dominique Herrbach, Catherine Vincent, Michel Zerwetz


Le vrai sens du carême

Sans vouloir entrer dans un vaste débat théologique qui nous mènerait trop loin, il n’est pas sans intérêt de rappeler ici, même en cette fin de carême, les paroles si fortes du prophète Isaïe sur "le jeûne qui plaît à Dieu", et qui semblent aujourd’hui complètement oubliées. Voici donc ce que nous pouvons retrouver dans le texte même de la Bible :
"Sur le jeûne que Dieu demande.
Mais que peut bien signifier ce jeûne
où tu courbes la tête comme un jonc,
où tu te roules, tu te vautres dans la poussière et dans la cendre ?
Le jeûne que je préfère, moi je vais te le dire :
briser toutes les chaînes,
libérer les opprimés,
bref, mettre en pièces tous les jougs !"
(Isaïe, 58).
Mais sans l’application contemporaine de ces paroles du prophète, ni le carême ni surtout la Pâque - passage de la servitude à la libération, de la mort à la vie - n’ont aucun sens.

Georges Benne,
Le Tampon


L’Église catholique et les vacances du Vendredi Saint

La célébration du Vendredi Saint - et surtout du Vendredi Saint après-midi -, est une vieille tradition pour une bonne part de la population réunionnaise. En ce qui concerne l’école, dans le passé, le Vendredi Saint était inclus dans les vacances de Pâques et cela n’avait jamais posé de problèmes à qui que ce soit. Lorsqu’on est entré dans le remaniement du calendrier scolaire, il y a eu quelques difficultés ces dernières années, tant pour le calendrier lui-même que pour la célébration du Vendredi Saint par les catholiques. Finalement, je constate que dans la présentation du calendrier 2002 - 2005, le Vendredi Saint a été inclus dans les vacances de Pâques.
Cela me paraît une décision judicieuse qui correspond à une pratique finalement bénéfique à tout le monde. Elle permet à tous ceux qui partagent la vie du monde scolaire de prendre leurs vacances de Pâques en y incluant soit des célébrations religieuses soit un voyage à l’extérieur.
Ce n’est pas le seul point où nous sommes en décalage par rapport à l’Hexagone. Nous avons déjà localement la célébration du 20 décembre, fête de l’abolition de l’esclavage, fête réunionnaise de la liberté qui n’est célébrée qu’à La Réunion.
Notre République laïque, surtout maintenant, avec son organisation décentralisée, n’interdit pas la prise en considération du vécu culturel - et donc aussi cultuel - des populations régionales quand elle ne met pas en cause le bien commun. Et, dans ce même esprit, l’unité de la Nation n’est pas l’uniformité.

Monseigneur Gilbert Aubry


À propos des négociations dans le B.T.P.

Le S.A.B.R. évoque son point de vue sur les négociations de ces jours-ci entre la FRBTP et les syndicats salariés.
Pour le S.A.B.R., le climat existant dans les discussions en cours risque d’être stérile face aux jeux de pouvoir et de pression organisés par la FRBTP en imposant une force hégémonique en lieu et place des petites entreprises réunionnaises.
Il est bien entendu que les avancées puissent être le résultat d’un travail collectif entre partenaires sociaux.
Encore une fois, pour le S.A.B.R., nous refusons toute mesure incantatoire qui conduirait obligatoirement à l’échec.

Franck Robert,
président du Syndicat des artisans du Bâtiment réunionnais
(S.A.B.R.)


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