Courriers des lecteurs du 1 avril 2004

1er avril 2004

Députés, ne votez pas le transfert des T.O.S. le 7 avril 2004 à l’Assemblée nationale

Mesdames, Messieurs les députés, le Syndicat FO des lycées et collèges s’adresse à vous : le projet de loi relatif aux responsabilités locales devrait être soumis au vote solennel de l’Assemblée Nationale le 7 avril prochain, après la suspension de la session parlementaire. Ce projet prévoit en particulier le transfert de 96.330 personnels TOS aux Départements et Régions.
Une nouvelle fois, nous voulons nous faire les porte-parole des collègues TOS, qui n’ont jamais demandé à être transférés mais qui veulent rester fonctionnaires d’Etat.
Nous sommes déjà intervenus auprès des parlementaires comme auprès de nombreux présidents de Conseils généraux et régionaux. Nous avons été reçus en audience à l’Élysée, par le Premier ministre, le ministre de l’Education nationale et celui de la Fonction publique.
Nous avons posé 20 questions précises, demandé que les personnels puissent rester fonctionnaires d’Etat en position normale d’activité, seule solution pour leur conserver les droits et garanties, que ce soit en matière de carrière, de postes, de promotion, de mutation, de congés et congés bonifiés ou de code des pensions civiles et militaires. Nous n’avons pas obtenu la moindre garantie.
Lors du débat sur l’article 67 de la loi, qui prévoit le transfert des personnels, il est clairement apparu que les personnels ne sont pas demandeurs, que la population elle-même ne l’est pas. Des députés se sont faits eux-mêmes l’écho d’une réelle inquiétude pour l’avenir du service public et du caractère national de l’éducation. Tout le monde craint un désengagement de l’Etat, une privatisation de certains services et l’augmentation de la fiscalité locale. Il est clair que la plus grande incertitude règne.
Le représentant du groupe parlementaire UMP, sans pouvoir donner d’assurance sur les garanties, a indiqué que les personnels ne seraient pas "livrés à eux-mêmes ".
Le représentant du groupe parlementaire socialiste a dit qu’il demandait la suppression de l’article 67.
Le représentant du groupe UDF a indiqué qu’il n’était pas demandeur du transfert et qu’il fallait que les personnels gardent leur statut.
Le représentant du groupe communiste et républicain a dit qu’il s’opposait aux transferts.
Lors du vote sur l’article 67 lui-même, le 3 mars, seuls 81 députés étaient présents, et seuls 59 se sont prononcés pour.
Vous le savez, la population de ce pays est attachée aux services publics et au caractère national de l’éducation. L’enjeu est considérable. Il s’agit de l’avenir de l’école, des enfants, des familles et de toutes les catégories de personnels. Il s’agit du principe d’égalité sur tout le territoire découlant du système républicain.
Nous vous demandons une nouvelle fois de ne pas voter le transfert, de ne pas voter la loi qui l’organise. Force Ouvrière, pour sa part, a décidé d’organiser une manifestation nationale le 1er avril. FO propose à l’ensemble des organisations syndicales de s’y associer.
Nous vous remercions de recevoir une délégation avant la reprise de la session parlementaire.
Courrier adressé à tous les parlementaires de la Réunion

Jean-Jacques Perrot,
Secrétaire Départemental du SN-FO-LC


Contre le retour des vieux démons

Comme tout le monde, je me suis demandé pourquoi chaque débat télévisé, programmé par RFO dans le cadre de la campagne des régionales, était précédé d’images des cyclones qui ont ravagé notre île. Fallait-il y voir un quelconque rapprochement entre deux phénomènes aux effets parfois dévastateurs ? L’Histoire de La Réunion est marquée par des catastrophes dont le souvenir reste gravé dans les mémoires : les unes dues à la nature, contre lesquelles nous ne pouvons rien ou pas grand chose, les autres hélas aux êtres humains.
Mais de graves incidents ont été provoqués à la veille du second tour dans deux communes du Sud : Saint-Louis - avec l’incendie de la permanence d’un candidat - et la Petite-île, avec le dérapage d’un convoi de voitures puissamment équipées de sonos diffusant à très haute puissance des attaques et des insultes à l’adresse du maire, et même fonçant sur un groupe de personnes qui revenaient d’une réunion électorale.
Ces graves incidents sont venus confirmer la résurgence de certaines pratiques que nous croyions révolues, alors qu’elles n’ont pas tout à fait disparu.
Car, si nos renseignements sont exacts, comment comprendre qu’un maire, responsable de par ses fonctions de l’ordre public, ait pu se prêter à de telles opérations ? D’autant qu’il bénéficiait jusque là d’un préjugé on ne peut plus favorable, ayant été élu à la faveur d’un grand courant citoyen et se réclamant d’une liste qui prône l’avènement d’"un avenir plus humain".

Georges Benne,
Le Tampon


Nous impliquer dans le champ politique

En ce moment de crise, une page de notre Histoire nationale est en train de se jouer pour le meilleur ou pour le pire face aux enjeux régionaux, nationaux et internationaux qui sont ceux des peuples aujourd’hui.
L’histoire récente a démontré - via les États-Unis et l’Espagne notamment - comment nous pouvions être manipulés par le biais d’une désinformation systématisée qui fait partie aujourd’hui du jeu politique.
Les mouvements terroristes, de plus en plus transnationaux et actifs, nous démontrent de façon tragique comment le manque d’organisation étatique de l’Islam, déstabilisé par les puissances occidentales ex ou néo-coloniales, a conduit le monde musulman à l’intolérable dérive islamiste.
Nous assistons ou participons à la multiplication injustifiée des plans sociaux qui servent uniquement les marchés, à la précarisation du travail érigée en dogme, à l’augmentation des mesures sécuritaires sans efficacité excepté celle de réduire nos droits et nos libertés pourtant chèrement acquis. Toutes ces mesures sont génératrices d’angoisse car inhumaines.
Nous avons besoin de stabilité dans le travail, d’épanouissement de notre vie privée, d’éducation, de santé, de justice, d’information et de liberté d’expression.
Nous devons retrouver la place qui nous revient dans la démocratie.
Pour cela, je ne vois pas d’autre solution que nous impliquer dans le champ politique qui recouvre au-delà des enjeux politiciens qui ne sont pas les nôtres, le sens véritable de la citoyenneté. Nous devons donc exiger de nos représentants constitutionnels, quelle que soit la mouvance à laquelle ils appartiennent, des prises de positions saines, éclairées et non partisanes.
Avec la décentralisation, nous sommes entrés dans "la France des Régions " comme l’a pertinemment appuyé Ségolène Royal. Nous avons un rôle majeur à y tenir. Notre appareil politique est en déroute : il a perdu son humanisme, il n’a plus d’éthique.
Ses décisions devront être celles que nous leur insufflerons. Pour cela, il nous faut une citoyenneté pleine avec une exigence forte d’information de la part des médias, de transparence et d’intégrité de la part de nos élus, sur leurs conduite et leurs engagements et pas seulement au cours des campagnes électorales. Ce sont les lignes politiques à conduire pour aborder cette phase décisive de la décentralisation dans le cadre de l’Europe qui sont nos priorités.
Il y a du pain sur la planche...

Ch. Smutek


Tout sauf une surprise !

Le choc brutal des élections régionales était prévisible pour la CFE-CGC en raison des résultats du baromètre de l’état d’esprit des cadres qui sera publié la semaine prochaine.
Les cadres, dans leur perception de l’action du gouvernement, sont 68% à le trouver maladroit, 39% à le trouver efficace et 28% à l’écoute.
Jean-Luc Cazettes, président de la CFE-CGC, a eu suffisamment l’occasion d’indiquer avant ces élections qu’il n’avait plus confiance dans l’action du ministère du Travail.
En ne tenant pas compte de nos signaux d’alarme et en s’obstinant à privilégier systématiquement les revendications du MEDEF, le gouvernement s’est mis de lui-même dans cette situation de vote sanction à un niveau tout à fait inhabituel.

La CFE-CGC


Quand vient l’ultime instant...

Louis Sinapayen Sinamalé repose depuis ce mercredi 31 mars au cimetière de La Possession. C’était sa volonté... Là, à une centaine de mètres de sa maison de la cité Jacques Duclos.
C’était un homme sans histoires particulières, si ce n’est les siennes, les petites histoires de sa vie, celles de tout homme né dans un bidonville et à qui la loi du 19 mars 1946 a apporté - c’était possible alors - une petite situation.
Lui, l’illettré, a permis à ses enfants d’accéder au savoir, grâce à une épouse soumise sans être résignée, volontaire pour avancer dans un siècle où il ne faut plus avoir peur de prendre l’avion.
Une heure à peine avant de fermer définitivement les yeux, il eut - d’un petit signe d’au revoir adressé à la compagne de sa vie - ce geste dont la beauté et la mystérieuse grandeur m’ont troublé et ému. Un geste qui efface bien tous les malentendus que nous apportent nos vies d’humains.
Une voix m’a dit un jour que “ma vie n’a d’intérêt et de sens que parce que je dois bientôt mourir”.
La vie de celui qui fut mon vieux voisin avait donc un sens, celui qui se révèle quand vient l’ultime instant.

Raymond Lauret


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