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10 mars 2012
Au temps de la ségrégation raciale aux USA ou de l’apartheid en Afrique du Sud, s’affichaient dans les rues les pancartes interdisant à une catégorie de la population de rentrer dans tel restaurant, de prendre tel bus, de fréquenter telle école, de s’asseoir sur tel banc public, etc. Ceux qui étaient ainsi visés étaient les « coloured men », les hommes de couleur. Fini ce temps-là !, direz-vous. Pas si sûr : l’expression a survécu et elle est employée dans sa traduction française en toute bonne… inconscience.
Et pourtant ! L’expression « hommes ou femmes de couleur » reste porteuse d’une histoire violente, celle de l’esclavage, de la colonisation et du racisme qui les accompagne. Dans “Respect mag” intitulé « 100% Noirs de France » (n°31, octobre, novembre, décembre 2011), Lilian Thuram, invité par la MCUR en octobre 2009, aborde ces questions de langage. Pour lui, l’expression « homme de couleur » est une « aberration » et il s’étonne qu’elle soit toujours utilisée en 2011.
Elle a été inventée pour séparer les humains, pour les discriminer et les hiérarchiser. « Les hommes et les femmes de couleur », ce sont toujours les autres, ceux qu’on ne reconnaît pas pleinement comme ses semblables. Car pourquoi ajouter au terme « homme » la notion de couleur sinon pour dire que cet autre n’est pas tout à fait humain ? L’être humain, son être, sa valeur se définissent-ils par le « critère » de la peau ? De plus, l’expression est stupide : celui qui parle ainsi est-il lui-même incolore ? Quel daltonisme anthropologique !
Cette expression est bien la traduction langagière de la « ligne de couleur » tracée à tous les nivaux de ces sociétés « prédatrices ». Dans ces contextes, ce qui est formellement interdit aux « gens de couleur » est de fait réservé exclusivement aux… comment dire ? « gens sans couleur ». Là est la fonction politique de cette expression, comme en témoignent le Sud raciste des USA, l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid et… la société réunionnaise sous l’esclavage et même après l’abolition de 1848. Les anciens évoquent encore ce « bal la kord » qui séparait la population en catégories maintenues à distance, même dans la fête.
A La Réunion, on devrait donc être particulièrement vigilant vis-à-vis de ces expressions. Or, pas du tout ! Au contraire, on assimile, on intègre ce vocabulaire raciste, on réunionnise cette « aberration », puisque certains évoquent « les Réunionnais de couleur ». Affirmation stupéfiante qui cohabite, sans souci de cohérence, avec la proclamation « nou tout nou lé mélanzé ». Une histoire à n’y voir que du bleu, au double sens français et créole !
Pour répondre à ces confusions dangereuses et, espérons-le, pour s’en débarrasser, jouons avec les couleurs en donnant la parole à Léopold Sedar Senghor (1906-2001).
Poème à mon frère blanc
Quand je suis né, j’étais noir,
Quand j’ai grandi, j’étais noir,
Quand je suis au soleil, je suis noir,
Quand je suis malade, je suis noir,
Quand je mourrai, je serai noir.
Tandis que toi, homme blanc,
Quand tu es né, tu étais rose,
Quand tu as grandi, tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
Quand tu as froid, tu es bleu,
Quand tu as peur, tu es vert,
Quand tu es malade, tu es jaune,
Quand tu mourras, tu seras gris.
Alors, de nous deux,
Qui est l’homme de couleur ?
Il nous en fait voir de toutes les couleurs, ce poète ! Sans doute pour nous aider à y voir plus clair.
Brigitte Croisier
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