Dans le courrier des lecteurs du 23 juin 2004

23 juin 2004


Affaires Fatol et Marouvin :
... circulez, il n’y a rien à voir !

Le 9 juin dernier, Marc Kichenapanaïdou et Max Rallon saisissaient M. le Ministre de l’Intérieur des affaires Jean-Luc Fatol et Patrick Marouvin. Voici la réponse de Michel Camux, chef de cabinet du ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Intérieure et des Libertés Locales, en date du 16 juin 2004 :


"Vous avez par télécopie en date du 9 juin dernier, appelé l’attention de Monsieur Dominique de Villepin, Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Intérieure et des Libertés Locales, sur le comportement qu’auraient adoptés, selon vous, certains fonctionnaires de la police nationale à l’occasion de l’interpellation de personnes d’origine Réunionnaise résidant en métropole.
Vous y faites notamment part des conditions dans lesquelles se serait déroulée l’interpellation de Monsieur Jean-Luc Fatol à Meulan, le 31 mai dernier.
Je tiens à vous informer qu’une enquête interne a immédiatement été prescrite afin que toute lumière soit faite sur cette affaire.
Les premiers éléments qui m’ont été communiqués font apparaître une version des faits sensiblement différente de celle exposée dans votre correspondance.
Il convient donc d’attendre les conclusions définitives de l’Inspection Générale de la police nationale, actuellement en charge de ce dossier.
Par ailleurs, en ce qui concerna l’affaire Patrick Marouvin-Viramalé, les informations recueillies permettent d’établir que l’intéressé a fait l’objet, dans la nuit du 9 au 10 mai dernier, d’une procédure judiciaire pour outrage et rébellion, diligentée sous le régime de la garde à vue par des fonctionnaires du commissariat central du 18ème arrondissement parisien.
Cette procédure a été menée, sous contrôle permanent du parquet de Paris, avec toute la rigueur indispensable au traitement de ce type d’affaire. Elle a été transmise au Procureur de la République qui n’a pas, à ce jour, relevé de manquement au respect des principes de droit et de déontologie fixés par le code de procédure pénale.
Toutefois, un dépôt de plainte avec constitution de partie civile de Monsieur Patrick Marouvin-Viramalé a conduit la réouverture de ce dossier pour lequel il incombe désormais à la seule Justice de se prononcer.
Tels sont les éléments dont je souhaitais vous informer.
Je vous prie d’agréer.........
Signé : Michel Camux, Chef du Cabinet du Ministre de l’Intérieur

Nos commentaires :

1. Concernant Jean-Luc Fatol :
Jean-Luc Fatol, atteint d’un cancer en phase terminale avec pronostic de vie d’environ six mois, intervenait le 31 mai sur la voie publique en faveur de son fils interpellé par des policiers. Ceux-ci l’ont frappé, arrêté et conduit au commissariat. Hospitalisé au cours de sa garde à vue, Jean-Luc Fatol est décédé le 19 juin.

2. Concernant Patrick Marouvin :
Ainsi, lorsqu’une personne est hospitalisée en cours de garde à vue en raison de coups portés par des policiers, coups ayant entraîné une ITT de deux mois et demi, il ne serait pas "relevé de manquement au respect des principes de droit et de déontologie fixés par le code de procédure pénale", dixit le chef de cabinet du Ministre de l’Intérieur.
Nous en prenons acte, en soulignant que Patrick Marouvin était au départ interpellé pour avoir traversé la chaussée hors du passage pour piétons. En outre, nous nous interrogeons : le code de procédure pénale autorise-t-il les forces de l’ordre à frapper une personne coupable de réaction incorrecte, même si cette réaction devait être qualifiée de délit d’outrage à agents de la force publique ? En l’occurrence, les coups des policiers sont la cause directe de l’hospitalisation de Patrick Marouvin en cours de garde à vue et d’une incapacité totale de travail qui se prolonge. Il est vraisemblable qu’il lui restera des séquelles.

3. En conclusion
En citoyens respectueux des Droits de l’Homme et des principes fondateurs de la République, nous estimons que les prérogatives octroyées par la loi à ceux qui ont pour mission de veiller à la sécurité publique leur font devoir de donner l’exemple du respect de la personne humaine et de l’application des lois. Des cas particuliers comme ceux que nous évoquons ici déshonorent le corps auquel appartiennent leurs auteurs. Leur ministre de tutelle ne peut l’ignorer. Nous espérons que la justice saura le rappeler.

Marc Kichenapanaïdou,
président de l’A.R.D.V.,
Dr Max Rallon, vice-président

Hommage à Jean-Luc Fatol samedi prochain
L’Association Réunionnaise de Défense des Victimes de discrimination raciale (A.R.D.V.) invite les personnes que les affaires Jean-Luc Fatol et Patrick Marouvin interpellent à participer le
samedi 26 juin 2004 à 10 heures
au cimetière de l’Est à Saint-Denis,
à la Croix Jubilé
à un dépôt de gerbe à la mémoire de Jean-Luc Fatol.

L’Association Réunionnaise de Défense des Victimes de discrimination raciale (A.R.D.V.)
RD 6 - N°112, Chemin d’Eau - “5 Heures” 97422 La Saline
Île de La Réunion
Président : Marc Kichenapanaïdou
(Tél : 02.62.24.87.12 - GSM : 06.92.60.24.60)
Vice-Président : Dr Max Rallon
(Tél : 02.62.24.43.92 - GSM : 06.92.72.28.39)
Secrétaire : Alex Maillot
(Tél : 02.62.32.39.65 - GSM : 06.92.87.78.66)


Enfin toute la vérité sur l’Inquisition

L’événement, semble-t-il, n’a pas fait grand bruit. Comment ! Le Vatican vient de publier, après des siècles et des siècles d’un assourdissant silence, le dossier trop longtemps attendu sur l’Inquisition sans susciter de la part
des médias une réaction bien plus vive ! Seul, dans toute la presse française,
le journal "Le Monde", à notre connaissance, en a fait, tout de suite après,
un compte-rendu circonstancié, sous la plume d’Henri Tincq. Serions-nous devenus à ce point insensibles et totalement coupés de l’Histoire ?
Voilà plus de huit cents ans en effet, si l’on remonte seulement au 13ème siècle, que les crimes ne se comptent plus de cette institution, dont le nom est devenu pour le pape Jean-Paul II lui-même : "le symbole du contre-témoignage évangélique et celui du scandale".
Il a donc fallu tout ce temps pour que l’Église romaine reconnaisse enfin publiquement la vérité et que l’opinion finisse par faire reculer, du moins sur ce point, la sinistre coalition des conservateurs receleurs, dissimulés dans l’entourage même du pape, et qui auraient voulu pouvoir prolonger indéfiniment le black-out, par lâcheté et par peur du scandale.
Et c’est l’honneur de ce vieux pape, accablé pourtant par la maladie, d’avoir convoqué en 1998 une centaine de théologiens et d’historiens afin de faire toute la lumière sur la question.
Malgré toutes les pressions exercées sur lui et en dépit de sa navrante obstination à vouloir faire encore la distinction entre la faute de certains “fils de l’Église” et la responsabilité collective de l’institution, les travaux ont débouché en ce 15 juin 2004 sur un épais volume de 783 pages rassemblant tous les actes du symposium.
L’Histoire pourra disposer désormais d’une mine de documents de première main qui permettront d’établir de manière irréfutable et avec plus de précision les faits sur une institution qui "obsède l’imagination" comme "archétype de la violence surgie du plus profond de la chrétienté" selon les termes du cardinal Roger Etchegaray.
Mais, comme pour l’esclavage, faute de s’attaquer sérieusement aux racines du mal, l’Inquisition risque de ressurgir sous une forme ou sous une autre, qu’elle s’appelle “Le Saint Office” ou même “La Congrégation pour la doctrine de la Foi”.
Aussi attention, il ne suffira pas cette fois d’une simple formule de repentance du pape pour effacer les traces qu’a laissées dans l’Église romaine son identification avec l’organisme le plus criminel qui fût jamais : “la Sainte Inquisition de la Foi”. L’Église, de fait, fut très peu militante auprès de ce qu’elle a été, torturante.
Il faut donc plus qu’une repentance, la re-naissance, un nouveau départ à zéro, selon les paroles mêmes de Jésus à Nicodème : "En vérité, nul, à moins de naître à nouveau, ne peut voir le Royaume des Cieux", c’est-à-dire la nouveauté radicale qu’est Dieu.

Georges Benne
et Jean Cardonnel


L’école et la laïcité

Dans la circonscription du Port, les élèves des classes de CP ont reçu, en début d’année, la visite d’intervenants extérieurs pour les éveiller au chant choral. Très bonne initiative. Les équipes éducatives avaient, pour leur part, le soin de faire “répéter” les enfants ces chants. D’ailleurs très originaux et pas si faciles que cela à chanter.
Mais là où je ne suis plus d’accord, en tant que mère, en tant que citoyenne, c’est dans le choix du lieu fait par les initiateurs du projet : une église. Celle de Sainte-Thérèse, à La Possession.
Il y a quelques mois, le débat sur la laïcité avait fait grand bruit. Pour “garantir” la laïcité de l’école, le gouvernement avait cru bon de bannir le port de tout signe religieux.
Dès lors, pourquoi choisir une église comme lieu de spectacle, de concert ? N’est-ce pas là une dérive inacceptable ? Et ce n’est pas la première année que cette église est choisie comme lieu de représentation. Cela remonte au moins à quatre ans.
Cela pose un certain nombre de problèmes : pourquoi choisir un lieu de culte comme scène de spectacle ? pourquoi une église ? derrière ce choix, n’y aurait-il pas une arrière pensée : celle de relier, de façon indirecte, fallacieuse, et condamnable, l’église et l’école ? n’est-ce pas la porte ouverte à une idée qui ferait que l’église est un lieu d’accueil plus “tolérant” que d’autres lieux de cultes ? n’y a-t-il pas, au Port, d’autres lieux ?
Pourquoi ne pas avoir choisi le Centre de l’Image ? ou la Halle des Manifestations ? ou le complexe sportif COTUR ? ou le très récent Kabardock ? Lorsque j’ai posé la question à des enseignants, ils m’ont répondu que c’était, d’après ce qu’ils en savaient.... pour une question d’acoustique. Des enseignants qui d’ailleurs n’étaient pas dupes de cette pâle explication. Chacun sait bien que des concerts ont été organisés dans ces lieux. Des enseignants qui étaient très mal à l’aise, d’ailleurs : d’un côté, ravis de faire travailler des enfants sur le chant choral, mais très gêné que le spectacle soit donné dans une église ; y compris les enseignants catholiques.
À qui incombe donc la responsabilité de ce choix ? Qui, en outre, oblige les responsables d’écoles de mettre en place des dispositifs pour transporter enfants et parents à La Possession.
Selon les enseignants, des parents d’élèves, la question du choix du lieu a été soulevée depuis plusieurs années. En vain.

D. S.,
Le Port


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