Débat… des balivernes !

18 novembre 2003

On nous l’a annoncé : le débat sera général. On va poser les vrais questions, on aura le courage des réponses, on va même établir un diagnostic partagé. « Nous savons qu’il faudra redéfinir le ou les métiers de l’éducation, de manière à favoriser la réussite et les résultats de l’École et, par-là, à faire face efficacement aux transformations économiques, technologiques, sociales et culturelles qui affectent la société » (Claude Thélot, le 15 septembre 2003). Ainsi, le président de la commission organisatrice du débat nous avertit que celui-ci ne pourra porter que sur la mise en conformité du système éducatif avec les canons de la mondialisation libérale. Le débat est bridé, nous ne serons pas complices !
Pour preuve, la composition de la fameuse commission Thélot est révélatrice de l’orientation libérale de la politique éducative en œuvre. La présence de la FCPE et la PEEP va de soi. Mais ni une association de parents d’élèves de l’enseignement privé (UNAPEL), ni une directrice diocésaine de l’enseignement catholique n’ont à entrer dans ce débat. Non, l’enseignement privé (même sous contrat) ne fait pas partie du service public d’éducation, même si, insidieusement, Luc Ferry veut faire entrer cette idée dans nos têtes. Non, les PDG ou DRH de multinationales (Dassault, Lafarge) ne sont pas des usagers de l’Éducation nationale ! À moins que leurs salariés ne soient une marchandise ? Il est d’ailleurs significatif que des représentants de salariés soient absents de cette commission, alors que leurs patrons sont là. Et que l’on ne compte pas sur les faiseurs d’opinion (Julliard, Finkielkraut, Slama et autres) pour poser les questions qui fâchent, eux qui se déchaînent régulièrement contre le mouvement social et les luttes altermondialistes. Enfin, comment les personnels de l’Éducation nationale, seuls membres dont l’appartenance syndicale n’est pas mentionnée, ont-ils été choisis ? Quelle légitimité ont-ils pour représenter toute la communauté éducative. Y aurait-il une expédition punitive contre les syndicats ?
SUD Éducation n’est pas dupe de cette mise en scène destinée à anesthésier le mouvement social et à légitimer une politique éducative libérale déjà engagée. Après nous avoir tendu la matraque, le gouvernement nous tendrait la main ? Allons donc ! La nouvelle loi d’orientation, qui devrait être issue de ce débat, est déjà écrite. Il s’agit de « recentrer le système scolaire sur ses missions : la prévention de l’illettrisme, le rétablissement de l’autorité des maîtres et de la culture scolaire, la réorganisation en profondeur d’un collège prétendument unique qui a bien besoin de s’ouvrir davantage à la voie professionnelle et à la découverte des métiers » (Luc Ferry, "Le Monde", 15 octobre 2003). La révolution réactionnaire est en marche, et on va enfin payer mai 68 ! Pas question de remettre en cause les réformes successives de l’Éducation nationale ("Lycées des métiers" et LMD/ECTS sous Jospin, décentralisation sous Raffarin), visant à transformer le service public d’éducation en centre de formation au service exclusif du MEDEF. Le combat contre ces réformes est l’affaire de tous, usagers et salariés de l’Éducation nationale, car au-delà d’un choix pour un système scolaire, nous sommes face à un choix de société.
SUD Éducation Réunion ne participera pas au débat institutionnel truqué et sans enjeu, et invite à dénoncer cette mascarade par des actions de protestation (assemblées générales, débats alternatifs, manifestations) pour lever le rideau de fumée que représente ce grand débat.

Joël Grouffaud,
pour SUD Éducation Réunion


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