Des historiens révisionnistes

9 janvier 2010

Depuis quelques semaines, des professeurs d’histoire du second degré (qui n’ont pas le titre de chercheurs) essaient, par leur pensée et à travers les médias, de remettre en cause, plus ou moins profondément, des faits considérés comme historiques qui ont construit La Réunion. Ces discours bien formulés, que tiennent ces “historiens” non spécialistes ou n’exerçant plus, visent à contester la réalité de crimes contre l’humanité, s’agissant ici tout particulièrement de la négation de la réalité de l’esclavage et de la prédominance de la violence durant cette période.

Ces démarches de falsification historique ne sont en tout cas pas des mythes en voulant démontrer les aspects positifs du système esclavagiste. Ces informations nouvelles qu’ils mettent sur la place publique, en proposant une nouvelle interprétation de notre histoire, ne proviennent pas des Archives Départementales de La Réunion mais ils les ont sûrement réexaminées à travers des sources partiales et malhonnêtes issues des vestiges de l’oligarchie de l’époque esclavagiste et coloniale. Ces archives, qui demeurent sûrement dans les grandes bâtisses saint-pauloises, ont été gardées par cette très grosse bourgeoisie déchue, ce qui leur a permis de sélectionner ces informations. Mais ces anciens propriétaires ont aussi dissimulé, détourné ou détruit des informations corroborant l’existence de crimes qui ont été indubitablement établis.

Est-on en train d’assister à une forme de révisionnisme qui corrigerait les erreurs historiques passées ? Où sont les preuves scientifiques et quelles ont été les méthodologies utilisées pour collecter ces données ?
En minimisant les faits historiques relatifs à l’esclavage à La Réunion, la démarche se place au même rang que la contestation de certains éléments des crimes commis par les Nazis. Il vous suffit juste de remplacer Esclave par Juif et Marronage par Résistance.

C’est ainsi tout le travail de la communauté scientifique internationale qui est discrédité et décrédibilisé, car derrière ces propos se cachent des idéologies politiques et des problèmes de personnes opposées au projet de la MCUR.
L’expression publique de ces propos sera bientôt sanctionnée comme délit, selon le projet de résolution qui sera sûrement adopté par une commission de l’Assemblée Générale des Nations Unies pour 2011. C’est ici une réitération d’attaques à la dignité des descendants d’esclaves et des Réunionnais liés à ce groupe. Leur mémoire de cette période fait partie de la mémoire commune de notre peuple, qui risque d’être atteinte par ce “toilettage” de la réalité historique esclavagiste réunionnaise. C’est vraiment une insulte faîte aux descendants d’esclaves, une entreprise insoutenable contre leur dignité humaine.

La problématique ne relève pas d’une opposition entre Blanc et Noir, mais de la recherche d’une identité de fond, qui permette à la société réunionnaise d’avancer, en acceptant toute son histoire esclavagiste et coloniale. Gardons-nous des tentations de révisionnisme historique ou de banalisation (voir l’intervention récente du chanteur Gérard de Palmas) ; des interventions qui remettent en cause la tendance majoritaire de la connaissance historique autour du devoir de mémoire du 20 décembre.

Par ailleurs, même si on peut regretter une forme de folklorisation de la Fèt Kaf, il reste fondamental de rappeler l’importance de cette journée de mémoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions.

Gran Kok

Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise

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