Des relents d’une espèce de largage social qui ne dit pas son nom

28 août 2003

M. Jean-Pierre Raffarin vient, semble-t-il, de lever le pied sur le problème des T.O.S. en annonçant, mardi après-midi à Matignon, que leur transfert aux collectivités locales n’aurait pas lieu avant le débat national sur l’Éducation.
Celui qui avait clamé que « ce n’est pas la rue qui gouverne » s’est souvenu sans doute que Georges Pompidou disait à l’époque : « le Gouvernement ne peut dépendre pour sa vie et son autorité que du peuple ».
Je suis pour ma part davantage proche de ceux qui attendent pour voir sans trop y croire, tant nous avons été déçus de la manière expéditive avec laquelle le Gouvernement a géré nos attentes d’une loi de décentralisation porteuse d’espoir de progrès.
De plus en plus de consciences, comme les membres de la Commission Diocésaine Justice et Paix, deviennent aujourd’hui des voix qui disent et des plumes qui écrivent que l’on a donné « une place prépondérante à la rentabilisation économique au détriment de l’humain » ; qu’« il manque une vision d’ensemble et un projet global faisant apparaître non seulement la nécessité des réformes mais l’articulation des réformes entre elles pour ouvrir le débat sur un projet de société et mobiliser les acteurs sociaux et économiques » ; et que, pour ce qui est de La Réunion, « la situation sociale et économique est telle que nous devons prendre conscience que collectivement nous allons droit dans le mur ».

Ce projet de loi de décentralisation - nous sommes nombreux à le dire et plus encore à le penser - n’est pas un bon projet. Il ne rassure personne, car il est loin - très loin - de nous garantir que demain ce ne sera pas la jungle et la loi des plus forts.
Il n’intègre pas l’évidence, il ne prévoit pas ce qui est pourtant prévisible, il ne s’inscrit pas dans la lignée des grandes mesures sociales qui ont permis à notre île et à sa population d’avancer. Il a des relents d’une espèce de largage social qui ne dit pas son nom.
En un mot, c’est un projet de "Parisiens" qui connaissent manifestement très mal notre pays.
Dans notre pays, les gens n’ont pas le sentiment de commettre un pléonasme quand ils disent qu’« il faut avancer en avant pour pas reculer en arrière ».
Demandons tous au Gouvernement de revoir ce projet de loi, de le passer au crible d’une réflexion réunionnaise qui aboutira à des propositions réunionnaises.
Il nous appartiendra alors de ne pas chercher la lune et de simplement offrir nos potentialités de frontière active de l’Europe et de la France dans l’Océan qui nous entoure dans cette région sensible de la planète.

Raymond Lauret,
Le Port


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