“Dites-moi où, dans quel pays...?”

7 janvier 2006

SI l’on vous dit que dans ce pays "80% des ouvriers du secteur privé sont exploités et que leurs droits sont bafoués" ; que "80% des ouvriers salariés dans les 2 millions d’entreprises privées ne disposent pas de contrat de travail et sont ainsi à la merci de leurs employeurs, principalement dans le bâtiment, le textile, la restauration" et que "l’absence de contrat permet notamment aux employeurs d’échapper à leurs responsabilités en cas d’accident de travail ou de licenciement"...
Si l’on vous dit que "les travailleurs migrants venus de la campagne, soit plus de 100 millions de personnes, sont les plus vulnérables et sont victimes de retards considérables dans le paiement de leurs salaires" ; que l’administration chargée de veiller à l’application de la loi est si corrompue qu’elle est dans l’incapacité de faire son travail, "les autorités locales ayant généralement partie liée avec les patrons de leur région"...
Si l’on vous dit que dans ce pays "les syndicats sont interdits", sauf un seul "légal", devenu de fait "une courroie de transmission du parti" et qui n’assure qu’ "une fonction d’encadrement et non de défense des travailleurs"...
Alors, connaissant la situation dramatique de millions et de millions d’hommes, de femmes et d’enfants de par le monde, surtout dans ce que l’on a toujours coutume d’appeler le "tiers monde" ou le "quart monde", vous n’aurez aucun mal à situer ce pays.
Eh bien non, vous vous trompez. Ce qui est dénoncé ici, avec force, sur les "conditions de travail des salariés du secteur privé", figure en toutes lettres dans un rapport on ne peut plus officiel, puisqu’il est celui présenté par le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire de Chine, ce jeudi 28 décembre 2005, et qui appelle tout simplement le gouvernement "à faire respecter la loi".
Quel sens peut revêtir dans de telles conditions la formule si célèbre et si juste, inventée paraît-il en 1828 par les partisans de Saint-Simon : "l’exploitation de l’Homme par l’Homme" - et qui est devenue comme l’autre : "aimez-vous les uns les autres", une vieille rengaine ? Comme on est loin aussi, dans la Chine d’aujourd’hui, du communisme dont le principe fondamental est la libération de l’Homme de toute exploitation, et qui avait poussé Mao dans sa longue marche !

Georges Benne


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Témoignages - 80e année


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