Dodoèsque

2 août 2006

À Sainte-Marie, voir un rond-point dodoèsque, près de Jumbo, est grotesque.
Le Dodo de Maurice n’a jamais existé à La Réunion. Qu’il ait été appelé par les zoologistes Raphus cucullatus ou Didus ineptus, peu importe, c’est un Dronte, et c’est une honte de s’accaparer d’un oiseau fossile qui n’appartient pas à la faune primitive de notre île.
Aucun écrit historique, aucune fouille archéologique ne viennent conforter cette existence passée. Qu’une marque de bière en ait fait son effigie ne doit pas nous inciter à perpétuer cette erreur patrimoniale.
Des fouilles ostéologiques nous ont permis de découvrir un Ibis. Cet oiseau, jadis fouilleur de vase, a lui aussi changé plusieurs fois de patronyme comme on changerait de chemise : Treskiornis solitarius, Borbonicus latipes, Borbonibis latipes, Raphus solitarius.
Pour une espèce éteinte, voilà beaucoup trop de controverses taxinomiques. Cet Ibis endémique réunionnais, il serait temps de le faire sortir de son éclipse, des coulisses de notre histoire, pourtant pourvue de d’écritures nourricières. Même s’il n’a pas encore l’aura du Dodo mauricien, il faut déraciner ce dernier de nos esprits réunionnais. La culture pays ne doit pas être alimentée de contrevérités, de légendes aux rêves imaginés.

Dr Roger Lavergne


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