Du statut… dans la décentralisation…

5 septembre 2003

Françoise Vergès avait la difficile tâche, en ouverture ce mercredi 3 septembre de la seconde journée du colloque consacré à la décentralisation ("Histoire, bilan, évolution"), de s’attaquer au mythe du statut autour duquel, en permanence, les fantasmes les plus discutables ont été nourris sans que, en fin de compte, cela n’arrête une évolution qui, partie de la colonie, aboutit aujourd’hui au rang de Région ultrapériphérique et de frontière active de l’Europe dans l’océan Indien.
Elle s’y attaqua avec l’application du Maître de conférence et de recherches qu’elle est à l’Université de Londres, offrant au passage à l’assemblée le loisir de réfléchir à une donnée de l’Histoire de notre République française, berceau des droits de l’Homme, théoricienne et génitrice de règles remarquées de la vie sociale et démocratique en même temps qu’elle bâtissait un empire colonial à ce point controversé qu’il réunit aujourd’hui Bernard Debré et Jacques Vergès dans une même plaidoirie pour une autre vision de l’Afrique [1].

Ce statut évoluera donc, malgré les conservatismes récurrents qui se sont constamment enlisés dans la peur du largage. Les lois de décentralisation vécues aujourd’hui vont, dans bien des domaines, bien plus loin que ce que pouvait prévoir l’autonomie.
Et puis, abandonnant ses notes et l’allure du professeur, Françoise Vergès se fit malicieuse et, rappelant que Jean-François Sam-Long avait un jour consacré un ouvrage sur l’identité de nature qui pose le Réunionnais en français par le sang plutôt que par le sol, lança franchement la question vraie : faut-il que nous continuions encore à craindre que la France nous largue au lieu d’affirmer que notre Histoire multi-ethnique, qui se révèle dans une unité de peuple, préfigure ce que seront immanquablement la France et l’Europe demain ?
Ferdinand Melin-Soucramanien, président de séance et professeur de Droit public, ne put s’empêcher d’acquiescer. Non, nous ne devons pas abandonner la France et l’Europe ! Cela ne se fait pas.
L’après-midi, Évelyne Combeau-Mari, historienne du sport réunionnais, intervenait sur "Les politiques sportives régionales à La Réunion : 1983-2003". L’occasion pour elle de montrer comment, de Pierre Lagourgue dès 1987 à Paul Vergès en passant par Camille et Margie Sudre, la Région Réunion a inscrit notre île dans une démarche qui la sortait de tout isolement et lui a permis de porter sa part - et de la revendiquer ! - dans la réussite du sport français. Et dans ce domaine, l’aventure ne fait, semble-t-il, que commercer tant, d’une île au monde, la voie est immense.


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